Souterrain de la Caserne d’Aurelle
Caserne Aurelle, 13007 Marseille
Vous passez peut-être devant une de ses entrées tous les jours sans le savoir mais a l’origine, cet immense centre de transmission de l’armée française était auparavant un lieu de stockage de l’armée allemande, le concepteur, pour les torpilles et divers explosifs. Il existe une entrée dans la cour de la caserne d’Aurelle et une autre, officiellement condamnée, sous la rampe St Maurice au niveau du Bassin de Carénage.

L’escalier reliant la Caserne d’Aurelle
Abandonné de tout système de transmission le site est composé d’une galerie de tunnels débouchant dans une baie à présent à sec où se serait trouvé (à mettre au conditionnel), en bordure du bassin de carénage, l’atelier de réparation de sous marins allemands. Une grande porte blindée ferme cette entrée côté mer. Une autre entrée se situe côté Caserne Aurelle via 96 marches et l’autre côté Fort St Nicolas via une immense échelle. Le site aurait servi également d’abri aux civils durant les bombardements alliés de 44. A l’intérieur le centre surprend par ses dimensions gigantesques, alternant entre locaux techniques, bureaux, lourdes machineries, grottes, immenses escaliers, toilettes et douches. D’après les documents laissés à terre par l’armée française et notamment d’après certaines sources, la 3ème compagnie du 45ème régiment de transmissions, le site semble avoir perduré jusqu’en 1998/2000. Ce site stratégique militaire faisait partie des centres primaires, des installations fixes abritant des ordinateurs reliés par liaisons hertziennes ou radio et qui constituaient le réseau Ritter (Réseau intégré des transmissions de l’armée de terre), un réseau de communications de l’armée française.
Ce réseau a été voulu par Charles de Gaulle, président de la République à la suite des grèves de mai 68, qui ne lui permettaient plus de joindre ses armées. Il est composé d’un ensemble de centres primaires implantés principalement dans chacune des régions militaires de l’époque (Marseille, Lyon, Lille, Rennes, Metz, Bordeaux, etc) et de 4 centres principaux : Marray (région de Tours), Favières (ancien site radar allemand entre Dreux et Chartes), Audouze (sur le mont Audouze en Corrèze) et Hauteville. Chacun de ces centres est relié à trois autres centres par des lignes haut débit (14 400 bauds). Le réseau fonctionne en commutation de paquets, c’est-à-dire que chaque message est découpé en paquets de taille identique et encadré par des informations de transport. Chacun de ces paquets va pouvoir prendre le chemin le plus rapide donc différent pour arriver à destination. Ce maillage particulier permet un fonctionnement acceptable même en cas de panne d’un ou plusieurs de ces centres.
Ces centres sont fixes et servis en grande partie par des personnels civils (fonctionnaires du ministère de la Défense) et des PFAT (personnel féminin de l’armée de terre). Ils ont localement la possibilité de se raccorder aux réseaux PTT. Les centres primaires abritent les ordinateurs CARTEL (centre automatisé de relais télégraphique) et METACONTA (ordinateur gérant les communications téléphoniques) qui traitent les informations transmises sur le réseau Ritter. Ils sont reliés par liaisons hertzienne et radio. Ce système de maillage assure une grande fiabilité de transmission des messages. Les centres sont gérés par le détachement de conduite et d’entretien du Ritter (DCER), rattaché au 8e régiment de transmissions et composé de programmeurs, d’exploitants et de techniciens. On y trouve des manuels de télécommunication, des comptes rendus de mission et d’anciens plans des réseaux téléphoniques de Marseille. On retrouve également des restes de bouteilles d’alcool et de bougies, le site et notamment une des grottes a servi de repère à des raves party clandestines, on peut d’ailleurs encore distinguer la cabine de DJ improvisée.
Mais en surface, au dessus, une opération d’envergure se prépare. L’agence Leteissier-Corriol a été la lauréate en 2020 du concours de maîtrise d’œuvre lancé par le Département des Bouches-du-Rhône pour la relocalisation du collège Gaston-Defferre sur le site de la caserne d’Aurelle.

