Bernard Tapie, le Boss, 1943-2021

Cimetière Mazargue, 13009 Marseille
1187
Bernard Tapie, le Boss, 1943-2021
Arrondissement : 8ème
En ce 3 octobre 2021, beaucoup de marseillais diront avoir perdu leur papa ou encore, leur boss, celui a qui a redonné à l’OM de la fierté et la première étoile du football français (mais aussi la rétrogradation en ligue 2), celui qui a combattu en tant que député l’essor du Front National à Marseille, ou encore relancé le journal La Provence. L’émotion populaire et médiatique a été immense le jour de l’annonce de son décès. Bernard Tapie a bénéficié d’un hommage national de la presse digne des plus grandes personnalités françaises tandis que la foule se pressait autour d’une chapelle ardente improvisée devant le Stade Vélodrome. Partisans ou adversaires, tous on souligné la personnalité hors norme de cet homme atypique et multiple, tour à tour business man, Ministre, acteur, chanteur…un charmeur, un fonceur généreux, un battant au parcours fulgurant mais freiné à maintes reprises par la justice et la maladie. Parisien de naissance et aussi le jour de sa mort, c’est pourtant à Marseille dont il avait comprit tous les codes et usages qu’il sera célébré le 8 octobre 2021 lors d’un vibrant hommage populaire autour du Vieux-Port jusqu’à la Cathédrale de la Major, avant de rejoindre le Cimetière de Mazargues proche du Vélodrome, un nouveau lieu de pèlerinage en attendant sa statue. En septembre 2023, la série Tapie, interprétée par Laurent Lafitte revient sur la vie de l’homme d’affaires, mais sans l’aval de la famille de l’intéressé. Retour sur son parcours issus de sa fiche wikipedia, très complète et sans complaisance, entre zones de lumière et part d’ombre.

Bernard Tapie naît le 26 janvier 1943 dans le 20e arrondissement de Paris. Il est le fils de Jean-Baptiste Tapie, ouvrier ajusteur-fraiseur puis frigoriste, puis patron de PME, né le 18 juillet 1920 à Niaux, en Ariège, d’une famille paysanne pauvre, et de Raymonde Nodot (décédée en 2013), aide-soignante. Son grand-père Léonce, cheminot natif de Villeneuve-d’Olmes, s’était installé en 1923 avec sa famille au Blanc-Mesnil, dans la banlieue nord de Paris. Il s’invente un cursus scolaire qui aboutit à l’école d’électricité industrielle de Paris et l’obtention d’un diplôme de technicien en électronique alors qu’il « a vraisemblablement pour seul bagage un certificat d’études primaires ». Outre ce parcours scolaire romancé, il « perpétuera la tradition du mensonge dans d’autres domaines pour se concocter un itinéraire décent et aguicheur » selon le journaliste Christophe Bouchet. Il effectue son service militaire au 93e régiment d’infanterie au camp de Frileuse, dans le département des Yvelines. Il rejoint les EOR à Montpellier mais échoue aux examens pour devenir officier et quitte l’armée en octobre 1963. Il tente une carrière dans le cinéma et le théâtre sous le nom de Bernard Pascal, puis une carrière de chanteur chez RCA sous le nom de Bernard Tapy, sans succès. Il poursuit le façonnage de sa succes story en s’inventant une carrière d’ingénieur chez Panhard (il n’y est que prospecteur) et de coureur automobile de Formule 3 chez Matra, carrière à laquelle il renonce après un accident dans une Lotus qui le laisse quasiment indemne (et non trois jours dans le coma comme le rappellent les médias).

Il aurait trouvé sa voie dans les affaires par la suite. Entrepreneur (1966-1980) Libéré de ses obligations militaires, il vend en porte-à-porte des téléviseurs pour un petit magasin à l’enseigne Téléconfiance. En 1966, il ouvre Cercle n°1, son propre magasin d’équipements pour la maison, qui périclite en quelques années. Il fonde en 1969 un groupement d’achat, le Club Bleu, destiné aux achats en gros par les comités d’entreprise qu’il revend par la suite. En 1974, il fonde avec Maurice Mességué la société Cœur Assistance, pour proposer, sur abonnement payant, un boîtier portable déclenchant une alarme en cas de crise cardiaque et appelant une ambulance. Après trois ans d’existence, le projet est abandonné suite à une plainte pour défaut de consultation déposée par l’Ordre des médecins. Il est condamné, en 1981, à un an de prison avec sursis pour publicité mensongère montrant cinq ambulances alors que sa société n’en a que deux, et infraction aux lois sur les sociétés en tant qu’animateur de l’entreprise.

Repreneur d’entreprises (1980-1986)

Avec Marcel Loichot, il devient « ingénieur-conseil » chez SEMA spécialisé en redressement d’entreprises. En 1977, il se spécialise dans le rachat d’entreprises en dépôt de bilan. Comme le 23 octobre 1980, à la suite du dépôt de bilan de la société Manufrance prononcé par le tribunal de commerce de Saint-Étienne, sans réussir à mettre la main sur les actifs de l’entreprise, il obtiendra l’exploitation de la marque Manufrance. Il fait ensuite parler de lui dans les médias pour la première fois en 1980 après avoir racheté très en dessous de leur valeur les châteaux de l’ancien dictateur centrafricain Bokassa, en lui faisant croire que ses châteaux allaient être saisis par les autorités françaises. Bokassa ayant porté plainte, le tribunal d’Abidjan fait annuler la vente, ce qui est confirmé le 10 décembre 1981 par un jugement exécutoire du tribunal de grande instance de Paris. Dans les années 1980, Bernard Tapie accélère le rythme des rachats d’entreprises. Ses sociétés les plus connues sont Terraillon, rachetée 1 franc en 1981 et revendue 125 millions de francs en 1986 à l’Américain Measurement Specialities ; Look, rachetée 1 franc en 1983 et revendue pour 260 millions de francs en 1988 au propriétaire des montres suisses Ebel ; La Vie claire, rachetée 1 franc en 1980 et revendue à Distriborg par le CDR, Consortium de réalisation du Crédit Lyonnais en 1995 ;

Testut, rachetée 1 franc en 1983 et revendue par le CDR en 1999 au groupe américano-suisse Mettler Toledo ; Wonder, rachetée 1 franc en 1984 et revendue 470 millions de francs en 1988 à l’Américain Ralston ; Donnay, rachetée 1 franc en 1988 et revendue 100 millions de francs en 1991 à la région wallonne. En 1986, une publicité met en scène Bernard Tapie avec le slogan « Je marche à la Wonder ».

