Camp Victor Hugo, 600 réfugiés russes et arméniens

Avenue Général Leclerc, 13003 Marseille
203
Camp Victor Hugo, 600 réfugiés russes et arméniens
Arrondissement : 3ème
L’arrivée massive de réfugiés arméniens en France, dès 1922, est étroitement liée aux bouleversements géopolitiques survenus au Proche-Orient, notamment à l’évacuation de Smyrne, en septembre 1922, et l’entrée des Turcs kémalistes en Cilicie, après le retrait de la France. Environ 58 000 réfugiés arméniens débarquent alors dans le port de Marseille entre 1922 et 1924 ; beaucoup vont s’établir dans des camps de fortune dont 600 au Camp Victor Hugo établi par la Croix-Rouge française tout près de la Gare Saint-Charles.

Elèves du Camp Victor Hugo

Entre le 1er août et le 18 septembre 1923, 3 369 réfugiés arméniens débarquent à Marseille. Ils s’ajoutent aux Russes déjà présents depuis 1921. Avant leur débarquement, les passagers restent trois jours au Frioul pour satisfaire aux opérations de désinfection qui, faute de personnel, se résument à un épouillage et une douche. Les vaccinations ne peuvent être effectuées par la dizaine d’auxiliaires complètement dépassées par cet afflux. Une fois admis à gagner le continent, les émigrants doivent se loger. Les passagers de l’Albano sont dirigés sur le camp Oddo mis à la disposition des réfugiés en 1922. Bien que les effectifs soient limités à 2 500 places, le camp compte 3 369 personnes en septembre 1923 avant l’arrivée des passagers de l’Albano et du Caucase. Le camp sainte Marthe, destiné à recevoir les troupes de passage ou les jeunes recrues héberge en 1923 cinq cents réfugiés de Smyrne.

Limites du camp au Nord Ouest de la Gare St Charles (via twitter David Coquille)

Quant au camp Victor Hugo, situé autrefois sur une zone comprenant une partie de l’actuelle gare Saint Charles, l’Espace Fernand Pouillon de l’Université Aix-Marseille et le Hall Castel. Selon « Marseille racontée par les voyageurs russes du xviiie au xxie siècle. D’après le Corpus national de la langue russe » par Irina Kor Chahine, « le camp hébergeait quelques services d’aide d’urgence : assistance temporaire‚ aide à l’emploi ou encore école. Toutes les classes sociales y étaient représentées. En 1923‚ le camp accueillait près de 600 personnes (russes et arméniens) et trois ans plus tard‚ en 1926‚ la ville de Marseille comptait déjà 3700 Russes‚ principalement des ouvriers d’usine et des travailleurs du port. Mais les conditions de vie misérables dans les baraquements de Victor-Hugo‚ l’absence d’une grande communauté historique russe et le peu de possibilités de travail font que‚ pour les émigrés russes‚ Marseille ne représentait qu’une halte sur leur parcours ; ils poursuivaient leur route vers les régions du Sud-Est‚ du Sud-Ouest et vers le Nord‚ là où se trouvaient des villes plus industrialisées (Lyon‚ Paris‚ Billancourt). Certains décidaient aussi de quitter le Vieux Continent pour commencer une nouvelle vie dans le Nouveau Monde ».

En juin 1925, il reste au camp Victor Hugo une centaine d’enfants, 279 adultes et vieillards. Dans l’esprit des autorités municipales, Marseille ne peut être qu’un lieu de transit. Il n’est donc pas question d’aménager un camp pour émigrants qui fixerait à Marseille une population que l’on souhaite voir partir.


SOURCES ARAM & Marseille racontée par les voyageurs russes du xviiie au xxie siècle. D’après le Corpus national de la langue russe » par Irina Kor Chahine
PHOTOS ARAM & Twitter David Coquille & archives 13
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