Vue du dessus du plan des galeries d’approvisionnement du Fort St Nicolas
Le groupement associant les agences Leteissier-Corriol architectures & urbanisme, (mandataire), Bajolle & Gianni architectes et les bureaux d’études Etamine, BERIM, Ingecor et Thermibel va réaliser le nouvel établissement de 720 élèves (12 100 m2 de surface de plancher). Il sera flanqué d’un gymnase, d’une petite salle polyvalente, d’un restaurant scolaire (600 couverts), d’un plateau sportif et de quatre logements de fonction. Il mêlera construction d’un écrin neuf (6 100 m2) et restructuration d’une partie des locaux de l’ancienne caserne (6 000 m2) rachetée par la ville auprès du ministère de la Défense en 2009 (10 M€).
Quant au souterrain, classé aux monuments historiques tout comme le Fort Saint Nicolas au dessus, vendu par l’armée, rien ne filtre sur son avenir mais il est probable qu’il ne bénéficiera jamais de réhabilitation vu l’ampleur de la tâche, sa surface et la probable présence d’amiante.
Un très intéressant témoignage reçu fin 2021 par Cyril P., nous en dit plus sur les lieux “J’ai fais mon service militaire à cet endroit, je faisais partie du 45ième RT, basé a Montélimar. Ma compagnie, la 2ième, étais en place dans ces locaux. J’étais du contingent 97.08 , donc vous pouvez être sur que le centre de transmissions était en service au moins jusqu’en 1998, probablement un peu après encore car lors de mon service on ne parlait pas de fermer le centre. La grande cours qui étais du côté du bassin du carénage servait entre autre à brûler les documents du CARSEC (Centre automatisé de relais secondaire), qui étaient déchiquetés au préalable, dans des fûts de 200 litres . Le groupe électrogène était dans la première salle a gauche, quand on rentrait depuis la cours. Je me rappelle aussi la salle de muscu, les couloirs, et surtout l’immense escalier qu’on empruntait depuis la caserne. Il y avait un système de transport pneumatique des documents, il partait depuis la salle principale ou l’on recevait les télétypes, ils arrivaient dans une petite pièce qui étais a l’angle d’un des bâtiments de la caserne, celui qui est juste en face de la porte d’accès pour descendre au centre.”
De mémoire, Cyril se souvient de la cours de la caserne remplie de locaux style “préfabriqué” dans lesquels était positionné l’administratif. Les chambres de la caserne étaient en assez mauvais état et surtout il y avait très peu de personnel au final. Dans sa chambrée ils étaient 3 pour une pièce remplie de lits, “façon débarras“. Il travaillait sur un rythme particulier, 24 heures d’affilées et 48 heures de repos. Les engagés avaient eux 72 heures de repos. Cyril se souviens aussi que l’air étais un peu humide avec une odeur de salpêtre… “l’air étais très renouvelé mais on sentait que si la ventilation tombais en panne, ce serai assez vite beaucoup moins sain“. Les équipes disposaient d’une salle de sport avec banc de musculation et table de ping-pong, “afin de ne pas s’endormir lors de nos vacations“.
Selon Cyril le centre de transmissions avait en charge de retransmettre sur tout le quart sud-est de la France, jusqu’en Corse. “C’était en quelque sorte un noeud dans l’architecture des communications de l’armée de terre”.
Dans sa mémoire la 3ième compagnie était aussi représentée. Il se rappelle d’un matériel très “années 80” mais extrêmement fiable. Il y avait aussi une partie atelier mécanique pour l’entretien des véhicules, située côté nord de la caserne, donc le plus éloigné de l’entrée du tunnel.
Dernier détail, dans des souvenirs qu’il jugent aujourd’hui diffus…
“il n’y avait pas de cantine/réfectoire, nous devions aller manger a la Caserne d’Audéoud, quand nous étions postés, les repas étaient livrés et venaient de là-bas”.
PHOTOS sudwall.superforum.fr & agence Leteissier-Corriol & Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com
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