40-48 Rue Saint-Ferréol, Salle Boisselot, Le Cercle artistique & les Grands Magasins

40-48 Rue Saint-Ferréol, 13001 Marseille
3692
40-48 Rue Saint-Ferréol, Salle Boisselot, Le Cercle artistique & les Grands Magasins
Arrondissement : 1er
Prestigieuse adresse de la rue Saint-Ferréol, le 40-48 accueille successivement la salle de concert des frères Boisselot (1846), le Cercle musical (1846-1853), le Palais de l’Industrie(1854), le cercle artistique (1868-1878), la société de géographie (1877)…puis ça sera l’ère des grands magasins avec « Aux Dames de France puis en 1928 un nouveau bâtiment art-déco « Aux armes de France », les Galeries Lafayette jusqu’en 2018 puis un magasin boulanger et le restaurant Ciel

Selon la Revue Marseille « les frères Louis et Xavier Boisselot (ce dernier compositeur, Prix de Rome), après avoir transféré leur magasin de piano rue de la Darse, ouvrirent en 1846 aux n°40-42 de la rue Saint-Ferréol une magnifique salle de concert décorée par Roche-Lattila. Abritant le Cercle musical, recevant les virtuoses, donnant des nouveautés musicales comme en 1850, le Selam de Reyer, mais aussi des conférences scientifiques, économiques, culturelles et même politiques, elle fut pendant sept ans à la pointe de la vie intellectuelle et artistique marseillaise, avant de fermer en novembre 1853. Alors, le local, trop coûteux à gérer, fut provisoirement reconverti en une sorte de grand bazar, en 1854 le Palais de l’Industrie, fondé par Le banquier niçois André Gilly…une société destinée à présenter les «produits de l’Industrie» sous un amoncellement de lustres, candélabres, dorures, glaces, cristaux, le lieu réunit une série d’enseignes spécialisées : Mme Lions (articles de mode), Isaac Valich (nouveautés Au Persan), Carrus (ganterie), Isnard (bureau de tabac), Salle (chapellerie de Paris, casquettes en tout genre), plus un bazar de pipes et le Grand bazar européen…Des attractions viennent parfois s’y produire, comme en juin 1855 le diorama du Pont de l’Alma, mais aussi, dans le passage qui relie la rue Haxo à la rue de la Darse, des «physiciens» et autres bateleurs. Un café anglais s’est installé au sous-sol, il prendra par la suite le nom de «Caveau»…le lieu accueillera quinze ans plus tard le siège du prestigieux Cercle Artistique.

Il naquit en octobre 1867 de la rencontre dans le salon de pose des Frères Cayol, au 5e étage du 50 rue Saint-Ferréol, d’un groupe d’artistes, négociants, journalistes, enseignants et médecins entourant le peintre Maglione, les savonniers Charles-Roux et Arnavon, et l’équipe du journal le Sémaphore. Il fallait trouver un lieu de réunion, de concert et d’exposition suffisamment vaste. Ce fut finalement ici au 40 rue Saint-Ferréol dans l’ancienne salle Boisselot, qui avait gardé l’essentiel des décorations de Lattila (notamment son plafond orné de jeunes virtuoses sur fond d’or). L’architecte Joseph Letz réaménagea les espaces intérieurs. Il agrandit la salle, créa une grandiose entrée principale, rue Saint-Ferréol, délaissant la modeste porte de la rue Haxo. Le hall d’exposition était éclairé par une verrière et décoré de frises où l’on reconnaissait Papety, Méry, Loubon, Mistral, Félicien David… La salle de concert, avec son haut plafond, ses 600 places en gradins, son acoustique excellente, était jugée parfaite et sans équivalent dans la capitale. Les deux étages offraient des salons de lecture et de jeux. Au premier, le «caboulot» servait des consommations.

Le 8 décembre 1868, l’inauguration fut somptueuse : foule difficilement maintenue par des lanciers, files de voitures avec de magnifiques attelages faisant résonner le pavé, invités en tenue de gala traversant le grand hall où se tenait une exposition de peinture des maîtres français de l’école de 1830 assortie de sculptures de Bontoux et Poitevin. Faisant la haie, de jeunes hommes en tenue de soirée attendaient dames et demoiselles pour les conduire à la salle de concert. Soixante-dix musiciens jouèrent Haydn et Mendelssohn ; le pianiste Théodore Thurner y brilla. Les chanteurs vedettes du Grand Théâtre et les chœurs Trotebas accompagnèrent aussi les premiers pas du Cercle Artistique, qui, pendant quatre décennies, allait être la plus brillante illustration du Marseille culturel et occupa ces lieux jusqu’en 1878. Prestige supplémentaire pour la salle du 42 rue Saint-Ferréol, c’est là que prit naissance, le 29 février 1877, la Société de Géographie ».  Ensuite furent démolis les immeubles du 40-48 pour accueillir en en 1928 après 3 ans de travaux à l’emplacement d’un grand magasin “Aux Armes de France, le bâtiment actuel accueille alors la chaîne “Aux Dames de France” avant de passer sous pavillon des Galeries Lafayette jusqu’au 24 février 2018 et son départ au sein du centre commercial du Prado. Ce superbe immeuble propriété de la ville est le fruit d’un legs, celui du marbrier Jules Cantini (1826-1916).