Patron d’équipes sportives (1984-1994)

Cyclisme
Passionné de sport, Bernard Tapie utilise sa fortune acquise dans les années 1980 pour constituer une équipe cycliste autour de Bernard Hinault, alors quadruple vainqueur du Tour de France, mais licencié par sa précédente équipe cycliste, Renault, à la suite d’un différend avec son directeur sportif Cyrille Guimard. L’équipe La Vie claire est montée en 1984. Bernard Hinault y remporte son troisième Tour d’Italie et son cinquième Tour de France en 1985, puis Greg LeMond remporte un nouveau Tour de France pour l’équipe La Vie claire en 1986.

Football
Bernard Tapie décide de tenter la même réussite dans le football, en répondant en 1986 à l’invitation d’Edmonde Charles-Roux, épouse du maire de Marseille Gaston Defferre, de reprendre l’Olympique de Marseille (OM). Ancienne gloire du football français, l’OM végète alors à la quinzième place du championnat de France et n’a plus gagné de titre depuis 1976. Il rachète l’OM, en grosse difficulté financière et sportive, pour 1 franc symbolique. Sous sa direction, le club engage de nombreux jeunes joueurs espoirs qui deviendront, au fil des années, des stars, parmi lesquels les Français Jean-Pierre Papin, Éric Cantona, Basile Boli, Didier Deschamps, Marcel Desailly, Fabien Barthez, le Ghanéen Abedi Pelé, l’Anglais Chris Waddle, le Croate Alen Bokšić et enfin le Brésilien Sonny Anderson. Il recrute également des valeurs sûres plus expérimentées telles qu’Alain Giresse, Manuel Amoros, Jean Tigana, Enzo Francescoli, Carlos Mozer et le Yougoslave Dragan Stojković, ainsi que Raymond Goethals au poste d’entraîneur. L’Olympique de Marseille remporte quatre titres de Champion de France consécutifs de 1989 à 1992, joue quatre finales de Coupe de France dont une gagnée en 1989, deux demi-finales de Coupe d’Europe (Coupe des coupes 1988, Coupe des clubs champions 1990) et deux finales de Ligue des champions, dont une gagnée en 1993 face au Milan AC, qui reste la seule remportée par un club français à ce jour.

Reprise d’Adidas
Ses succès dans les affaires permettent à Bernard Tapie de réunir en dix ans une fortune qui fait de lui, à l’aube des années 1990, l’une des vingt premières fortunes de France. Il décide alors de reprendre une société qui représente la synthèse de sa passion pour les affaires et pour le sport, l’équipementier sportif Adidas, qu’il qualifie « d’affaire de sa vie ». L’entreprise allemande, no 1 mondial de l’équipement et du textile mondial, est alors en perdition. Rendue démodée par Nike et Reebok et devenue non compétitive par ses coûts de production en Allemagne, elle est au bord de la faillite lorsque Bernard Tapie en devient propriétaire. Le plan de restructuration comprend la délocalisation d’une partie de la production en Asie, la redéfinition des politiques commerciales et de la relation avec les distributeurs. Sur le plan du marketing, l’image est modernisée par le nouveau logo de la marque, le triangle à trois bandes, remplaçant la fleur de lotus dès 1991, Bernard Tapie ayant débauché le styliste de Nike, Rob Strasser. Le plan de restructuration est lourd pour l’entreprise, dont les comptes restent déficitaires pendant 2 ans (1991, 1992). Mais il porte ses fruits, puisqu’à partir de 1993, la société se révèle à nouveau rentable. Devenu ministre, Bernard Tapie décide de mettre en vente Adidas et en confie le soin à sa banque partenaire historique, le Crédit lyonnais. Cette vente donnera lieu au conflit entre l’homme d’affaires et la banque, l’affaire Adidas, Bernard Tapie affirmant que le Crédit lyonnais s’est vendu l’affaire à lui-même via des sociétés offshore pour se réserver l’essentiel de la plus-value de la vente.

Animateur de télévision (1986-1988)
Invité d’abord dans les émissions culturelles et politiques (Le Grand Échiquier, 7 sur 7, etc.), Bernard Tapie génère des hausses d’audience en raison de son style très direct, qui rencontre un certain succès. Aussi des émissions plus « grand public » le réclament, habituellement davantage dévolues aux chanteurs et aux acteurs (Gym Tonic, Le Jeu de la vérité, Champs-Élysées, Les Grosses Têtes, etc.). Bernard Tapie devient ainsi une personnalité médiatique populaire, surtout auprès des jeunes (dont il est alors la personnalité française préférée) et chez les femmes (qui le considèrent alors comme le deuxième homme de France le plus séduisant après Alain Delon). Il est nommé « Homme de l’année 1984 » par les médias.

Cette popularité l’amène à s’intéresser à un projet d’émission de télévision envisagé et soutenu par Alain Carignon, alors ministre, mais qui finalement n’aboutira pas.

