Pavillon Fauvel, la quarantaine des 1ère classe, 1881

Chemin de Saint Estève, 13007 Marseille
440
Pavillon Fauvel, la quarantaine des 1ère classe, 1881
Arrondissement : 7ème

Ce bâtiment du Frioul, aujourd’hui disparu était situé entre l’actuelle résidence d’habitation et le Centre Léo Lagrange. Il accueillait en 1881 le Pavillon Fauvel, un établissement pouvant accueillir 64 passagers de lère classe, bloqués ici en quarantaine.

Selon un article de l’association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille, dès 1850 le nouveau directeur de la Santé à Marseille décide d’affecter au lazaret du Frioul, l’hôpital Caroline qui a pris le nom d’hôpital Ratonneau. Les bâtiments sont transformés selon les plans de l’architecte Vauquier pour recevoir des quarantenaires. Les quatre pavillons destinés initialement aux malades de la fièvre jaune et aux convalescents ont été réaménagés. Le pavillon Belsunce comporte 32 chambres, les pavillons Saint Roch et Saint Charles Borrhomée chacun 22 chambres et le pavillon Chevalier Roze 16 chambres et 4 dortoirs de 10 lits chacun. Toujours sur l’île Ratonneau, d’anciens bâtiments sont destinés aux quarantenaires et la décision est prise de construire 5 nouveaux pavillons pour passagers de première et deuxième classe :

– le pavillon Melier : 2 chambres réservées et 4 salles communes pouvant recevoir 100 passagers de 2, classe ;
– le pavillon Blache identique au précédent (1860) ;
– le pavillon des services généraux pour 24 passagers (1862) ;
– le pavillon des dames pour 17 personnes (1867);
– et enfin le pavillon Fauvel (1881) ici en jaune, l’objet de cette fiche, pour 64 passagers de lère classe.

On y ajoute un hangar susceptible d’y accueillir 500 passagers de 3ème classe ainsi qu’un hangar pour la désinfection des marchandises.

Mais ces travaux ne seront achevés qu’en 1885 alors que les besoins en quarantaine ont considérablement diminués !


Le pavillon tenait son nom de Sulpice Antoine Fauvel né à Paris le 7 novembre 1813. Selon la biographie rédigé par Hubert Demory, Fauvel, « après ses études de médecine il soutient, en 1840, sa thèse de doctorat Recherches sur la bronchite capillaire purulente et entre à l’Hôtel-Dieu où il devient chef de clinique du docteur Chomel. En novembre 1847, le docteur Fauvel se rend à Constantinople pour y combattre le choléra. En 1848 il est nommé membre du Conseil supérieur de santé de l’Empire Ottoman et, l’année suivante, professeur de pathologie médicale à l’Ecole impériale de médecine de Constantinople. Pendant la guerre de Crimée (du 27 mars 1854 au 8 septembre 1855) – à laquelle nous devons la place de l’Alma, la rue de Traktir et l’avenue de Malakoff – le sultan Abdülmecit Ier l’envoie à Varna, puis en Dobroudja, pour diriger le service de santé des troupes ottomanes ; il soigne aussi les cholériques français ce qui lui vaut d’être fait, en 1855, officier de la Légion d’honneur.

Revenu à Constantinople, il fonde la Société de médecine, dont il devient le président, et en 1857 la Gazette médicale de l’Orient. L’année suivante il est nommé professeur de clinique médicale à l’Ecole de médecine de Constantinople puis inspecteur des services sanitaires ottomans.

En 1866, Antoine Fauvel est le délégué de la France au Congrès sanitaire international de Constantinople. Ce congrès met en évidence que le choléra passe de l’Inde, où il est endémique, au Moyen-Orient par les pèlerins se rendant à La Mecque, puis gagne l’Egypte et de là les ports de l’Europe méridionale. Fauvel recommande au congrès la mise en place d’une quarantaine de quinze jours pour tous les bateaux et voyageurs venant d’un port suspect, ce qui est adopté. C’est à l’occasion de ce congrès qu’il a rencontré Ferdinand de Lesseps et s’est préoccupé des conséquences sanitaires de l’ouverture du canal de Suez. Sa mission achevée, le docteur Fauvel est fait grand officier de l’ordre de Medjidieh de Turquie et rentre en France, en 1867, où il est nommé inspecteur général des services sanitaires de France, médecin ordinaire de l’empereur Napoléon III, membre du Comité consultatif d’hygiène publique et membre du Comité d’hygiène et du service médical des hôpitaux. L’année suivante il publie Le Choléra : étiologie et prophylaxie dans lequel il explique les causes primordiales du choléra, les lois de sa propagation et les moyens d’arrêter sa marche vers l’Europe. Cet ouvrage lui vaut d’être élu, le 15 avril 1869, à l’Académie de médecine. En 1873, Fauvel publie Rapport sur l’organisation du service des quarantaines en Turquie. Nommé délégué de la France au Congrès sanitaire international de Vienne, en 1874, il s’oppose vainement à l’Angleterre et ses alliés qui imposent la suppression de la quarantaine maritime, comme nuisible à la bonne marche du commerce. (Il est à noter que l’Angleterre ne prenait aucun risque puisqu’il fallait plus de quinze jours pour aller d’Egypte en Angleterre !) En reconnaissance de ses efforts, le docteur Fauvel est décoré, en 1875, de l’ordre de Saint Stanislas de Russie et fait commandeur de l’ordre de la Conception de Portugal et de l’ordre du Christ de Portugal. Il publie en 1876 Règlement général de police sanitaire maritime, et, le 20 juin 1877, il fonde la Société de médecine publique et d’hygiène professionnelle. En 1878, il est nommé médecin honoraire de l’Hôtel-Dieu et l’année suivante, à 65 ans, membre de la Société d’hygiène d’Italie, membre honoraire de l’Académie royale de médecine de Belgique et membre de la Société des médecins suédois.

C’est à cette époque qu’Adolphe Yvon réalise son portrait qu’il exposera au Salon de 1881 et à l’Exposition universelle de 1889, aux côtés de ceux d’Henri Martin et de Germain Sée. En 1880, Fauvel publie un Rapport sur le service des eaux minérales en France ; l’année suivante il est décoré de l’ordre royal du Saint-Sauveur de Grèce. En 1883, il publie Mémoire sur le choléra dans l’Inde et en 1884 est élu vice-président de l’Académie de médecine.

Le 5 novembre 1884, à trois heures du matin, Antoine Fauvel meurt et est inhumé dans le cimetière de Passy. En 1890 sa femme Marie Clarisse Schumacher, née en 1819, le rejoindra ».


SOURCES Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille & Hubert Demory & Yvon Tapias
PHOTOS Archives via Yvon Tapias & Carte ancienne
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et son mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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