On évoquera aussi dans ce château la mort en 1844 de l’évêque Charles de Forbin-Janson, homme d’Église et aristocrate français. Il fut évêque de Nancy et de Toul et primat de Lorraine. Il meurt ici d’une hémorragie pulmonaire, chez son frère, le marquis de Forbin-Janson, alors qu’il se disposait à partir pour la Chine. Il venait de fonder l’Œuvre de la Sainte-Enfance pour le salut et le baptême des enfants chinois. Il est inhumé à Paris, au cimetière de Picpus. Un haras y était entretenu par le Baron Boyer de Fonscolombe, établi à la bastide de la Guillermy dans les années 1880. Né le 4 février 1841 à Marseille, il était le doyen du service d’honneur de Mgr le duc d’Orléans, prétendant au trône de France.
Il fit preuve de courage et de dévouement durant l’épidémie de choléra de Marseille (juin à octobre 1884). C’est à cette occasion qu’il fut présenté au duc de Chartres, à qui il fit visiter la ville sinistrée, en compagnie de son cousin le marquis de Saporta.
Il devint un ami intime de ce prince. Dès lors il s’attacha à la maison d’Orléans et devait rester trente ans à son service. Membre du service d’honneur du comte de Paris puis de celui du duc d’Orléans, dont-il mourut doyen. En lieu et place de l’autoroute A7 coulait ici autrefois une rivière auprès de laquelle la famille de Guillermy acquiert un vaste domaine dès 1689 et y séjournera jusqu’en 1807.
Cette vaste propriété forte de plusieurs hectares encadrée de deux bois de pins sur la hauteur jouissait au delà de sa très belle Bastide, de fontaines, d’une vue sur une partie de Marseille, la mer et Notre Dame de la garde, de rosiers en fleurs tout l’hiver et des restes de l’ermitage des Carmes bâtis a flanc de falaise a partir de 1250. La Bastide était composée de grilles en fer forgé du 18ème siècle, aujourd’hui arrachées, un blason des Grignan est encore visible sur l’édifice.
Alors que la propriété passe des Guillermy aux Savin puis aux Rousset, la seconde guerre mondiale porte un coup fatal aux efforts d’embellissement entrepris. L’occupant allemand souhaite disposer d’une voie de retraite depuis Marseille et commence vers 1941 le percement d’une large artère qui quelques années plus tard sera officialisée comme la première portion de l’autoroute A7. La propriété se retrouve scindée en deux par cette nouvelle voie, la Bastide d’un côté, l’ermitage des Carmes de l’autre.
En 1941, la Bastide est louée à la gendarmerie par Monsieur Rousset, le propriétaire du moment. Les militaires y multiplient les activités notamment dans la manipulation de matériel pyrotechnique et explosif.
Depuis 1957, la bastide est la propriété de l’état, à partir des années 1970, les unités stationnées a Guillermy sont des escadrons de motards, d’ailleurs en 2001 la bastide fait encore office de gendarmerie et est parfaitement conservée avec des logements de fonction jouxtaient la demeure…Le départ des militaires en 2004 aura été fatal à la Bastide depuis complètement laissée à l’abandon tout comme les logements.
En 2008 les associations du 15° arrondissement réclamaient sa restauration en raison de son intérêt patrimonial et sa réutilisation comme équipement public. En 2009, l’État a annoncé sa volonté de transformer le site en lieu d’accueil de familles Roms. Le projet ayant reçu une vive opposition de la population du quartier et de fédération des CIQ du 15° arrondissement, il est resté au point mort.
La mise en vente de la Bastide a été décidé fin 2011 par une vente par appel d’offres sur souscription a partir de 10 000 euros, mais peu d’acquéreurs se bousculent pour ce bâtiment frôlant l’autoroute et menacé par l’instabilité de la falaise. Au terme du processus c’est finalement Ahmed Baila qui a racheté la bastide en piteux état en 2012. Après des travaux, il a mis en location le bâtiment adjacent qui accueillait les logements des gendarmes, avant de s’attaquer à la bastide proprement dite et a entreprit des travaux notamment d’évacuation des nombreux déchets ainsi que la restauration des toitures de la maison de maître. Conformément aux recommandations de l’architecte des bâtiments de France, l’actuel propriétaire entend “refaire l’extérieur de la bastide à l’identique, comme avant”, déclarait t’il dans une interview accordée à Marsactu. Quant à l’avenir des lieux et avant la crise du Covid, il était dit « on n’est pas encore arrêté sur un projet, on veut en faire un lieu de vie pour les jeunes, peut être un espace de co-working. L’important c’est qu’elle revienne aux Marseillais ». Début 2024 la superbe rénovation extérieure était achevée. Mais ce lieu est peut-être voué à être un peu maudit…le 13 septembre 2024, un incendie ravageait la toiture de la tourelle gauche !
Retrouvez un très intéressant reportage photos sur l’état des lieux signés « spiritofcanebiere » sur ce site.