Elle lui permet toutefois de créer l’émission Ambitions entre février 1986 et février 1987, dont le but est d’aider un jeune dont le projet a été sélectionné sur dossier à monter son entreprise en direct. Il fonde également à partir de 1986 des écoles de commerce exclusivement réservées aux jeunes au chômage ou sans formation scolaire. La première ouvre à Béziers, puis viendront les écoles de Marseille, Ambert, Soissons, Namur (Belgique), Martigny (Suisse) et enfin Vichy, cette dernière réservée à des femmes. Financées exclusivement par Bernard Tapie sur ses fonds propres, ces écoles fermeront en 1994 lorsqu’il sera déclaré en faillite.

Parcours politique (1988-1997)

Lancement par François Mitterrand

François Mitterand

Avant d’être lancé par François Mitterrand, Bernard Tapie — qui est considéré comme un homme de droite par son ancienne collaboratrice Noëlle Bellone — aurait rencontré Jacques Toubon, alors secrétaire général du RPR, pour obtenir une investiture dans une circonscription à Marseille. Malgré le soutien de Charles Pasqua, le parti gaulliste refuse. La carrière politique de Bernard Tapie démarre véritablement après une rencontre avec François Mitterrand à la fin de 1987, à l’initiative de leur ami commun Jacques Séguéla. Le président de la République souhaite se représenter en 1988 sur le thème de l’ouverture et cherche des personnalités non politiques pour rejoindre son projet. Le Parti socialiste, dont les lieutenants voient d’un mauvais œil l’entrée de Bernard Tapie en politique, lui réserve la sixième circonscription des Bouches-du-Rhône, historiquement à droite et réputée « imprenable ». Bernard Tapie accepte et se présente sous l’étiquette « Majorité présidentielle » aux élections législatives de Marseille en 1988. Pour mener une campagne éclair, il s’entoure du député européen Charles-Émile Loo et de proches du milieu corso-marseillais. Selon son ancien attaché parlementaire Marc Fratani, il tente en vain d’obtenir du responsable local du FN, Ronald Perdomo, le maintien du candidat frontiste pour affaiblir le candidat UDF. Il organise également un faux attentat à la bombe contre sa permanence « pour sensibiliser les indécis » à la veille du scrutin.

Il perd de 84 voix face à Guy Teissier, mais le Conseil constitutionnel constate des irrégularités dans le comptage des votes de Guy Tessier et annule l’élection. Il se représente en 1989 avec comme suppléant le professeur Jean-Claude Chermann, co-découvreur du virus du sida, sous l’étiquette « Majorité présidentielle » et obtient 41,8 % des voix au premier tour face à Guy Teissier, puis est élu député au second tour avec 50,9 % des voix, à la surprise générale. François Mitterrand dira même que cette victoire est ce qui l’a le plus « épaté » au cours de ces législatives.

Engagement contre le Front national
Sa première intervention médiatique nationale est un débat face à Jean-Marie Le Pen, en septembre 1989, sur le thème de l’immigration, en direct sur TF1. L’émission devait accueillir les principaux leaders des formations politiques de l’époque (PS, PC, RPR, UDF), mais, informés que Jean-Marie Le Pen serait présent, tous se désistent. La chaîne se trouve sans contradicteur pour affronter le président du Front national en débat. Apprenant la situation, Bernard Tapie se propose. À l’issue du débat, qui est un succès d’audience, la haine réciproque entre Bernard Tapie et le FN s’accroît. Aussi, en 1992, lors de sa campagne pour les régionales en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Tapie assiste à un meeting du FN à Orange.

Se voyant proposer par Bruno Gollnisch de prendre la parole, il dénonce un manque d’humanité au sujet de l’immigration à Orange. Le 29 janvier 1992, il tient son propre meeting dans lequel il attaque les électeurs du FN : « Si l’on juge que Le Pen est un salaud, alors ceux qui votent pour lui sont aussi des salauds ». La phrase fait scandale et lui vaut des injures sur son passage de la part des électeurs du FN. La gauche subit une défaite sur quasiment tout le territoire français lors de ces élections, et c’est Jean-Claude Gaudin (UDF-PR) qui est réélu président de région avec une majorité relative. Néanmoins, le score de la liste Énergie Sud de Bernard Tapie est jugé, comme pour son élection législative de 1988, honorable.

Pierre Bérégovoy

Ministre de la Ville sous Bérégovoy
Pierre Bérégovoy, dans le gouvernement duquel Bernard Tapie est par deux fois ministre de la Ville. Lorsque François Mitterrand décide en avril 1992 de remplacer son Premier ministre, Édith Cresson, par Pierre Bérégovoy, il impose à ce dernier la présence de Bernard Tapie au sein du gouvernement. Le président demande toutefois à celui-ci de se retirer totalement des affaires, François Mitterrand considérant incompatibles la position de ministre et celle d’homme d’affaires de haut niveau. Appelé par Pierre Bérégovoy, Bernard Tapie se dit « fou de joie », accepte de quitter les affaires mais demande en contrepartie que soit créé un ministère sur mesure : le ministère de la Ville, chargé de s’occuper des problèmes des quartiers difficiles. Il cède son poste de député à son suppléant Jean-Claude Chermann. Selon William Karel, bon nombre d’observateurs postérieurs reprochent la nomination de Tapie ministre, qu’ils considèrent comme une trahison de l’idéal socialiste et de Mitterrand, qui fustigeait, lorsqu’il était dans l’opposition, la finance et le capital. Mais son passage au ministère sera court : il est attaqué par Georges Tranchant, député RPR des Hauts-de-Seine et propriétaire de la holding Finindusco, qui regroupe vingt-quatre casinos et une quarantaine de sociétés, pour abus de biens sociaux dans une société de distribution de la marque Toshiba en France dans laquelle il était associé de Bernard Tapie.

Premier ministre à faire les frais de la jurisprudence Bérégovoy-Balladur qui contraint à démissionner du gouvernement en cas de mise en examen, Bernard Tapie démissionne de son poste, le 23 mai 1992. Il obtient un non-lieu en décembre 1992 et réintègre le gouvernement Bérégovoy le même mois37. Le retour de Bernard Tapie au gouvernement crée un malaise chez certains socialistes, emmenés par le député de Corrèze François Hollande, qui déclare : « La première fois, c’était une erreur. La deuxième, c’est une faute ».

