Usine Saint-Louis Sucre, 1857, tout un film !

336 Rue de Lyon, 13015 Marseillle
7153
Usine Saint-Louis Sucre, 1857, tout un film !
Arrondissement : 15ème
Site Internet : saintlouis-sucre.com
Gérée d’abord par la raffinerie franco-belge Zangroniz, puis Emsens, ce fleuron jadis de l’industrie agroalimentaire marseillaise est implantée depuis 1857 sur 11 hectares dans le quartier Saint Louis de Marseille, qui a donné au final son nom à l’entreprise en 1865. Le site qui a arrêté son activité de raffinage depuis 2015 n’était alors plus qu’un centre de conditionnement et de logistique pour le sucre de canne et de betterave en provenance du nord de la France, du Qatar, de Dubaï ou d’Egypte. En 2015 la fin de l’usine était annoncée…elle est toujours là mais avec des effectifs qui ont fondus au fil des années passant de plus de 130 à 85 salariés en 2016. En 2020 les 58 salariés restant sont ramenés à…6, pour un recentrage de l’activité sur la production de sucre liquide. En 2022, Brownfields, une société de revitalisation de friche rachète le site tout en maintenant sur place les derniers salariés de Saint Louis. L’avenir ? Un parc d’activité industriel ou commercial, centre de tri postal…fin  septembre 2022 on évoque la création de studios de cinéma sur 4,5 hectares du site et la mise en place d’une plateforme de distribution urbaine…mais dans tous les cas de nombreux bâtiments historiques de production vont disparaître dont la « cathédrale » que l’on voit dans la série « Pax Massilia » sorti fin 2023.

L’usine conditionnait à la fois des sucres de bouche (sucres en morceaux blonds, bruns, morceaux irréguliers, enveloppés) pour les marchés de la grande distribution et de la restauration hors foyer et des grands contenants (sacs de 20 et 50 kg, big bags, vrac) pour les industries agroalimentaires telles que les fabricants de boissons, de chocolat, de yaourts, etc.

L’atelier de production de sucre liquide, le seul restant, répond à la demande de clients spécifiques tels que l’industrie pharmaceutique.

Ouvrières sucre Saint-Louis ©Archives départementales des BDR

Les grandes dates de l’Usine de Marseille

1857 : Création d’une première société dans le quartier Saint Louis (Zangroniz, puis Emsens)
1863 : Création de la raffinerie Maurin à Saint-Charles.
1865 : Création de la SARL des Raffineries de la Méditerranée.
1866 : Henri Bergasse rachète Emsens et fonde, avec un groupe d’entrepreneurs marseillais, la S.A. Raffinerie de Sucre de Saint-Louis.
1872 : Absorption de la raffinerie Saint-Charles par la SA Raffineries de Sucre de Saint-Louis.
1878 : Création de la Société Nouvelle des Raffineries de Sucre Saint-Louis
1946-1954 : Plan de modernisation intégrant l’installation de douze lignes de morceaux Chambon
1995 : Première certification ISO 9001.
1997 : Construction de trois nouveaux silos de sucre n°1
1998 : Nouvelle filtration des sirops
2000 : Mise en service d’une station d’épuration biologique
2008 : Optimisation des rendements énergétiques de la raffinerie et nouvelle station de chargement vrac
2011 : Certification BRC

2015 : Arrêt de l’activité raffinage

Le site de Marseille comptait en 2016, 85 salariés permanents.

Sa production est de 75 000 tonnes par an pour moitié en sucre de canne et pour moitié en sucre de betterave. 8 000 tonnes de capacité de stockage, réparties en 4 silos. 5 lignes de conditionnement. 2 stations de chargement vrac. 1 atelier de sucre liquide.

2022 : Cession du site à Brownfields tout en maintenant l’activité sucre liquide et ses 6 salariés. Lancement le 22 octobre du Grand Opening Medinsoft la plus grande soirée économique du territoire avec 2500 décideurs. Le même jour Jean-Marc Coppola, l’adjoint en charge de la culture à Marseille annonçait ici la création le studios de cinéma via Brownfields épaulée par Provence Studios, la plus grande infrastructure de studios de cinéma dans le sud de la France. 4,5 hectares du site seront dédiés à l’industrie du cinéma. Brownfields évoque également la mise en place d’une plateforme de distribution urbaine.

