Le 28 Octobre 1938, l’incendie des Nouvelles Galeries met en évidence l’incurie des services urbains, des hôpitaux aux pompiers. Au total, 73 victimes qui vaudront à la ville une nouvelle mise sous tutelle en 1939, laquelle ne sera levée qu’à la Libération. Après la guerre, Fernand Pouillon et René Egger ainsi que Jean-Louis Sourdeau proposent pour cette parcelle le projet de building Canebière, un rêve d’immeuble-ville, mixant logements, commerces, bureaux et parkings qui prévoit en outre une galerie commerciale traversante ainsi qu’un parking couvert et deux cours intérieures. L’immeuble de neuf étages est construit en béton armé selon une trame horizontale régulière. Visuellement, la séparation est très nette entre le rez-de-chaussée en béton, l’entresol couvert de bardages métalliques rivetés, les étages rythmés par des brise-soleil verticaux et l’attique en gradins. L’ensemble est composé de 2 immeubles reliés entre eux, le Canebière et le Thubaneau.
Outre son affectation mixte et son rythme original en façade, l’immeuble se distingue par son inscription dans le tissu ancien de la plus célèbre artère de Marseille. Il abrita d’ailleurs pendant quelques années l’agence Pouillon-Egger.
On peut encore voir quelques restes de la façade des Nouvelles Galeries et du portail d’entrée du bâtiment et c’est un poste d’intervention des marins pompiers de Marseille qui occupe depuis 2003 l’ancien Cinéma Le Noailles, mitoyen qui avait échappé à l’incendie. Quant au Building Canebière il avait vraiment perdu de sa splendeur passée avant, enfin, des travaux de rénovation terminés fin 2018 ! Un cabinet d’avocats installé en 2019 a redonné également un peu de prestige à l’immeuble avec une élégante enseigne.
La même année un Conservatoire marseillais de la menthe a été inauguré pour les 48 heures de l’agriculture urbaine, dans la galerie marchande de l’immeuble, réunissant 40 variétés de l’ingrédient phare du thé oriental. Le projet était porté par un collectif d’habitants.
« Depuis 2015, nous jardinons les espaces communs et toits-terrasses de l’immeuble, et un jour les gardiens, pour qui c’était un peu une contrainte d’arroser, nous ont dit : « mets-nous quelque chose qui peut se manger ! » », relate dans 20 Minutes le paysagiste Stanislas Alaguillaume, vice-président de l’association des habitants du « Building Canebière ». De cette boutade, est née l’envie d’aller plus loin que la végétalisation des rues, qui essaiment ici et là à Marseille.
La menthe s’est vite imposée comme matrice. Depuis les plantations ont en grande partie disparues; mais le principe était « servez-vous ! ».
Fernand Pouillon
Il fut un des grands bâtisseurs des années de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale en France. Il a réalisé de nombreux équipements et bâtiments publics à Marseille, Aix-en-Provence, en région parisienne, en Algérie ainsi qu’en Iran. Ses réalisations se caractérisent par une insertion dans le site, un équilibre des masses né de proportions harmoniques rigoureuses, des matériaux nobles, y compris dans le logement social, et la collaboration d’artistes sculpteurs, céramistes, paysagistes. A Marseille il a notamment participé à la reconstruction du Vieux-Port, aux immeubles La Tourette, la Station Sanitaire, la bibliothèque Saint-Charles ou encore l’aérogare de l’Aéroport de Marseille Provence…Né en 1912, il décèdera en 1986.
René Egger
Décédé en 2013, il a été l’architecte de Gaston Defferre et compte parmi ses très nombreuses réalisations La Timone, l’Hôpital Nord, les plages du Prado ou encore 150 écoles primaires, 6 collèges, 3 lycées et les facultés de Saint-Jérôme et Luminy.
Jean-Louis Sourdeau
Dans la seconde partie de sa carrière, l’architecte Jean-Louis Sourdeau collabora avec son fils Jean-Marie sur de nombreux programmes de logements sociaux sur la région PACA et sur l’Eglise St Louis.