L’Eglise Conventuelle des Bénédictins a été bâtie début 1860 en style néo-gothique par l’abbé Alphonse Coulin. Après le départ des religieux en 1880, l’église sert de chapelle pour le patronage des pères de Timon-David. L’église porta également le nom d’Église Sainte-Marie-Madeleine. En 1935, elle est divisée en trois niveaux superposés abritant en sous-sol une salle de cinéma, au rez-de-chaussée le Théâtre Mazenod et dans la partie supérieure le culte des Arméniens catholiques qui sera remplacé par un théâtre de mimes, La Nef, créé par Jacques Durbec. Récemment, seul le Théâtre Mazenod continuait d’y fonctionner, en dent de scie, avec à maintes reprises le doute planant sur son avenir, jusqu’à sa fermeture, emporté par la crise du COVID. Le Théâtre Mazenod était un des plus anciens théâtres de Marseille. Il a été créé en 1934 et a vu se produire sur sa scène les plus grands acteurs et chanteurs du xxe siècle. À commencer par les chanteurs Fernandel, Yves Montand et Jacques Brel sans oublier Georges Guétary ou André Claveau.
Les célèbres acteurs Raimu ou Charpin s’y sont produits. Le public a pu y applaudir des artistes lyriques tels que André Simon ou Charles Burles ou des troupes renommées comme le Rideau Gris, la Cie des Quatre Vents, Les Comédiens de Thepsis,la Compagnie DO MI SOL DO; le Groupe Artistique la Palud. Le théâtre Mazenod avait été totalement rénové pour des spectacles de théâtre, de variétés, de danses et des auditions. Il comptait 300 places jusqu’à sa fermeture coïncidant avec la crise du COVID. Découvrez une ancienne visite du théâtre en 3D.
La Ville a racheté au diocèse le théâtre Mazenod. « Un marchand de biens s’était positionné pour acquérir le bâtiment auprès du diocèse. Nous avons décidé de préempter », avait annoncé l’adjointe à la mairie Mathilde Chaboche. La destination future du lieu n’est pas encore été définie…un projet socio-culturel ou sportif.
Focus sur la NEF par Yves de Lucas
En juillet 2023 je recevais un beau cadeau de la part d’Yves de Lucas…tout un lot de documents retraçant la vie de ce théâtre disparu. En effet les gradins, la scène, les planches devant les vitraux et l’échafaudage en fonds de scène et sur les coursives n’existent plus. Un seul vestige est resté pourtant en place, le panneau « Dortoir E » au dessus de l’entrée panneau posé par Yves de Lucas pour le spectacle Improd’chambre. Selon son récit « ce théâtre a été un extraordinaire lieu de création et de diffusion, ainsi qu’un lieu renommé d’apprentissage du mime. Ce lieu a été créé par Jacques Durbec, hélas décédé le 25/4/2021, aidé de sa femme Vincenette. Lors de ses spectacles Jacques Durbec, metteur en scène de talent, utilisait tout l’espace de la Nef pour laisser aller sa créativité. Dans son spectacle sur Jules Verne une montgolfière et une pieuvre géante surprenaient le public…C’est dans ce lieu qu’a été créé la compagnie Citron Banane le 4/1/1989 composée d’élèves issus des cours de mime de la Nef. Maya Teslar, Rose-Marie Bixquert, Virginie Matheron, Michelle Fontana, Sandrine Januario, Michel Serra, Serge Pitallis et Yves De Lucas composent cette troupe. Cette troupe a joué dans trois spectacles de Jacques Durbec, La fête for haine, Mais qui a tué Margaret et Courteline aux trousses. Elle a également participé à un bon nombre d’animations. Elle s’est également orientée vers l’organisation de joutes d’improvisation.
Après la fermeture de la Nef Jacques Durbec a continué son activité artistique sur la Commune d’Allauch. Quant aux Citron Banane ils ont continué à organiser des joutes d’improvisation au théâtre de l’antidote.
La spécificité de ces joutes d’improvisation théâtrale était que chaque soirée avait un thème avec un décor, des costumes et des interventions adaptées au thème… Péplum, Maison hantée, Mai 68, Science fiction, Alcazar. Les gradins se composaient de 14 rangés de 8 sièges soit un total de 112 places ».
Focus sur l’Abbé François-Xavier Alphonse Coulin, le fondateur de l’église
Il est né à Cassis, le 14 janvier 1800. Il étudia au petit et au grand séminaires d’Aix de 1812 à 1819 et fut membre de la congrégation de la Jeunesse d’Aix à partir de 1815. Très attaché à Eugène de Mazenod et bien apprécié par lui, il commença son noviciat à Notre-Dame du Laus le 21 juin 1819, où il fit son oblation le 29 juin 1820. Il enseigne la rhétorique et les belles-lettres aux postulants et aux novices de Notre-Dame du Laus de 1820 à 1822. Dans ses lettres fréquentes au Fondateur, il se fait le chantre enthousiaste de la communauté qui compte 24 membres à la fin de 1821. Coulin est une âme tourmentée, dévorée par «un feu impur», instable dans ses humeurs, chancelant dans ses désirs. Il écrit le 27 février 1821: «Je suis un être extraordinaire : de l’extrême joie à une mortelle tristesse.» En 1822, tout va mal. Ses élèves ne le supportent plus, 8 novices sur 12 quittent la Congrégation. Il met la discorde dans la maison. Déjà en février-mars 1821, le père Tempier avait écrit de lui au Fondateur: «Tout en compatissant à la faiblesse humaine, je ne crois pas devoir tolérer des êtres qui exercent la patience de tous dans une communauté régulière.» Au cours de l’été 1822, il sort de la Congrégation et est expulsé le 20 octobre. Mgr de Mazenod donne des explications à ce sujet dans son journal, le 6 octobre 1837. Il se retire chez lui à Cassis et annonce au père de Mazenod qu’il entrera dans le clergé du diocèse. Le Fondateur répond le 23 novembre :
«Vous savez qu’indépendamment du conseil que je vous donnai en vous congédiant, je n’avais consenti après vos instances pressantes et réitérées à vous présenter pour être promu au sous-diaconat qu’à la condition que vous demeureriez dans une communauté régulière, je vous dis même que sans cela je vous conseillerais de quitter la soutane […] Prêtre séculier, si vous parvenez au sacerdoce, et vivant au milieu du monde, je tremble pour votre salut.»
L’abbé Coulin fut ordonné prêtre par Mgr Fortuné de Mazenod le 25 janvier 1824. C’est à Marseille qu’il exerça un ministère fructueux. Il conserva un bon souvenir de la Congrégation. Le 30 novembre 1822, il écrivait à son cousin Vidal: «Un corps peut être bon et en même temps ne pas convenir à tous.» Ses relations avec Mgr de Mazenod furent toujours amicales. Il collabora avec son évêque comme vicaire et directeur du grand catéchisme de persévérance.