La demeure est construite vers 1535 aux abords du Vieux-Port, sur la commande du Consul Louis de Cabre, notable influent de la ville. Cette maison de 3 étages est d’un style qui emprunte à l’art gothique et à la Renaissance. L’effigie du propriétaire et de son épouse se trouvent sur la façade du premier étage ainsi que des amours chérubins et la statue de Saint Jacques, en référence à Jacques de Cabre, père de Louis de Cabre. L’Hôtel traverse plusieurs siècles sans trop de dégradations, cependant durant la révolution, les révolutionnaires détruisent les armoiries à fleurs de lys qui ornent la demeure. 150 ans plus tard, les 22, 23 et 24 janvier 1943 se déroule la terrible rafle de Marseille sur le Vieux-Port.
Accompagnés de la police nationale, dirigée par René Bousquet, les Allemands organisent alors une rafle de près de 6 000 personnes. 1 642 personnes sont déportées, dont 782 Juifs (3 977 personnes sont relâchées).
Le quartier est vidé de ses habitants avant sa destruction : environ 20 000 personnes sont évacuées de leur logement. A partir du 1er, les troupes du génie allemand interviennent. Ils détruisent à l’explosif 1 200 immeubles, tout le quartier, soit l’équivalent de 14 hectares qui sont réduits en poussières et en gravats. Quelques bâtiments à valeur historique sont préservés dont la Maison Diamantée et l’hôtel de Cabre. Pendant la reconstruction du quartier, en 1954, la maison de 650 tonnes est déplacée d’un bloc et tournée de 90 ° afin de rentrer dans l’alignement de la Grand-Rue.
C’est pour cette raison que l’on peut lire gravé dans la façade côté Grand-Rue « R. de la Bonneterie » et côté Rue de la Bonneterie on peut lire « Psse St Augustin« .
Durant l’été 2021 ce vestige de la Renaissance était à vendre pour 1,2 million d’euros. Radisson-immobilier, qui commercialise le bien, précisait sur son annonce que la maison de l’Echevin de Cabre bénéficie d’une triple exposition et s’élève sur 4 étages. Il y a tout d’abord un local de 66 m² en rez-de-chaussée, complété d’une réserve en sous-sol, loués par bail commercial. Ensuite se trouve un appartement de 50m² au 1er étage, loué par bail d’habitation. Un appartement de 50m² au 2ème étage est également loué, de même qu’un appartement d’une surface identique au 3ème étage. Enfin, un studio de 23 m² au 4ème étage est actuellement vacant, de même qu’une cave en sous-sol. Les loyers hors charges annuels de l’immeuble représentent un peu plus de 31.000 euros pour une taxe foncière de près de 4.800 euros. Le bien a été acquis en mars 2023 par un promoteur immobilier ciotaden. Lequel s’est vu délivrer un permis pour une “restauration intégrale” de l’édifice. La rénovation aura lieu durant l’été 2024 jusqu’à l’été 2025 par des experts du patrimoine pour un million d’euros, soit le montant du bâtiment lui-même. Son ravalement de façade coûte 6 à 10 fois plus cher que du ravalement classique, avec jusqu’à cinq étapes de nettoyage, sablage au laser, pose de cataplasmes. Ces travaux sont menés en étroite collaboration avec l’agence du patrimoine Archigem et des consultants spécialisés comme Inès Castaldo, docteure en histoire de l’art et historienne, et les bureaux d’étude Naos (Études de la pierre) et SOL.A.I.R (BET Fluides).
L’immeuble, qui appartient à un propriétaire privé, a été inscrit au titre des monuments historiques en 1926. Par la suite les façades et l’ensemble de l’hôtel particulier ont été classés monument historique (le plus haut niveau de protection) par un arrêté du 2 mai 1941, selon la base Mérimée du ministère de la Culture.