Selon le Guide touristique et religieux de Marseille et sa région signé Michel Galliker « Si depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, la Basilique Notre-Dame de la Garde est devenue le lieu religieux emblématique de Marseille, pendant tout le Moyen Age l’abbaye Saint-Victor, située près du Vieux-Port, en fut le centre spirituel. Des légendes provençales racontent que saint Victor, rescapé du massacre de la Légion thébaine, serait venu à Marseille où il aurait subi le martyre vers 303-304. L’abbaye Saint-Victor, fondée au Ve siècle par Jean Cassien, abrite dans la crypte de l’église deux sarcophages de la fin du IVe siècle liés aux saints d’Agaune, ceux de saint Maurice et des compagnons de saint Maurice. Ce n’est qu’à une date récente qu’une église de la ville a été dédiée à saint Maurice. Elle fait partie de ces nombreux édifices religieux construits au XXe siècle dans l’agglomération marseillaise au moment où il fallait doter des nouveaux quartiers de lieux de culte.
Avant sa construction en 1964, on y trouvait une petite église qu’on avait aménagée dans les locaux d’une ancienne usine ».
En janvier 2025 le diosèce de Marseille communiquait ainsi sur la situation de l’église Saint Maurice « Les dernières semaines, la presse locale s’est fait l’écho du projet de vente, par le diocèse, de l’église Saint-Maurice de Pont-de-Vivaux, relayant les questions de paroissiens et d’habitants du quartier attachés à ce lieu et inquiets de son devenir. Explications. L’église Saint-Maurice, située à l’angle du boulevard Icard et du boulevard Romain Rolland, dans le 10e arrondissement, est fermée depuis 2019. Le mauvais état du bâtiment, construit en 1964 et donc propriété du diocèse, a contraint le diocèse à suspendre les célébrations dès lors que l’accueil des fidèles ne pouvait plus se faire dans des conditions satisfaisantes de sécurité. Depuis quelques années déjà, l’ensemble paroissial que constituent les clochers de La Capelette, Pont-de-Vivaux et Saint Loup, avait décidé de recentrer ses activités pastorales à Saint Loup et à la Capelette.
L’église Saint Maurice était donc de moins en moins fréquentée et la question de son avenir se posait vivement, le diocèse n’ayant pas la capacité financière de restaurer et d’entretenir un tel bâtiment très peu utilisé et nécessitant de lourds travaux.
« Nous avons réfléchi à différents scenarii, explique Véronique Disdier, responsable juridique et immobilier du diocèse, et nous avons écarté tous ceux qui auraient impliqué la démolition pure et simple de l’édifice. Nous savons l’attachement des habitants du quartier et des fidèles pour ce lieu qui a compté dans leur histoire de vie et de foi. Le bâtiment actuel sera donc conservé. Il apparaissait aussi évident que l’utilisation à venir devait être respectueuse de la spécificité de cet ancien lieu de culte. Les différents conseils, en premier lieu le conseil de la paroisse, puis les conseils diocésains, ont donc successivement décidé de retenir une proposition d’achat qui destinait l’ancienne église à une activité sociale ou d’intérêt collectif, pour que, différemment, ce lieu continue d’être au service du quartier ».
Le site comprend également deux autres bâtiments composés de logements et de salles paroissiales. « Les locataires en place demeureront dans leur appartement, rapporte André Viard, chargé de mission immobilière auprès du diocèse. Les associations hébergées sur ce site, c’est-à-dire la bibliothèque OCB et l’équipe Saint Vincent de Paul, vont en revanche déménager. Pour l’équipe Saint Vincent de Paul, elle poursuivra ses activités dans le 10e arrondissement, dans un autre local paroissial, situé boulevard Saint Jean, à côté de l’église de La Capelette. Nous les accompagnons dans ce sens, dans la perspective d’une vente à l’automne 2025 ».
Cette « Équipe Saint Vincent Marseille Pont-de-Vivaux » existe depuis 1993. « Comme nous déménageons début février prochain au 7 boulevard Saint Jean, nous prenons désormais le nom de « Equipe Saint Vincent Marseille La Capelette » mais nos actions sur le terrain restent identiques, confie Lucie Talafré, membre de l’équipe. Notre activité principale consiste à distribuer des colis alimentaires pour les personnes en précarité du 10e arrondissement. Nous sommes la seule association du quartier à proposer ces colis. Nous avons également une braderie vestimentaire. Nous sommes une petite association avec un budget modeste et une équipe d’une douzaine de bénévoles. Toutes les religions sont représentées dans l’équipe et nous œuvrons au quotidien en parfaite unité. » L’équipe Saint Vincent Marseille La Capelette accueillera les familles dans ses nouveaux locaux à partir du 4 février. En 2024, elle a distribué près de 18 tonnes de marchandises, à raison de deux fois par semaine les mardis et jeudis après-midi et, actuellement, aide environ 300 familles.
Maurice d’Agaune, ou saint Maurice, et ses compagnons coptes venus de Thèbes (soldats thébains), martyrs du Valais, sont des chrétiens morts pour leur foi sous l’empereur Dioclétien au début du IVe siècle (vers 303). Le récit de leur martyre est, en partie seulement, altéré de légende. Celle-ci est née de l’invention de corps de martyrs, de la tradition de saint Maurice d’Apamée importée peut-être par le moine Jean Cassien, mais aussi du souvenir encore vivant de la legio Felix. Cependant la thèse de l’École des chartes de Jean-Marie Theurillat a précisé les évènements historiques en les dégageant du merveilleux dont la piété les avait enjolivés ; une meilleure connaissance du remaniement des structures de l’armée romaine à la fin du IIIe siècle a fait tomber les objections historiques et techniques, et surtout les fouilles archéologiques entreprises au pied du rocher d’Agaune « ont pleinement confirmé l’existence et le rôle de l’ensemble funéraire édifié par saint Théodore pour recueillir les restes des martyrs entre 370 et 380. »
Saint Maurice est fêté le 22 septembre ou parfois le 27 décembre par confusion avec Maurice d’Apamée.
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