Dès 1859, Adolphe Meyer avait souligné la nécessité de ce nouveau passage : « Un gigantesque escalier, coupé de repos, bordé de belles lignes architecturales, eût conduit avec magnificence aux terrains supérieurs, au plateau de l’embarcadère ». C’est seulement en 1911 que la municipalité lança un concours pour la réalisation d’un tel escalier qui par ses décorations devait former un décor monumental terminant la perspective du boulevard d’Athènes. Le jugement du concours se fit le 3 juillet 1911 et le candidat retenu fut l’architecte Eugène Sénès assisté de Léon Arnel. Le projet fut retardé par diverses questions techniques et financières mais surtout par le déclenchement de la première guerre mondiale.
En 1919 le projet fut repris pour que les travaux soient terminés pour la seconde exposition coloniale, en 1922.
Les bâtiments du Petit Séminaire qui séparaient la gare du boulevard d’Athènes et qui avaient été achetés par l’État en 1903 pour y installer le collège Belsunce transféré ensuite dans celui du collège Saint Ignace, étaient inoccupés. Les travaux de démolition commencèrent le 5 décembre 1921. Au pied de la colline, à l’extrémité du boulevard d’Athènes, se trouvait une statue dite de la « Vierge dorée » élevée en l’honneur de l’Immaculée Conception et inaugurée le 8 décembre 1857. Cet édifice fut transféré fin 1922 à son emplacement actuel au carrefour formé par le boulevard Voltaire, la rue Pierre-Semard et le boulevard de la Liberté. La première pierre de l’escalier fut posée par le maire Siméon Flaissières le 17 juillet 1923. Une première inauguration eut lieu le 22 décembre 1925 pour l’ouverture de l’escalier au public, mais les travaux de sculpture n’étaient pas terminés. Après l’achèvement définitif des travaux de décoration, une seconde inauguration en grande pompe eut lieu le 24 avril 1927 en présence du Président de la République Gaston Doumergue, aux côtés de Siméon Flaissières, Sénateur Maire, de André Tardieu, Ministre des travaux publics et du préfet Delfini.
Au cours de cette même journée fut également inauguré le Monument aux morts d’Orient. Le lendemain fut inauguré le tunnel du Rove.
Les groupes d’Ary Bitter
Au niveau du quai sont placées de chaque côté de l’escalier, deux groupes représentant chacun un enfant accompagnant un lion, œuvres du sculpteur animalier Ary Bitter, intitulés Le Soleil et la Mer pour celui de gauche, et Le Monde est A l’Énergie pour celui de droite.
Les pylônes, groupes d’Auguste Carli
Après trois petits paliers, on arrive sur un grand palier intermédiaire encadré par deux pylônes. La partie sud de ces piliers a été sculptée par Auguste Carli et représente une allégorie féminine reposant sur un socle. Celui-ci, identique pour chacun des piliers, représente la proue d’un navire d’où émergent trois rames de chaque côté de l’étrave ornée d’une tête de bélier. Deux dauphins émergent de l’eau au bord du navire.
À gauche, l’allégorie féminine de La Porte de l’Orient est vêtue d’une longue toge, jambes croisées, assise sur un siège dont les montants sont décorés de griffons. Le bras droit tient un trident. À droite, l’allégorie de Marseille colonie grecque est vêtue d’une chlamyde. Elle est assise sur un siège antique et tient dans sa main droite une statue de la déesse Diane.
Sur chacune des autres faces des pylônes, les armoiries d’une ville ont été sculptées par Henri Martin. On trouve sur le pilier gauche les armoiries de Nice (est), Marseille (nord) et Aix-en-Provence (ouest), et sur le pilier droit celles de Lyon (est), Marseille (nord) et Paris (ouest). Au sommet de chaque pylône se trouve une lanterne.
Les groupes d’Henri Raybaud
Au niveau des trois derniers paliers se trouvent sur les rambardes six petits groupes en bronze sculptés par Henri Raybaud et fondus par François Rudier, représentant les produits de la région Provence. On trouve successivement sur la rambarde gauche : La Moisson, Les Fruits et La Pêche, et sur celle de droite : Les Vendanges, Les Fleurs et La Chasse.
Les groupes de Louis Botinelly
De part et d’autre du dernier palier se trouvent deux groupes en pierre de Louis Botinelly qui se font face et représentent Les Colonies d’Afrique pour celui placé à l’ouest et Les Colonies d’Asie pour celui situé à l’est. Les colonies sont représentées sous les traits de deux femmes qui se font face, allongées sur une banquette, deux enfants accompagnant chacune d’elles.
Les Colonies d’Asie : les traits de la femme rappellent ceux d’une princesse Khmer, avec à ses pieds une fillette coiffée d’un chignon et un jeune garçon. À sa gauche se trouve un lion qui rappelle également l’art khmer. Cette représentation s’inscrit dans la lignée de l’exposition coloniale de 1922, tenue au parc Chanot à Marseille, où se trouvait un pavillon de l’Indochine et où s’étaient produites des danseuses cambodgiennes.
Les Colonies d’Afrique : la femme adossée à une banquette avec un crâne de buffle avec des cornes en spirales, est représentée avec une coiffure tressée. À sa droite se trouve une guenon avec son petit. À ses pieds deux enfants présentent l’un un masque africain, l’autre une défense d’éléphant.