Hommage des supporters marseillais le 8 octobre 2021

Second mandat de député
Aux élections législatives de mars 1993, la gauche est balayée. Le gouvernement d’Édouard Balladur remplace celui de Pierre Bérégovoy. Lors de ces élections, Bernard Tapie se présente dans la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône, malgré l’affaire VA-OM. Il se qualifie pour la triangulaire du second tour face à Hervé Fabre-Aubrespy (RPR) et Damien Bariller (FN), directeur de cabinet de Bruno Mégret. Jean-Marie Le Pen, qui a donné consigne à l’ensemble de ses candidats de se maintenir au second tour, reçoit Bernard Tapie après le premier tour dans sa résidence de Montretout. L’historienne Valérie Igounet indique à ce sujet : « Bernard Tapie aurait demandé à Jean-Marie Le Pen de maintenir son candidat « pour faire barrage » à celui de la droite. Jean-Marie Le Pen accepte. Il impose au Bureau politique, contre l’avis de Bruno Mégret, le maintien de Damien Bariller. Aux législatives de 1993, Jean-Marie Le Pen aurait donc favorisé la candidature de Bernard Tapie aux dépens d’une éventuelle victoire de Bruno Mégret, en confirmant la présence d’un candidat FN ». Cette version est confirmée par Lorrain de Saint Affrique, conseiller de Jean-Marie Le Pen, Marc Fratani, attaché parlementaire de Bernard Tapie, et Jean-Marie Le Pen lui-même, alors que Bernard Tapie nie tout accord politique. Bernard Tapie est élu député avec 44,48 % des voix. Aux élections cantonales de 1994, il est élu au second tour dans le cinquième canton de Marseille, avec près de 68 % des voix. Les experts politiques ne voient pourtant dans ces divers succès, tous acquis dans les Bouches-du-Rhône, que la popularité restante du président de l’OM, et estiment « finie » la carrière politique de Bernard Tapie sur le plan national. Seul François Mitterrand croit toujours en sa chance d’un destin national et lui conseille de se doter d’un parti politique, ce que Bernard Tapie fait en rejoignant le Mouvement des radicaux de gauche (MRG) dès la fin 1993.

Hommage des supporters marseillais le 8 octobre 2021

Élections européennes de 1994
Michel Rocard, qui conduit aux élections européennes de 1994 la liste socialiste, arrivée seulement deux points devant la liste Énergie radicale de Bernard Tapie. À l’approche du scrutin national des élections européennes de 1994, Bernard Tapie sollicite une réunion avec Michel Rocard, tête de liste du PS, pour discuter de l’union des listes socialistes et radicales. Sur les conseils de son état-major politique, convaincu que l’image de Bernard Tapie à la suite de l’affaire VA-OM ne peut faire que baisser le score de la gauche, et que son réservoir de voix est trop faible pour lui permettre de conduire sérieusement une liste seul, Michel Rocard refuse de tenir une réunion, ni même un entretien, avec Bernard Tapie. Vexé, celui-ci interroge François Mitterrand sur l’opportunité ou non selon lui de conduire sa propre liste, pari risqué compte tenu des sondages qui le créditent d’à peine 3 % des voix, le MRG pesant à lui tout seul moins de 1 % lors des élections nationales. Mais François Mitterrand convainc Bernard Tapie de faire campagne. « Dans un sens ou dans l’autre, vous serez fixé sur votre avenir politique : la vérité ne sort que des urnes », argumente le Président de la République. Le 12 juin 1994, à la stupéfaction générale, la liste Énergie radicale conduite par Bernard Tapie, qui a fait la campagne la plus pro-européenne sur le thème de l’Europe fédérale, dans un scrutin marqué au contraire par le succès des listes anti-européennes, obtient 12,03 % des voix à seulement deux points de la liste du PS conduite par Rocard, ce qui scelle le destin politique de ce dernier, qui en gardera une rancune tenace à l’égard de Bernard Tapie, affirmant qu’il a été abattu par « un missile nommé Bernard Tapie tiré depuis l’Élysée ».

Hommage des supporters marseillais le 8 octobre 2021

Interruption due aux affaires
Cependant, longtemps pressenti pour la mairie de Marseille aux élections municipales de 1995, Bernard Tapie doit renoncer en raison des poursuites judiciaires. En effet, le procès VA-OM se déroule en première instance en mars 1995. Il est condamné le 15 mai 1995 à deux ans de prison dont un ferme, peine ramenée en appel en novembre 1995 à deux ans de prison, dont huit mois ferme, et une inéligibilité de trois ans. C’est la peine la plus sévère jamais prononcée en France relative à une affaire de football. Tapie est le seul protagoniste de l’affaire VA-OM, et de toutes les affaires de corruptions dans le football jamais portées devant la justice en France, le premier à purger une peine de prison ferme. À la suite de sa condamnation dans cette affaire, il sera déchu de son mandat de député le 5 septembre 1996. Ses ennuis judiciaires vont mettre un terme à sa carrière politique. Il ne s’est plus présenté à une élection depuis lors, malgré son éligibilité retrouvée en 2003, se contentant de soutenir publiquement certains candidats à la présidentielle. Ainsi, il appelle à voter « contre Jean-Marie Le Pen » au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002. Pour l’élection présidentielle de 2007, il affirme, avant les primaires socialistes, sa préférence pour Dominique Strauss-Kahn, qu’il qualifie de « candidat idéal » mais celui-ci n’est pas désigné. En mars 2007, Bernard Tapie apporte son soutien à Nicolas Sarkozy, jugeant que le programme de Ségolène Royal lui semble « peu clair » et que la candidate « manque d’expérience » en comparaison de son adversaire. Aussitôt exclu du PRG, il annonce qu’il le réintègre en 2010 « dans un but purement militant ». Une semaine après le second tour des élections régionales de 2015, il annonce qu’il a « décidé de revenir en politique », avec comme objectif de faire barrage au Front national et de lutter contre le chômage.

