A l’origine le bâtiment abritait l’agence de la compagnie générale Transatlantique, dont maintes fusions donneront dans les années 1970 la CMA-CGM. Fondée en 1855 par les frères Émile et Isaac Péreire sous le nom de Compagnie générale maritime, elle est chargée par l’État d’assurer le transport du courrier vers l’Amérique du Nord et prend son nom définitif en 1861. La compagnie ne se contente pas alors de l’exploitation de la ligne de l’Atlantique Nord, et offre à ses voyageurs des lignes à destination de l’Amérique centrale, et même, durant un temps, de la côte Pacifique. Début 1900, son président de l’époque Mr Dal Paz souhaitait arborer par l’architecture de l’édifice de son agence une image de modernité. C’est alors que Mr Laffont, le directeur de la compagnie, lui suggère le nom de Gaston Castel qui s’est déjà forgé une solide réputation de par ses réalisations. Les travaux de construction qui commencèrent le 1er avril 1928 nécessitèrent la destruction d’immeubles anciens.
Le bâtiment sera terminé le 1er janvier 1929 ornée de sa marquise en béton armée toujours visible “Compagnie Générale Transatlantique”.
Une entrée à l’angle de la rue Mazenod et du Boulevard des Dames permettait aux voyageurs de retirer leurs titres de transport. Une autre entrée au centre de la façade côté boulevard des Dames était dédiée aux client du transport de marchandises. Le 1er étage était dédié à l’administration, le second au service comptabilité et aux archives. Près de 90 ans après, en 2018, selon les architectes de la résidence Le Castel, la splendeur et la modernité des années 30 constituent l’essentiel de l’expression architecturale du siège de l’ancienne compagnie maritime. La Tour Horloge a été l’étendard de cette modernité, alors que les détails des façades ont été déclinés dans une géométrie Art Déco.
Le bâtiment administratif en fronton sur le boulevard des Dames, ainsi que le bâtiment de logements sur la rue Leca ont été conservés en intégralité.
Selon les architectes de la rénovation du bâtiment « Au centre de la parcelle, les parties de bâtiments médiocres ont été démolies pour laisser la place à une reconstruction d’un bâtiment contemporain qui vient se glisser discrètement entre les bâtiments historiques réhabilités et constituant le patrimoine. Les 4 façades existantes de Gaston Castel constituant l’enceinte du projet ont été rénovées suivant les méthodes et prescriptions des monuments historiques. Les parties de projet en reconstruction et surélévation seront revêtues de matériaux lisses assurant l’aspect sobre et lustré recherché en contrepoint, à l’architecture de Gaston Castel mate et minérale du socle Art Déco historique. Inscrite au sein d’un ambitieux programme immobilier mixte regroupant bureaux, résidence tourisme 4* et commerces haut de gamme, cette résidence de prestige propose une large gamme de 112 appartements neufs du studio au 5 pièces offrant des vues panoramiques sur la baie de Marseille ».
L’Architecte du bâtiment original, Gaston Castel
Fils d’un entrepreneur de maçonnerie, Gaston Castel est né le 1er août 1886. En 1907 il est le premier élève reçu au concours d’entrée de la nouvelle école régionale d’architecture de Marseille. De 1909 à 1913 il est élève de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris ; il est lauréat du second grand prix de Rome en architecture en 1913.
Il est mobilisé en 1914 en tant que sergent au 258e régiment d’infanterie. Il est nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille. Le 26 septembre 1914 il est grièvement blessé au visage et laissé pour mort. Il est fait prisonnier et emprisonné à Ingolstadt en Bavière puis il est transféré à Montreux en Suisse.
À la fin de la guerre, remis de sa blessure au visage, il revient à Paris et collabore avec l’architecte Guillaume Tronchet. Durant cette collaboration, Ferdinand Buisson le remarque et le fait nommer architecte départemental des Bouches-du-Rhône. En 1918 il se rend avec son épouse à Marseille pour occuper son nouveau poste. Le 3 décembre 1919 il va au Brésil à Rio de Janeiro et à Santos où il réalisera un monument élevé à la gloire de José Bonifacio pour célébrer l’indépendance du Brésil.
Revenu en France, il est nommé architecte en chef des Bouches-du-Rhône, poste qu’il occupera jusqu’en 1941 mais qu’il devra abandonner à la demande du gouvernement de Vichy. Il réalise durant cette période de l’entre-deux-guerres diverses constructions publiques parmi lesquelles on peut citer :
> La reconstruction partielle à la suite d’un incendie, de l’opéra municipal de Marseille dans le style Art-Déco. L’inauguration sera faite le 3 décembre 1924 par le maire Siméon Flaissières.
> Le Monument aux morts de l’Armée d’Orient et des terres lointaines, élevé par souscription publique et situé sur la corniche Kennedy. La première pierre fut posée le 7 mai 1922 par le Président de la République Alexandre Millerand et l’inauguration fut effectuée le 24 avril 1927 par le Président de la République Gaston Doumergue.
