Buste de Franz Mayor de Montricher par André Allar

Parc Longchamp, 13004 Marseille
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De part et d’autre du nymphée de la fontaine Monumentale du palais Longchamp, deux niches abritent les bustes de Consolat et celui de Montricher signé André Allar. Ce dernier rend hommage à Jean François Mayor de Montricher, ingénieur suisse né le 19 avril 1810 à Lully dans le canton de Vaud en Suisse, naturalisé français en 1833 et décédé à Naples en Italie le 28 mai 1858. Polytechnicien et ingénieur du corps des ponts et chaussées, il est célèbre pour les nombreux travaux qu’il réalisa à Marseille et dans sa région dont le canal de Marseille et l’aqueduc de Roquefavour. Décédé lors de l’assèchement du lac Fucin en Italie, les Marseillais organisent de remarquables funérailles à l’approvisionneur de Marseille en eau potable pérenne…mais pas que !

Jean François Mayor de Montricher naît à Lully dans le canton de Vaud en Suisse au château de Lutry, de l’union entre Marie Nicolette Pauline Françoise Chamot et Jean Charles Louis Mayor de Montricher. À sa naissance Lully est dans l’ancien département français du Léman. Il part en pension en 1818 avec son frère à Gottsad dans le canton de Berne puis rejoint à l’âge de 13 ans son père négociant installé à Marseille avec toute sa famille dans un domicile situé rue Grignan. Jean François effectue ses études secondaires au lycée de Marseille, actuel lycée Thiers. En 1827, il est reçu 17e au concours d’entrée à l’École Polytechnique et en sort classé 9e en 18293. Il choisit ensuite l’École des ponts et chaussées dont il sort major diplômé en 1832. Parallèlement à ses études scientifiques, il suit des cours de musique de Galey et de peinture avec Léon Cogniet. Élève-ingénieur dans les Basses-Alpes, il y complète ses études géologiques puis accompagne Lami, ingénieur des mines en voyage d’études en Angleterre et Midi de la France en tant qu’attaché pendant un an au département de la Loire.

Louis-Philippe Ier naturalise français par ordonnance « l’aspirant ingénieur des Ponts-et-Chaussées ». Jean-François appartient à une famille protestante de baronnie patrimoniale suisse propriétaire du château de Lutry. Fils de Jean-Charles louis de Monricher et de Colette Marie Chamot, il se marie en 1839 Sophie Mathilde Rogers. À son décès dû à une typhoïde, il laisse six enfants un septième à titre posthume. Il est d’abord attaché au secrétariat du Conseil général des ponts et chaussées, puis nommé dans l’arrondissement de Die en 1833. Il étudie des routes et pense déjà à des travaux de dérivation des eaux de la Durance. Il seconde ensuite l’ingénieur en chef, de Kermaingant, pour la réalisation de la ligne de chemin de fer Marseille-Avignon et son projet de ligne directe est retenu au départ par l’ingénieur en chef et la Chambre de commerce de Marseille. Toutefois, c’est finalement le tracé concurrent de Paulin Talabot, passant par Arles et qui fut défendu à l’Assemblée nationale par Lamartine, qui sera finalement construit et mis en service en 1848.

Aqueduc de Roquefavour

De Kermaingant chargé de l’étude du canal de Marseille, se sentant trop âgé, laisse ce projet à De Montricher qu’il avait apprécié pour ses propositions du chemin de fer Marseille-Avignon. En 1836 nommé ingénieur du département, il est attaché à l’arrondissement de Marseille. Il travaille sur le projet de canal de dérivation de 82 km des eaux de la Durance pour l’alimentation de la ville phocéenne. La municipalité et les Ponts-et-Chaussées retiennent son projet de canal gravitaire en tracé direct plutôt qu’un passage par Aix-en-Provence ainsi qu’un pont-aqueduc plutôt qu’un pont-siphon. Ce sera le Canal de Marseille dont il dirige les travaux de constructions de 1838 à 1848 avec l’ouvrage d’art colossal l’aqueduc de Roquefavour. À la demande du prince Torlonia, Montricher étudie le projet d’assécher le lac Fucin, situé dans les Abruzzes en Italie. À partir de juillet 1854, il dirige le début des travaux. Il a pour adjoints deux ingénieurs français, MM. Bermont et Alexandre Brisse.

Le dernier écoulement commence le 20 janvier 1870. Les terres les plus basses ne sont mises à sec qu’en juin 1875.

Fontaine du Palais Longchamp

En 1856, il accepte la demande de Paulin Talabot d’étudier un réseau de chemin de fer en Italie méridionale, l’année suivante, il dirige les travaux du chemin de fer à Marseille. L’idée d’installer le jardin zoologique de Marseille sur le plateau Longchamp germe dès l’aménagement des jardins en 1854 mais ce n’est qu’en 1856 que le zoo est construit. Ce dernier occupe une surface de 5 hectares après qu’il s’est rapidement révélé trop petit ce qui a amené la municipalité à agrandir le jardin au-delà de l’actuel boulevard Cassini. Le zoo était ainsi séparé en deux parties reliées entre elles par un petit pont enjambant le boulevard. Les collections d’animaux semblent importantes dès les débuts du zoo (près de 2000 oiseaux de 1250 espèces différentes sans compter des dizaines d’espèces de mammifères et probablement quelques reptiles ce qui représentait alors 2450 animaux au total). Montricher a relié le passage du plateau au zoo par un escalier qui sera doublé quelques années plus tard. Cet escalier est placé le long d’une cascade créée par Montricher et qui rappelle le rôle de château d’eau du Palais Longchamp tout en servant de lieu de vie à plusieurs espèces d’oiseaux d’eau comme des canards et des flamants roses.

Les cages visibles actuellement dans le jardin datent probablement de 1899.

Nymphée de la fontaine Monumentale du palais Longchamp

En 1857 Montrichier quitte les services de l’État pour diriger le service municipal de Marseille tout en continuant son activité d’assèchement du lac de Fucin. Il participe à la vente des terrains de La Joliette comme expert et garant de l’administration des finances. Il lance le projet d’assainissement de la ville avec un égout de ceinture et soumet devant Eugène Rouher le plan de développement des ports. Il est également l’artisan d’un plan général de circulation et d’agrandissement réfléchi dans son ensemble contrairement aux développements désordonnés depuis une vingtaine d’années. Malheureusement il ne peut le réaliser car il meurt de fièvre typhoïde en Italie en 1858 pendant une visite des travaux d’assèchement du lac Fucin.

Il repose au carré protestant du cimetière Saint-Pierre tout en haut de l’allée de Montricher. Hasard ou clin d’œil, un point d’eau jouxte sa tombe. D’où coule l’eau de la Durance.


SOURCES wikipedia Franz Mayor de Montricher
PHOTOS Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Fr.Latreille
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