Affaires judiciaires (1981-2021)

Affaire des châteaux de Bokassa
En décembre 1981, le tribunal civil de Paris rend exécutoire un jugement du tribunal d’Abidjan qui annule l’achat par Bernard Tapie de sept châteaux et hôtels de Jean-Bedel Bokassa, empereur de Centrafrique tout juste renversé du pouvoir. L’homme d’affaires, qui est condamné à payer 100 000 francs de dommages et intérêts, avait obtenu cette vente à très bon marché (12,5 millions de francs, soit environ 10 % de la valeur réelle des biens selon les estimations) en persuadant l’ancien chef de l’État d’une confiscation imminente de ses propriétés par le fisc français.

Couronne funéraire des supporters des Ultras de l’OM

Affaire Adidas l’opposant au Crédit lyonnais
À la fin de l’année 1992, Bernard Tapie, devenu ministre, souhaite vendre Adidas pour éviter tout conflit d’intérêts, comme le réclame François Mitterrand. Il confie un mandat de vente à la SDBO, filiale du Crédit lyonnais. Le prix de vente pour Adidas est fixé par Bernard Tapie à un minimum de 2,085 milliards de francs. Le 15 février 1993, Adidas est vendue par la SDBO au prix fixé par l’homme d’affaires. Mais Bernard Tapie est mis en faillite par le Crédit lyonnais en mars 1994, la banque cassant le mémorandum signé avec lui. Bernard Tapie affirme que le Crédit lyonnais a effectué à son insu un montage opaque par lequel l’établissement bancaire a revendu Adidas à un groupe d’investisseurs, dont deux sociétés offshore, lui permettant d’engranger une plus-value de 2,6 milliards de francs en cas de redressement d’Adidas. Il accuse le Crédit lyonnais d’avoir manqué à son obligation de loyauté, qui obligeait le Crédit lyonnais à l’informer du fait qu’il pouvait vendre son affaire plus cher qu’au prix minimum fixé, ainsi qu’à l’interdiction de se porter acheteur du bien qu’il était chargé de vendre au mieux des intérêts de son client. Tapie accuse également les dirigeants du Crédit lyonnais, nommés par les socialistes, d’avoir voulu l’éliminer politiquement alors que sa liste était arrivée juste derrière celle du PS aux élections européennes. En novembre 1996, le tribunal de commerce de Paris condamne le Consortium de réalisation (CDR) à verser à Bernard Tapie une provision de 600 millions de francs. En jouant sur une spécificité du droit français qui dispose que « le pénal tient le civil en l’état », le jugement en appel se voit retardé jusqu’en 2004, lorsque la cour d’appel de Paris autorise une médiation entre Bernard Tapie et l’État, seul propriétaire du CDR, pour un accord amiable ; mais la médiation échoue. En 2005, neuf ans après le premier jugement, la cour d’appel condamne le CDR à payer 135 millions d’euros à Bernard Tapie. En 2006, la Cour de cassation, saisie par le CDR à la demande du gouvernement, casse le jugement de la cour d’appel, sans se prononcer sur le fond du dossier. En 2007, toutes les parties décident de recourir à un arbitrage en droit.

Cercueil de Bernard Tapie, le 8 octobre 2021 en direction de la Major

Ce choix reçoit également le soutien du gouvernement en la personne de Christine Lagarde, ministre de l’Économie, qui estime que l’affaire fait courir un risque de condamnation financière trop élevé à l’État (jusqu’à sept milliards d’euros selon le CDR). Les arbitres choisis sont Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Denis Bredin, universitaire et avocat, et Pierre Estoup, ancien président de la cour d’appel de Versailles. En juillet 2008, le tribunal arbitral rend une sentence favorable à Bernard Tapie : 243 millions d’euros à titre matériel, 115 millions d’euros au titres des intérêts de majoration du préjudice datant de 1993, et 45 millions d’euros de préjudice moral, soit 403 millions d’euros au total. Cette décision crée une forte polémique, en particulier le montant du préjudice moral. Christine Lagarde décide de ne pas contester la sentence arbitrale, tandis que les recours déposés par des députés de l’opposition devant les juridictions administratives sont rejetés. Bernard Tapie est entendu par la commission des Finances de l’Assemblée nationale. L’affaire rebondit en 2011 à l’initiative de Jean-Louis Nadal, procureur général près la Cour de cassation, qui saisit la Cour de justice de la République, l’entité compétente pour juger des ministres, à l’encontre de Christine Lagarde pour « abus d’autorité ». La CJR met Christine Lagarde en examen pour le seul chef de « négligence ». Jugée pour ce chef d’accusation en 2016, elle est condamnée mais dispensée de peine en raison de sa « réputation internationale », étant devenue entre-temps directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). En 2015, la cour d’appel de Paris condamne Bernard Tapie à rembourser les 403 millions d’euros perçus lors de l’arbitrage en 2008. En février 2020, la cour d’appel de Paris fixe à 438 millions d’euros le montant de la dette de Bernard Tapie dans l’affaire de l’arbitrage. En mars 2020, la cour d’appel de Paris confirme le placement en redressement judiciaire des sociétés de Bernard Tapie. Le mois suivant, le tribunal de commerce de Bobigny rejette le plan de redressement des sociétés du groupe Tapie et prononce leur liquidation judiciaire. En décembre 2017, les juges d’instruction chargés du dossier décident, au terme d’une instruction de plus de cinq ans, de renvoyer devant le tribunal correctionnel Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne, l’ancien directeur de cabinet de la ministre de l’Économie Christine Lagarde Stéphane Richard, l’arbitre Pierre Estoup, Jean-François Rocchi, ancien directeur du CDR, ainsi que Bernard Scemama, ancien président de l’Établissement public de financement et de restructuration (EFPR), autre entité alors chargée, avec le CDR, de gérer les dettes du Crédit lyonnais58. Le jugement, rendu le 9 juillet 2019, relaxe Bernard Tapie ainsi que tous les autres prévenus des fins de la poursuite. Le parquet de Paris fait appel de la relaxe générale. Le procès en appel se déroule en mai-juin 2021, en l’absence de Bernard Tapie, affaibli par son cancer. Le parquet général requiert contre lui cinq ans de prison avec sursis et 300 000 euros d’amende. La mort de Bernard Tapie, en octobre suivant, met fin à la procédure pénale.