> Le monument commémoratif de l’assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie et du ministre français des affaires étrangères Louis Barthou, situé à l’angle de la rue de Rome et de la Préfecture.
> Différents édifices publics : la prison des Baumettes (1931), l’annexe du palais de justice (1933) devenu le tribunal de commerce.
S’intéressant aux problèmes d’urbanisme il étudie de nombreux projets pour des habitations à bon marché (actuellement HLM) tel que la cité des chartreux ou le groupe de la Blafarde. Il réalise également des maisons particulières telles que la villa « l’éolienne » qui se trouvait à l’extrémité de l’avenue du Prado près de la plage et qui a été détruite lors du bombardement du 27 mai 1944.
Il réalise également en 1923 une maison pour son usage personnel et pour son cabinet qui se trouve au n° 2 de l’impasse Croix de Régnier et qui a été classée monument historique.
Pendant cette période de l’entre-deux-guerres il travaille souvent avec son ami le sculpteur Antoine Sartorio (1885-1988). Il fut membre de l’Académie de Marseille. Il a été nommé officier de la Légion d’honneur en 1926 et commandeur en 1932. À partir de 1952 il sera professeur à l’École d’architecture de Marseille.
Histoire de la SNCM
1850 / La Compagnie de Navigation Mixte voit le jour et développe son activité dans le domaine du commerce et du transport de passagers avec les colonies françaises.
1855 / Création de la Compagnie Générale Maritime qui se spécialise dans la desserte de la Corse et les voyages vers les Amériques. Dès 1861, elle sera rebaptisée Compagnie Générale Transatlantique. Au cours des années, l’Histoire et deux guerres mondiales bousculent un peu la puissance et la richesse du trafic maritime d’alors. Mais les noms restent, et c’est autour de ces deux compagnies que se construit le futur de la SNCM. De cette époque vient l’habitude, encore largement utilisée aujourd’hui, de parler de la « Compagnie » pour désigner la SNCM.
1969 / Ces deux compagnies fusionnent et deviennent la Compagnie Générale Transméditerranéenne.
1976 / Naissance officielle de la Société Nationale Maritime Corse Méditerranée (SNCM) (ex Compagnie Générale Transméditerranéenne). Une convention est signée entre la SNCM et l’Etat pour assurer la continuité territoriale entre la Corse et le continent pour une durée de 25 ans.
Dans les années 70, les modes de consommation se transforment : les loisirs deviennent un bien consommable comme les autres. Il faut donc augmenter les capacités de transport des navires. A la fin des années 80, le tourisme de masse s’essouffle. Les consommateurs réclament légitimement plus de qualité. La SNCM renouvelle sa flotte et développe depuis de nouveaux produits, de nouveaux services pour satisfaire une clientèle plus exigeante.
Les métiers de la « Compagnie » ont donc évolué. L’adoption de technologies actuelles, comme l’informatique ou les Navires à Grande Vitesse, a également fait émerger des compétences nouvelles. Mais la mission de la SNCM est fondamentalement restée la même : transporter les femmes et les hommes et – fruit de leur travail – les marchandises.
2002 / La SNCM poursuit sa mission de service public. Depuis le 1er janvier 2002, elle assure, avec la CMN, la desserte Marseille – Corse dans le cadre d’une convention de délégation de service public signée avec la Collectivité Territoriale et l’Office des Transports de la Corse, sous l’approbation de l’Assemblée Territoriale de Corse, pour une durée de 5 ans.
2006 / Le 30 mai 2006, ouverture du capital de la SNCM. Si l’Etat reste à hauteur de 25% dans son capital, le fonds d’investissement Butler Capital Partners et Véolia Transport entrent au capital à hauteur respective de 38% et 28% (9% du capital sont réservés aux salariés). En décembre 2008 Veolia Transport reprend les parts de Butler CP et devient actionnaire majoritaire de la SNCM à 66%.
2012 / La SNCM vend son siège au groupe Eiffage-Anf pour 18 M €
2013 / La Commission européenne condamne en mai 2013 la SNCM à rembourser 220 millions d’euros d’aides indues entre 2007 et 2012.
2014 / Le 28 novembre, le tribunal de commerce de Marseille place la SNCM en redressement judiciaire avec une période d’observation de 6 mois.
2015 / Le 20 novembre, ce même tribunal annonce retenir l’offre de reprise de Patrick Rocca, transporteur corse, pour un montant de 3,7 millions d’euros et un total de 8,9 millions d’euros comprenant notamment le plan social. Cette offre doit être signée dans les 6 mois.
2016 / Le 5 janvier, les actifs de la SNCM sont officiellement cédés au groupe Rocca, l’entreprise renaît alors sous le nom juridique de Maritime Corse Méditerranée (MCM SAS).