Les dispositions testamentaires, outre la clause d’inaliénabilité, obligent la municipalité à rechercher une valorisation du site, afin de lui permettre de gérer, entretenir et enrichir le Musée Cantini et ses collections, installé non loin de là, rue Grignan dans un autre bien inscrit dans le legs. Le 40-48 rue Saint Ferréol accueille également un concept signé The Babel Community de résidence avec commerces, coworking, restaurant et rooftop le Ciel, lancé en 2021. Fin 2020 s’installait déjà au rez-de-chaussée et au premier étage un grand magasin Boulanger de 1140 m². La marque lilloise est un des sponsors maillot de l’OM. Le sculpteur, marbrier et mécène Jules Cantini meurt en 1916 en léguant une trentaine d’immeubles à la ville et aux hôpitaux de Marseille dont cet immeuble du 40-48 rue Saint-Ferréol. Le bâtiment actuel date de 1928, il a été construit après 3 ans de travaux à l’emplacement du Grand Magasin de Nouveautés “Aux Armes de France” dont une carte postale vente déjà les mérites à l’occasion de l’Exposition Coloniale de Marseille de 1906. Le nouvel immeuble a ensuite accueilli pendant de nombreuses années “Aux Dames de France”, une chaîne de grands magasins fondée en 1898 par les frères Gompel et qui a développé son réseau au XXème siècle dans des villes françaises de grande et moyenne tailles. Son développement s’est régulièrement accompagné de la construction de bâtiments sur mesure avec des technologies de pointe et des choix ornementaux typiques de leur époque. Le magasin marseillais était conçu en terrasse avec une verrière centrale. Aujourd’hui, le magasin s’organise en étages.

La société Paris-France gérant des enseignes est rachetée en 1985 par le groupe Galeries Lafayette et les magasins encore existant sont alors intégrés à la chaîne. En 2005 le bureau d’étude Morales à Marseille lance pour 3 millions d’euros de travaux de rénovation de l’immeuble…Le projet est alors qualifié de travail de mémoire. Il se basait sur le constat de l’évident décalage du bâtiment et de l’offre. La rue Saint Ferréol, est au cœur de l’hyper centre marseillais, avec une clientèle jeune et multiculturelle. Le bâtiment »Dames de France » est au milieu de cette artère piétonne. C’est le dernier grand magasin du centre ville. Il appartient à la mémoire collective marseillaise mais ne collait plus aux attentes de sa population. La première ambition était de se réapproprier la ville, retrouver sa place grâce à la monumentalité du bâti qui revêtira alors sa couleur blanche d’origine. De nouvelles grandes portes sont ouvertes sur la ville et les vitrines décloisonnées pour offrir une interactivité entre le passant et le magasin.  La deuxième ambition, était de se réapproprier le bâtiment travestit, abîmé, oublié. En 2016, après la rénovation des Galeries Lafayette du Centre Bourse, le départ de celui de la rue St Ferréol vers le Centre Commercial du Prado est confirmé. On évoquait alors la rumeur infondée de l’arrivée d’un Primark en remplacement. C’est finalement la société GMGL qui a repris les locaux.

Au terme de plusieurs mois d’importants travaux pilotés par Virgil, l’ancien immeuble des Galeries propose à présent 4 250 mètres carrés de commerces répartis sur trois niveaux (du R-1 au R+1) avec une résidence hôtelière de 7 950 mètres carrés de plancher (du R+2 au R+7).  Fin 2020 s’installait déjà au rez-de-chaussée et au premier étage un grand magasin Boulanger.  Boulanger présente ici un nouveau concept de magasin, « d’hyper proximité » avec beaucoup de services et une offre de produits locaux dont notamment des cafés d’un torréfacteur marseillais, Luciani, des savons de la région (savonnerie Fer à cheval), des gâteaux maison (pâtisserie Oh Faon)… sans oublier un proportion plus importante de produits reconditionnés ou d’occasion. On trouve également un “repair café”.

L’établissement propose également des espaces partagés comme un plateau de coworking (800 m2 au R+6), une salle fitness (190 m2 au R-1) et un restaurant de (400 m2 au R+7) avec un rooftop, nommé Ciel.


SOURCES darchitectures.comNouvelles Publicationsmarseilleartdeco.blogspot.fr & commerces-immarcescibles.blogspot.fr & La Revue Marseille
PHOTOS Google Street View & Archives non créditées & Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Boulanger
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et sont mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution
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