Hommage des supporters marseillais le 8 octobre 2021

Affaire VA-OM
En juin 1993, alors que Bernard Tapie vient de perdre son poste de ministre, et s’apprête à remporter avec son club de football, l’Olympique de Marseille, la prestigieuse Ligue des Champions, démarre l’affaire VA-OM. Le 22 mai, le club nordiste de l’US Valenciennes-Anzin, qui venait de recevoir l’Olympique de Marseille en championnat six jours avant la finale de Ligue des Champions OM-Milan AC, révèle l’existence d’une tentative de corruption. Le défenseur valenciennois Jacques Glassmann a confié à son entraîneur Boro Primorac que Jean-Jacques Eydelie, un joueur de Marseille qui fut auparavant l’un de ses coéquipiers, l’a contacté par téléphone avant le début de la rencontre, lui promettant une somme d’argent pour lui et deux autres joueurs valenciennois, Jorge Burruchaga et Christophe Robert, pour qu’ils « lèvent le pied » et que les Marseillais arrivent sans blessure à Munich pour la finale de la Ligue des Champions. En juin, la Ligue nationale de football (LNF), alors présidée par Noël Le Graët, porte plainte contre X et Éric de Montgolfier, procureur de la République de Valenciennes, ouvre une information judiciaire. Jean-Pierre Bernès, directeur général de l’OM, Jean-Jacques Eydelie, Jorge Burruchaga, de même que Christophe Robert et son épouse sont mis en examen par le juge d’instruction Bernard Beffy après les aveux de Robert et la découverte de 250 000 francs (environ 38 000 euros) dissimulés dans le jardin de ses parents. Les époux Robert désignent Jean-Pierre Bernès, directeur général de l’OM, comme instigateur de la tentative de corruption. Celui-ci nie d’abord les faits, et est placé en prison plusieurs semaines à titre préventif. Puis il déclare qu’il est bien à l’origine de la tentative de corruption mais qu’il a agi sur ordre de Bernard Tapie, qui est mis en examen à son tour, d’abord au titre de la corruption, puis au titre de tentative de subornation de témoin, l’entraîneur de Valenciennes affirmant que Bernard Tapie l’a rencontré à son bureau et lui a demandé de déclarer une version le disculpant. Comme toujours avec Bernard Tapie, cette affaire divise profondément l’opinion. Les uns y voient la révélation suprême de l’arrivisme et de l’amoralité de Bernard Tapie ; les autres voient dans les proportions prises par cette affaire, qui concerne un match de football, la révélation d’une chasse à l’homme avant tout politique : l’affaire VA-OM a fait l’objet d’une couverture télévisuelle supérieure à l’affaire du titre non attribué aux grenoblois la même année en rugby et même à celle de la guerre du Golfe de 1991.

Hommage des supporters marseillais le 8 octobre 2021

Mise en faillite de l’Olympique de Marseille
En parallèle, l’affaire VA-OM conduit également son club, l’Olympique de Marseille, à la faillite. En effet l’OM, comme tous les clubs de football, dispose de contrats d’engagement de salaires de ses joueurs sur des durées généralement comprises entre un et cinq ans, avec une moyenne de deux à trois ans, les salaires des joueurs représentant l’essentiel des charges d’un club de haut niveau. À la suite de l’affaire VA-OM, les instances françaises du football français conseillent à l’UEFA, l’instance européenne du football, de ne pas valider la participation de l’Olympique de Marseille aux coupes internationales. Ce qui entraîne un manque à gagner de près de 100 millions de francs dans le budget prévisionnel de l’OM. Les salaires des joueurs ne pouvant pas légalement être baissés en proportion, Bernard Tapie décide de vendre les contrats de certains joueurs.

C’est ainsi que la vente de trois joueurs en cours de saison (Alen Bokšić, Marcel Desailly et Paulo Futre) parvient à combler le déficit créé par la privation de compétitions internationales.

