La presqu’île de Mangue est le premier site à être aménagé. Sept « bunkers » sont répartis sur le plateau, chacun comprenant un affût à l’air libre avec abri soute enterré. Les canons de 150mm récupérés sur l’armée française et d’une portée de 17 km peuvent tirer sur tout l’horizon. La plate-forme de béton qui domine le plateau abrite le « bunker » de commandement. De nombreux postes de guet, nids de mitrailleuses et autres trous d’hommes parfois reliés par des tranchées assurent la défense rapprochée. 170 artilleurs servent ainsi la batterie.
Le 21 août 1944, les canons sont retournés contre Marseille libérée par le Général de Montsabert. Les nombreux trous d’obus sur le plateau attestent de l’intensité de l’attaque des alliés en août 1944.
Mangue reçoit 55 obus du cuirassé Nevada le 24 août et 686 tonnes de bombes que les bombardiers Mitchell larguent entre le 25 et le 27 août.
La garnison allemande des îles, forte de 850 hommes, craignant de tomber entre les mains des troupes coloniales françaises, offre sa reddition aux forces navales américaines le 29 août 1944 à 8 heures du matin.
Focus sur le cuirassé Nevada
L’USS Nevada (BB-36) était un cuirassé de la marine américaine, second navire à être nommé d’après le 36e État américain. Il fut le premier des deux navires de la classe Nevada, le second étant l’USS Oklahoma (BB-37).
Lancé en 1914, le Nevada marquait un bond en avant dans la technologie des dreadnoughts. Trois de ses nouvelles fonctionnalités seront intégrées ultérieurement sur presque tous les cuirassés américains : les tourelles à trois canons, le gaz-oil à la place du charbon pour la propulsion et le principe de blindage « tout ou rien ».
Ces caractéristiques firent de l’USS Nevada le premier « super-dreadnought » de l’US Navy.
Il servit durant les deux guerres mondiales : dans les derniers mois de la Première, le Nevada fut basé dans la baie de Bantry en Irlande pour protéger les convois d’approvisionnement entre les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il fut sérieusement endommagé lors de l’attaque japonaise contre Pearl Harbor bien qu’il fût le seul cuirassé ayant réussi à quitter son mouillage.
Réparé et modernisé, il soutiendra la reprise de l’île d’Attu dans les Aléoutiennes en mai 1943 puis escortera des convois alliés en Atlantique Nord. Il servira ensuite de navire d’appui feu aux débarquements de Normandie, de Provence puis dans le Pacifique à ceux sur Iwo Jima et Okinawa.
À la fin de la guerre, jugé trop vieux pour rester en service actif, il servit de cible lors des essais nucléaires sur l’atoll de Bikini en juillet 1946 (opération Crossroads). Il subit ainsi deux explosions nucléaires. Bien que gravement endommagé et irradié, il resta à flot. Il fut désarmé le 29 août 1946 et coula lors d’un exercice de tir le 31 juillet 1948.