On suppose que la Reynarde a tiré son nom du fait qu’autrefois les bois des environs étaient remplis de Renards. La terre de la Reynarde, qui appartenait en 1557 à François Turc, fut érigée en fief lors de l’acquisition qui en fut faite par le marquis du Muy, en 1715, et quelque temps après, en 1723 en comté, par lettres-patentes du roi. Le comté de la Reynarde n’est à cette époque habité que par un certain nombre de fermiers du seigneur. On assure qu’il en retirait tous les ans plus de quarante mille livres de rente. Le château appartiendra également aux Félix, noble famille originaire d’Avignon, puis établie à Aix-en-Provence et à Marseille, dont plusieurs branches se sont séparément agrégées à la noblesse au xvie siècle et au xviiie siècle. La dernière branche noble s’est éteinte en 1903. En 1814 ce château reçut la visite de Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, douairière d’Orléans. La rénovation du château a été réalisée vers 1850, il est alors acquis par l’armateur Louis Régis en 1868, propriétaire également du Château Régis voisin.
Bien plus tard à la fin du mois d’octobre 1940, le consulat est débordé par le nombre de demandeurs d’un hébergement et Gilberto Bosques décide d’ouvrir des résidences-refuges. Il choisit alors le château de La Reynarde. A partir de la mi-novembre 1940, quelques dizaines de réfugiés espagnols commencent à s’installer sur place et se mettent au travail afin de remettre en état le château et ses dépendances. Un rapport du service des étrangers de la Préfecture indique qu’à la date du 27 novembre 177 hommes sont hébergés. Au siège du consulat, 15 cours-Joseph-Thierry, un système d’admission est mis en place. Evadés des camps, expulsés du département où ils étaient arrivés, réfugiés de la zone occupée, tous affluent vers ce refuge.
Trois semaines après son ouverture, le château de La Reynarde accueille plus de 800 hommes : agriculteurs, artisans, magistrats, ouvriers, universitaires, etc. Le drapeau mexicain qui flotte à l’entrée du château signale le statut diplomatique du lieu et – en principe – l’impossibilité pour la police d’y pénétrer sans autorisation préalable. De fait, les autorités vont respecter ce statut diplomatique pendant quelques mois . Les deux châteaux (la Reynarde et Montgrand) deviennent également des lieux de vie, avec écoles et infirmeries. Des fêtes enfantines, des concerts, des matchs de football y sont organisés).
La fermeture de La Reynarde : en novembre 1941, la préfecture de Marseille avertit le consulat qu’à compter du 1er décembre il ne pourra plus disposer du château de La Reynarde et qu’il doit le vider de ses occupants sans tarder.
Le motif invoqué est le rachat de la propriété par la Compagnie d’électricité de Marseille. Cette opération présente l’avantage de supprimer un refuge pour « indésirables » de plus en plus mal supporté par le régime pétainiste comme par les autorités allemandes. Pendant quelques jours, la plus grande partie des hommes peuvent trouver refuge dans des baraques du château de Montgrand, mais, le 11 décembre 1941, les gendarmes et gardes mobiles investissent aussi cette résidence et emmènent 300 hommes pour les incorporer à des groupes de travailleurs. Le sursis dont bénéficie le château de Montgrand n’excède pas quelques mois : en mai 1942, Gilberto Bosques est prévenu que la location devant s’achever le 30 juin ne sera pas renouvelée. Montgrand ferme à son tour et n’est plus sous la responsabilité du Mexique. Le Secours national autorise quelques réfugiés à y demeurer durant l’automne 1942.
Aujourd’hui
Ce fut la volonté des héritiers de Louis Régis, distribuer leurs châteaux à des bonnes œuvres. La maison abrite le MECS La Reynarde, un centre d’accueil et d’accompagnement de 106 enfants, adolescents et jeunes majeurs dans le cadre des mesures de protection sociale et d’aide à l’enfance. Leur devise, « grandir, s’épanouir, se réaliser« . L’ AMSP est une association régie par la loi du 1 er juillet 1901, qui a pour but d’ accompagner les plus fragiles dans l’exercice de leurs droits fondamentaux, la satisfaction de leurs besoins, et la reconnaissance de leur citoyenneté pleine et entière. Les établissements accueillent, soutiennent, protègent, soignent et développent les capacités des personnes confrontées temporairement ou durablement à des difficultés de vie.