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Par ailleurs, il obtient d’un tribunal suisse (la Suisse étant le siège de l’UEFA) l’annulation de la sanction prise par l’UEFA de priver le club de Ligue des champions. Mais l’UEFA menace de suspendre toutes les équipes françaises de football, y compris l’Équipe de France, de compétition, si l’OM ne retire pas son recours juridique. Noël Le Graët, président de la Ligue, écrit alors une lettre à Bernard Tapie le suppliant d’accepter la sanction (pourtant initiée par la Ligue), écrivant notamment : « Celui qui a mené le football français si haut ne peut pas être à l’origine de sa chute ». Ne souhaitant pas causer des sanctions sur tout le football français, et bien qu’ayant obtenu gain de cause devant la justice suisse, Bernard Tapie choisit de retirer son recours. Mais la Ligue nationale de football n’en aura pas moins de sévérité envers l’Olympique de Marseille : en sanction de l’affaire VA-OM, elle rétrograde le club en Ligue 2, ce qui le conduit à la faillite, les recettes de télévision étant le revenu essentiel des clubs, et celles de Ligue 2 étant dix fois inférieures à celles de Ligue 1. Les spécialistes pensent que l’OM est dans l’incapacité de remonter, puisqu’interdit de recrutement de joueurs non libres et disposant de joueurs de Ligue 1 qui, ne pouvant être payés, deviennent libres et partent dans d’autres clubs (à l’exception de quelques joueurs très attachés à l’OM et préférant rester au club même en Ligue 2 et sans salaire). Mais Bernard Tapie recrute des joueurs internationaux proches de la retraite et donc libres, tel l’Irlandais Tony Cascarino, et les associe à des jeunes prometteurs du centre de formation, et contre toute attente le club gagne le championnat de Ligue 2 1994-1995. Mais toujours en dépôt de bilan, l’OM se voit interdire par la DNCG, présidée par André Soulier, le président du Parti républicain dans le Rhône et adversaire politique déclaré de Bernard Tapie, la remontée en Ligue 1. À la suite de cette décision qu’il juge « scandaleuse », Bernard Tapie déclare que « Tant que je resterai président de l’OM, toutes les décisions relatives au club seront défavorables. Je dois donc partir ». Il démissionne de la présidence de l’OM, disant que ce jour est « l’un des plus tristes de sa vie ». Il y fera un rapide retour en 2001, d’abord pour la fin de saison 2000-2001 où le club, à quatre journées de la fin, est relégable, le stade appelant fréquemment de ses vœux son retour en scandant son nom. À l’appel de son nouveau propriétaire, Robert Louis-Dreyfus, Bernard Tapie revient et le club finit la saison quinzième, premier non-relégable (championnat alors à 18). Bernard Tapie fera la saison suivante en entier en tant que responsable du secteur sportif, le club progressant de la quinzième à la neuvième place. Mais Bernard Tapie ne souhaite pas poursuivre l’expérience, lassé par une lutte interne violente avec le directeur financier, Pierre Dubiton, et par le comportement des joueurs en général qu’il juge « très changé ».

Incarcération de plusieurs mois
L’affaire VA-OM n’atteint pas que l’OM. Elle se solde en 1996 sur une condamnation définitive de Bernard Tapie aux titres de la corruption et de la subornation de témoin. Il est le seul prévenu de l’affaire à recevoir une peine de prison ferme (2 ans dont 8 mois ferme, prononcée en appel). Interrogé en 2009 sur cette singularité par l’équipe de France, le procureur Éric de Montgolfier déclare devant la caméra : « S’il ne s’était pas agi de Bernard Tapie, il ne serait pas allé en prison pour cette affaire. Les faits ne le méritaient pas. Il a payé pour d’autres raisons ». Pour autant, Bernard Tapie va purger sa peine de prison, pendant six mois (sur 8 fermes), les dernières semaines étant effectuées sous le régime de la semi-liberté. Il est d’abord placé à la prison de la Santé, où son entrée en prison, au sein d’un fourgon blindé, est diffusée en direct au journal télévisé. Il purgera le reste de sa détention à Luynes puis la semi-liberté aux Baumettes à Marseille. Interrogé par les médias, le directeur de l’administration pénitentiaire déclare qu’il sera placé dans le « quartier des particuliers ». Bernard Tapie a cependant le droit de recevoir des visites, parmi lesquelles celles de Bernard Kouchner, qui était ministre à ses côtés dans le gouvernement Bérégovoy. Kouchner rapportera qu’il découvre « un Bernard Tapie très affaibli, et pour la première fois, fragile ».

Autres affaires, Affaire Testut, Affaire du Phocéa , Affaire des comptes de l’OM

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Reconversion dans le monde culturel (1995-2012)
Dès 1995, Bernard Tapie est dans l’obligation de se reconvertir : il est en faillite personnelle et donc dans l’interdiction de faire des affaires, il est inéligible en politique, et interdit de fonction dans le football. Le début de sa reconversion se produit dans le cinéma : il tient en 1996 le rôle principal, aux côtés de Fabrice Luchini, dans le film de Claude Lelouch Hommes, femmes : mode d’emploi. Bernard Tapie se remet ensuite à l’écriture. Après le livre Gagner, écrit en 1986, il publie en 1998 Librement, dont il a entamé la rédaction en prison, puis un roman se déroulant dans le milieu du football, Les yeux trop grands (2000). Il enregistre également un single en 1998 C’est beau la vie, avec le rappeur Doc Gynéco. Outre sa rapide carrière de chanteur dans les années 1960, il avait déjà enregistré deux 45-tours (Réussir sa vie et Je t’interdis) écrits par Didier Barbelivien en 1985 au profit de la fondation pour l’enfance de Lino Ventura. Puis, en septembre 1999, il anime sur RMC une émission, Allo Bernard, dans laquelle il discute avec les auditeurs de problèmes de société ou de leurs problèmes personnels. Il commence ensuite sa carrière d’acteur au théâtre, d’abord avec l’adaptation en 2000 du film Vol au-dessus d’un nid de coucou, où il reprend le rôle de Jack Nicholson. À Paris comme en province, la pièce remporte un vif succès et la critique salue la performance de l’acteur. En 2004, il joue dans Un beau salaud, une comédie plus légère, puis, en 2008, dans Oscar, pièce rendue célèbre dans les années 1970 par l’interprétation de Louis de Funès, dont il réécrit une partie des dialogues, et à laquelle participe sa fille Sophie. En octobre 2011, il reprend la pièce de théâtre d’Éric Assous Les Montagnes russes, qu’Alain Delon avait jouée en 2005. En parallèle, il poursuit également une carrière d’acteur et d’animateur à la télévision, où ses scores d’audience demeurent toujours appréciés des chaînes de télévision. De 2000 à 2004, il présente l’émission Rien à cacher sur RTL 9 dans laquelle il interviewe des personnalités. De septembre 2002 à mars 2003, il anime À tort ou à raison, un magazine de débats de société diffusé un lundi sur deux en deuxième partie de soirée sur TF1. En 2004, il s’essaie au rôle de consultant sportif sur TF1 lors de la finale de la Ligue des champions AS Monaco-FC Porto en commentant le match avec Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. En 2005 et 2006, il fait partie des invités permanents de l’émission On refait le match, présentée par Eugène Saccomano et diffusée sur RTL en radio et sur LCI à la télévision. De 2001 à 2008, il tient le rôle principal de téléfilms policiers sur TF1 : Cazas en 2001, puis douze épisodes de la série Commissaire Valence diffusés entre 2003 et 2008.

