Avant de racheter cette propriété en 1921, alors occupée par un débit de boissons, Gaston Castel résidait à Pertuis, sa ville de naissance, à une cinquantaine de kilomètres de Marseille. Sa nouvelle maison fut construite pour un usage à la fois personnel et professionnel à l’époque où l’architecte accédait en 1924 au statut de notable en devenant architecte en chef du département. Il a choisi une parcelle d’angle plutôt ingrate à l’époque, comme Pierre Puget bien avant lui avec sa célèbre maison de la rue de Rome. Castel s’est appuyé sur un édifice existant, avant de le surélever 6 ans plus tard. Il réalise 4 niveaux dont le premier est réservé au garage et aux archives. Au deuxième niveau, qui est en fait le rez-de-chaussée, Castel y place son atelier avec des espaces pour ses dessinateurs, ses architectes collaborateurs et pour le tirage de plans et la salle de reprographie. Plus haut se trouvaient les appartements personnels de l’architecte. Il y dessinera lui même les décors et le mobilier. Castel décédera le 9 février 1971. Son fils, Ello, qui avait repris l’agence le suivra en 1989 déclenchant la vente aux enchère de la maison. Plusieurs projets vont être imaginés pour la maison dont celui de l’architecte marseillais Jean Pierre Botella qui souhaitait y créer un musée dédié à l’Art et à l’Industrie…
Mais au final rien ne se concrétisa et la demeure resta à l’état d’abandon quelques années jusqu’à son rachat en 1993 par Mr et Mme Gérardin, des passionnés d’art, qui redonneront à la maison et son intérieur tout son lustre grâce à un ambitieux programme de rénovation. La demeure s’ouvre à l’occasion de très rares journées (patrimoine, architecture…)
Gaston Castel, né à Pertuis (Vaucluse) le 1er août 1886 est décédé à Marseille le 9 février 1971. Fils d’un entrepreneur de maçonnerie il est en 1907 le premier élève reçu au concours d’entrée de la nouvelle école régionale d’architecture de Marseille. De 1909 à 1913 il est élève de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris ; il est lauréat du second grand prix de Rome en architecture en 1913. Il est mobilisé en 1914 en tant que sergent au 258e régiment d’infanterie. Il est nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille. Le 26 septembre 1914 il est grièvement blessé au visage et laissé pour mort. Il est fait prisonnier et emprisonné à Ingolstadt en Bavière puis il est transféré à Montreux en Suisse. À la fin de la guerre, remis de sa blessure au visage, il revient à Paris et collabore avec l’architecte Guillaume Tronchet. Durant cette collaboration, Ferdinand Buisson le remarque et le fait nommer architecte départemental des Bouches-du-Rhône.
En 1918 il se rend avec son épouse à Marseille pour occuper son nouveau poste. Le 3 décembre 1919 il va au Brésil à Rio de Janeiro et à Santos où il réalisera un monument élevé à la gloire de José Bonifacio pour célébrer l’indépendance du Brésil. Revenu en France, il est nommé architecte en chef des Bouches-du-Rhône, poste qu’il occupera jusqu’en 1941 mais qu’il devra abandonner à la demande du gouvernement de Vichy. Il réalise durant cette période de l’entre-deux-guerres diverses constructions publiques parmi lesquelles on peut citer :
> La reconstruction partielle à la suite d’un incendie, de l’opéra municipal de Marseille dans le style Art-Déco. L’inauguration sera faite le 3 décembre 1924 par le maire Siméon Flaissières.
> Le Monument aux morts de l’Armée d’Orient et des terres lointaines, élevé par souscription publique et situé sur la corniche Kennedy. La première pierre fut posée le 7 mai 1922 par le Président de la République Alexandre Millerand et l’inauguration fut effectuée le 24 avril 1927 par le Président de la République Gaston Doumergue.
> Le monument commémoratif de l’assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie et du ministre français des affaires étrangères Louis Barthou, situé à l’angle de la rue de Rome et de la Préfecture.
Différents édifices publics : la prison des Baumettes (1931), l’annexe du palais de justice (1933) devenu le tribunal de commerce, l’ancien siège de la Compagnie Générale Transatlantique et de la SNCM rebaptisé le Castel, la Crypte du Cimetière Saint Pierre
S’intéressant aux problèmes d’urbanisme il étudie de nombreux projets pour des habitations à bon marché (actuellement HLM) tel que la cité des chartreux ou le groupe de la Blafarde. Il réalise également des maisons particulières telles que la villa « l’éolienne » qui se trouvait à l’extrémité de l’avenue du Prado près de la plage et qui a été détruite lors du bombardement du 27 mai 1944.
Pendant cette période de l’entre-deux-guerres il travaille souvent avec son ami le sculpteur Antoine Sartorio (1885-1988). Il fut membre de l’Académie de Marseille. Il a été nommé officier de la Légion d’honneur en 1926 et commandeur en 1932. À partir de 1952 il sera professeur à l’École d’architecture de Marseille.