Bidonville kabyle de Lorette, 1950-1995, le dernier de Marseille ?

Cité Lorette, 13016 Marseille
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Bidonville kabyle de Lorette, 1950-1995, le dernier de Marseille ?
Arrondissement : 16ème
Selon le site letempsdessirenes, le bassin de Séon a compté de nombreux bidonvilles. Le quartier de St-André en possédait au moins trois : celui de la Lorette le sujet de cette fiche, où vivaient des années 50 jusqu’à sa fin en 1995, 158 familles et une dizaine de célibataires, celui de Grand Camp et celui de Ruisseau Mirabeau, où vivaient encore en 2013 une soixantaine de famille de Manouches qui s’étaient installés là parce qu’il y avait autrefois des usines qui traitaient le métal et que ces familles vivaient de la récupération des métaux.

La plupart de ces bidonvilles étaient situés sur des terrains appartenant aux tuileries. Ces terrains ont été prêtés par la Société Générale de Tuilerie de Marseille aux ouvriers immigrés qui travaillaient dans ses usines, ainsi elle n’avait pas à construire de nouvelles cités ouvrières. Les tuiliers possédaient plus de la moitié du territoire du Bassin de Séon et leurs terrains ne leur servaient plus, étant donné que la plupart des tuileries anciennes avaient fermées, au profit de trois usines ultramodernes construites à St-André. A la Lorette il y avait l’eau courante dans les logements ainsi que l’électricité ; par contre, il n’y avait pas l’eau chaude. On se chauffait au bois, qui était récupéré dans la colline, en particulier par les enfants. Les maisons étaient très mal isolées et l’hiver il faisait froid.

Pour prendre la douche, il fallait aller dehors, dans un abri spécialement aménagé où l’on pouvait faire du feu, mais comme les murs étaient plein de trous pour laisser la vapeur et la fumée s’échapper. Dans d’autres maisons, les gens se lavaient dans la cuisine, dans des grandes bassines et, à ce moment là, tous les autres habitants devaient attendre dans une autre pièce ou dehors. Dans tous les bidonvilles du Bassin de Séon, il y avait un coin à part : celui des célibataires. C’était des travailleurs qui avaient laissé leur famille au pays ou qui n’étaient pas encore mariés. On ne leur permettait pas de vivre au milieu des familles.

À la Lorette, les baraques des célibataires étaient moins bien construites que celle des autres habitants : elles étaient surtout faites de planches et de tôles. Ils n’avaient pas l’eau courante et devaient la chercher à la fontaine. En général, un célibataire restait seulement six mois sur douze en France et laissait alors la place à un autre célibataire pendant son absence. Du coup, il ne cherchait pas à améliorer son confort.

À la Lorette, les célibataires n’étaient pas intégrés à la vie sociale du bidonville : ils n’étaient pas invités aux fêtes, comme les mariages, l’Aïd ou les baptêmes. Peut-être que les pères de famille se méfiaient d’eux. À Lorette, il y avait plusieurs types de commerces : un des habitants vendait ses poules et ses lapins et tenait une petite alimentation ; plusieurs marchands venaient de l’extérieur vendre de la viande, des ustensiles ménagers et même des vêtements ; l’un deux venait en triporteur. Il y avait aussi un marchand de glace qui venait de St-André en fourgonnette et puis les femmes du camp de gitans de la Bricarde venaient vendre des coupons de tissu aux femmes de Lorette, ce qui créa des liens entre elles. Enfin, un des habitants avait pris le rôle de chirurgien pour toutes les circoncisions ; un autre coupait les cheveux.

Les bidonvilles du Bassin de Séon ont été détruits entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. À la Lorette, le terrain a été vendu par les tuileries pour construire le plus grand centre commercial d’Europe : « Continent ». On a dit aux habitants du bidonville de partir, tout simplement. Mais ceux-ci ont découvert, un peu par hasard, que s’ils pouvaient prouver qu’ils avaient habité au moins trente ans à la Lorette, même si le terrain ne leur appartenait pas, ils pouvaient réclamer la propriété de leur maison. Ils se sont donc organisés pour défendre leurs droits. C’est là qu’est née l’Association des habitants de la Lorette. Cela ne leur a pas permis de rester, car la création du supermarché était jugée prioritaire par la Ville de Marseille.

Cependant, cela leur a permis d’obtenir de l’argent en échange de leur départ. Quelques-uns n’ont pas voulu de cet argent et ont continué à résister un moment. Mais, finalement, ils ont été expulsés par les forces de l’ordre et tout le monde a été relogé dans une petite cité qui porte le nom de leur ancien bidonville détruit le 11 et 12 octobre 1995 : Lorette.


SOURCES letempsdessirenes
PHOTOS extrait du Documentaire de Bruno VICTOR-PUJEBET / LORETTE, DERNIER BIDONVILLE
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