Retour au monde des affaires (2009-2018)

Investissements
En avril 2009, inactif dans les affaires depuis 1992, Bernard Tapie annonce son intention d’entrer au capital du Club Med. Le fleuron passé du tourisme français connaît en effet depuis 2008 la plus grave crise de son histoire : dirigé par Henri Giscard d’Estaing, fils de l’ancien président de la République, il a vu sa valorisation boursière divisée par dix en dix ans, et compense chaque année ses pertes par la vente de ses actifs. Le 18 juin 2009, Bernard Tapie annonce avoir acquis 1 % du capital pour 2,5 millions d’euros. Mais ne parvenant pas à fédérer les grands institutionnels proches de Giscard d’Estaing et détenant l’essentiel des droits de vote pour changer le management du groupe, il annonce le 15 décembre 2009 qu’il a revendu toutes ses actions. En 2010, Bernard Tapie achète le yacht de luxe de 76 m Boadicea de 1999 qu’il fait entièrement réaménager en palace et rebaptise Reborn (renaissance en anglais) avant de naviguer avec et de le proposer à la location.

Justice belge
En août 2013, le parquet de Bruxelles a ouvert une information judiciaire à l’encontre de Bernard Tapie, à la suite d’une dénonciation de la Cellule de traitement des informations financières (CTIF71). La justice belge entend faire la lumière sur le transfert de 900 000 euros sur un de ses comptes en Belgique le 23 juillet 2013. Des auditions ont eu lieu et les fonds en question ont été saisis. Cette procédure a donné lieu à un non-lieu, la justice belge n’ayant rien trouvé d’anormal dans le transfert de ces fonds qui avaient été versés sur un compte ING en vue de l’installation en Belgique du holding de son fils.

Patron de presse
Le 19 décembre 2012, à la suite d’une recapitalisation partielle de la famille Hersant, via une augmentation de capital de 48 millions d’euros, dont la moitié est apportée par Bernard Tapie et l’autre par Philippe Hersant, Bernard Tapie devient actionnaire à 50 % du groupe Hersant Média (GHM), premier groupe de presse de la région PACA. Il s’implique notamment dans la restructuration de La Provence en recrutant Olivier Mazerolle comme directeur de la rédaction. Certains y voient l’amorce d’un retour en politique à Marseille. Si l’hypothèse a été évoquée, il dément toute volonté de briguer la mairie de Marseille aux élections de 2014. Interviewé par téléphone sur Europe 1 à ce sujet le 22 février 2013, il confirme son désintérêt pour les municipales de Marseille, sa femme prenant même l’appareil pour indiquer qu’un retour en politique serait une « cause immédiate de divorce ». Il présente en revanche une émission intitulée Tapie se met à table dans laquelle il reçoit chacun des candidats à la mairie de Marseille. Alors que l’Élysée a tenté d’empêcher Bernard Tapie de reprendre le groupe Hersant, notamment en poussant François Pinault à se pencher sur le dossier, Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, a, d’après Laurent Mauduit, « lourdement pesé pour que le quotidien La Provence tombe effectivement entre les mains de son ami Bernard Tapie », intervenant « de manière très empressée auprès de François Hollande ».

Une de la Provence au lendemain de sa mort

Maladie et mort (2017-2021)
En septembre 2017, Bernard Tapie annonce souffrir d’un cancer de l’estomac. Il subit des traitements de chimiothérapie et, en janvier 2018, une lourde intervention chirurgicale. La même année, il annonce qu’il souffre d’un double cancer de l’œsophage et de l’estomac. En novembre 2019, il déclare que son cancer s’est étendu aux poumons tout en refusant de se dire en phase terminale. En avril 2021, il évoque avoir également des atteintes aux reins et au cerveau. Dans la nuit du 3 au 4 avril 2021, lui et son épouse sont victimes d’un cambriolage de leur domicile à Combs-la-Ville au cours duquel ils sont violentés et ligotés. Des photographies du couple tuméfié sont ensuite publiées dans la presse. Bernard Tapie meurt le 3 octobre 2021 à 8 h 40, dans son hôtel particulier situé au 52, rue des Saints-Pères à Paris, des suites de son cancer métastasé, à l’âge de 78 ans. Le Premier ministre, Jean Castex, rend hommage à l’homme d’affaires, disant « s’incliner respectueusement devant sa mémoire ». D’autres personnalités politiques (Renaud Muselier, Jean-Marie Le Pen, Benoît Payan, Gérard Larcher) ainsi que les anciens présidents de la République Nicolas Sarkozy et François Hollande déplorent sa disparition. L’après-midi même de sa disparition, un hommage est organisé devant le Stade Vélodrome, au cours duquel des centaines de personnes viennent se recueillir devant un portrait géant de l’homme d’affaire, placé juste devant l’entrée du stade. Une chapelle ardente se tiendra dans le stade Vélodrome, où le cercueil de Bernard Tapie sera exposé au public.

Ses proches annoncent que ses funérailles se dérouleront le vendredi 8 octobre dans la cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille, après quoi Bernard Tapie sera inhumé à Marseille, dans le cimetière Marzagues.


SOURCES Wikipedia Bernard Tapie (reprise intégrale du texte)
PHOTOS  Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Michaël Bemelmans & Gorup de Besanez & Marie-Lan Nguyen & facebook.com/BernardTapieOfficiel & Dauphiné Libéré
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