 

L’histoire du Groupe Saint Louis

La Société nouvelle des raffineries de sucre de Saint-Louis fut créée à Marseille en 1878 par Joseph Bonnasse à la suite du rachat en 1872 de la raffinerie de sucre Auguste Maurin, créée en 1863 dans le quartier Saint-Charles par la raffinerie de Saint-Louis. Son rapprochement avec deux autres sociétés sucrières, la Compagnie nouvelle de sucreries réunies, fondée en 1923, et les Sucreries et raffineries Bouchon et Pajot, aboutit à la création en 1968 de la Générale sucrière, qui va petit à petit racheter de nombreuses usines éparses du nord de la France. En 1985, Saint-Louis s’allie avec Lesieur, qui, outre la marque d’huiles, possède également William Saurin. Ensemble, ils rachètent le groupe Royal Champignon, premier producteur au monde de champignons.

L’année suivante, le groupe agroalimentaire italien Ferruzzi, qui, via le conglomérat Montedison, possède notamment Béghin-Say et Eridania, souhaite s’emparer de Lesieur. Pour contrer cette tentative, Saint-Louis rachète son associé.

Cependant, en 1988, Saint Louis décide de démanteler le groupe Lesieur et de revendre l’entreprise à Montedison, pour se mettre à l’abri d’une prise de contrôle du groupe italien, qui avait acheté l’année précédente un pourcentage non négligeables de ses actions. William Saurin et Royal Champignon sont toutefois conservées.

Saint-Louis décide de se diversifier dans l’industrie papetière avec l’acquisition en 1988 du papetier français Arjomari-Prioux. En 1990, celui-ci fusionne avec son concurrent britannique, Wiggins Teape Appleton, pour donner Arjo Wiggins Appleton (AWA), le premier papetier européen.

La volonté du PDG de Saint-Louis, Bernard Dumon, de créer un poids lourd de l’agroalimentaire aboutit au rachat de Marie au groupe Olida, et de la Conserverie du Languedoc (marque La Belle Chaurienne) en 1991. et à une prise de participation dans Perrier.

En 1994, Saint-Louis rapproche son activité alimentaire avec celle du groupe Danone (marques Panzani, Garbit et PetitJean) au sein d’une filiale commune, nommée Panzalim.

En 1995, la direction de Saint-Louis, dont le PDG, Bernard Dumon, périt dans un accident d’avion (un Mystère 20 affrété s’écrase sur l’aéroport du Bourget). Depuis lors, une « jurisprudence Saint Louis » est instaurée dans les grandes sociétés afin d’éviter de faire voyager leurs hommes-clés dans le même avion.

La Cathédrale

Une période d’incertitudes s’ensuit pour le groupe, Bernard Dumon n’ayant pas de successeur désigné. Royal Champignon est cédé à son concurrent historique, Champi-Jandou, en 1996. Le nouvel ensemble sera appelé France Champignon.

Saint-Louis se désengage également de Panzalim en 1996 au profit de Danone, qui hérite alors de toutes les marques de la coentreprise. Panzani, William Saurin, La Belle Chaurienne, Garbit et PetitJean sont regroupés au sein d’une même entité et revendus l’année suivante au fonds d’investissement Paribas Affaires industrielles (PAI partners).

La Générale sucrière est renommée Saint Louis Sucre en 1998 avant d’être rachetée par la compagnie allemande Südzucker en 2001. En 2022, Brownfields, une société de revitalisation de friche rachète le site tout en maintenant sur place les derniers salariés de Saint Louis. L’avenir ? Un parc d’activité industriel ou commercial, centre de tri postal, une cité du cinéma ? à suivre…mais dans tous les cas de nombreux bâtiments historiques de production vont disparaître dont la « cathédrale ».


SOURCES Saint Louis & Wikipédia Saint Louis Sucre
PHOTOS Archives départementales des BDR & Archives non créditées & Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com
A NOTER
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