Originaire de Macon la famille Boisselot s’est établi à Montpellier en 1778. Jean Baptiste Louis ouvrit en 1809 un commerce d’instruments de musique spécialisé dans la vente des pianos et des harpes Érard. Vers 1820, il organise des ventes de partitions une ou deux fois par an, à Toulouse, Perpignan, Nîmes et Marseille. Devant le succès remporté dans la cité phocéenne il décida de s’y installer définitivement et ouvrit en 1825 un comptoir d’instruments de musique sur le Quai du Port vendant partitions, mandolines, violons, flûtes et pianofortes. Les affaires florissantes lui permettent d’ouvrir un atelier de fabrication ainsi qu’un salon d’exposition et de concert au 2 de la rue Saint-Ferréol.
La maison produira d’abord des pianos « carrés » puis des pianos à queue dès 1834 et des pianos verticaux (droits) à partir de 1836. À ce moment elle emploie 70 ouvriers pour une production annuelle de 100 pianos. La fabrique est tout d’abord dirigée par le contremaître allemand Schultz jusqu’en 1839. C’est ensuite un autre Allemand, Timmermans, qui prendra sa suite. Les premiers ouvriers étaient également étrangers, anglais et allemands.
La maison qui proposait 11 modèles de piano, invente en 1844 le mécanisme simple de la “pédale sostenuto“, une pédale de soutien, celle du milieu, similaire à une pédale forte. Une innovation qui sera reprise plus tard par l’Américain Steinway.
En 1846 Boisselot et fils ouvrent la Salle Boisselot au 40-48 rue Saint-Ferréol (anciennes Galerie Lafayette), à l’imitation d’Érard et Pleyel à Paris. En 1845 les ateliers s’installent au 12 place de Notre-Dame du Mont (actuel garage) et produisent 150 pianos par an avec 100 ouvriers. En 1848 elle passe à 450 pianos avec 150 ouvriers. Une bonne partie de la production est exportée en Espagne, en Italie et aux colonies, avec des instruments spécialement adaptés aux climats tropicaux.
Comptant plus de deux cents ouvriers dans ses fabriques de Marseille et de Barcelone, la qualité de ses pianos à queue mérita à la maison Boisselot une médaille de première classe à l’Exposition universelle de 1855, où leurs produits figuraient à la fois parmi ceux de la France et ceux de l’Espagne. Ce facteur distingué obtint des récompenses à toutes les expositions nationales de l’industrie, deux médailles d’or en 1844 et 1849. Mais une série de décès, de mauvaises opérations financières et, en 1865, l’incendie de la fabrique de Barcelone mirent l’entreprise en difficulté. Xavier Boisselot se retira la même année et la céda à son neveu, Franz Boisselot (1845-1902), dont le parrain fut Franz Liszt, qui la rétablit complètement à une situation prospère, livrant de 600 à 800 pianos par an, dont un grand nombre pour l’exportation.
En 1893, la fin de la marque approche, après le décès de Xavier, l’entreprise devient une société anonyme, la “Manufacture marseillaise de pianos, usine à vapeur et siège social 81 boulevard Notre-Dame, dépositaire de Steinway, magasin de vente 26 rue Montgrand“. En 1908 un incendie détruit une partie des ateliers et contribue au déclin de la firme. La guerre de 14-18
lui donnera le coup de grâce. On dit que le dernier piano Boisselot aurait été vendu en 1917. Installée sur ses dernières années au 81 Boulevard Notre-Dame, Boisselot sera reprise par les pianos Dièzer.
De nos jours l’association Boisselot & Fils œuvre depuis 1995 afin de rassembler et préserver le patrimoine instrumental et musical de la famille Boisselot. La collection hébergée au Conservatoire de Musique de Marseille compte vingt pianos dont des pianos à queue, droits et carré, chacun témoins d’une période différente de la facture de pianos.