36 – 36 bis rue Saint Ferréol, Hôtel de l’Univers et de Castille, Cinéma Régent & Hollywood

36 rue Saint Ferréol, 13001 Marseille
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36 – 36 bis rue Saint Ferréol, Hôtel de l’Univers et de Castille, Cinéma Régent & Hollywood
Arrondissement : 1er

Cette adresse sera d’abord l’écrin du luxueux hôtel de l’Univers et de Castille déja existant au milieu du 19ème siècle selon une facture de 1850 retrouvé, avant de devenir le cinéma Régent le 24 décembre 1912 puis l’Hollywood de 1939 à 1986.

Entrée de l’Hôtel de l’univers et de Castille

De l’hôtel on sait peu de chose, seule cette gravure ci-contre nous dévoile son intérieur. Quant au cinéma Régent, selon La Revue Marseille « Conçu par Germain Faure, il est décoré par Léger et Maïna. Avec sa galerie, ses riches décorations et son orchestre symphonique, il s’intitule «le plus luxueux et le plus confortable de Marseille» et attire bientôt une forte fréquentation. Avec l’apparition du cinéma, la rue Saint-Ferréol a ainsi vécu un nouvel épisode de son histoire. En ce début de XXe siècle, elle était la seule artère suffisamment renommée par ses commerces et son luxe pour pouvoir supporter les coûteux investissements des aménagements cinématographiques. Dans l’entre-deux-guerres, c’est la Canebière qui prit le relais, tandis que les salles de la rue Saint-Ferréol se modernisaient avec le passage au parlant et changeaient d’appellations ». Mais jusqu’en 1938, le Régent est alors devenu un cinéma de quartier vétuste qui disparaît bientôt sous le pic des démolisseurs. Puis c’est Le Hollywood avec ses 1200 fauteuils répartis dans le balcon et l’orchestre qui ouvre ses portes le 13 février 1939.

La salle est dirigée par un certain M. Garnier qui, avant d’en prendre les commandes, avait donné un nouveau souffle au prédécesseur du Hollywood, le Régent. Le cinéma dispose de deux accès situés rue Saint-Ferréol et  rue du Jeune Anacharsis, menant au hall du Hollywood ainsi qu’à une buvette ouverte aux passants.

Voici comment « Le Radical » daté du 14 février 1939 évoque l’inauguration : « Hier soir a eu lieu le gala d’ouverture du beau cinéma Hollywood au 36 rue Saint-Ferréol, qui a adopté, dès son ouverture la formule du permanent à 5 francs. Au préalable, hier matin à 11 heures ; la direction d’Hollywood, MM Gardanne et Garnier en tête avait convié la presse à assister à la visite de la nouvelle et splendide salle. Est-il besoin de dire que les journalistes furent unanimes à convenir du modernisme de la salle, de la belle organisation des installations, du luxe, du bon goût, sans oublier l’urbanité de cette réception. A l’issue de cette visite, un lunch fut servi au buffet-bar (…) Notons que ce bar donnant sur la rue Saint-Ferréol est non pas réservé aux seuls clients d’Hollywood, mais il est public, c’est-à-dire que tout passant pourra venir s’y désaltérer en même temps qu’il admirera le splendide hall d’entrée qui est une merveille de modernisme, d’originalité et de bon goût.

1939

Cette prise de contact avec « Hollywood » laisse à chacun le plus agréable et la meilleure des impressions. Bon augure… Et le soir, ce fut le gala d’inauguration à guichets fermés en présence d’un public sélect et nombreux. Le coup d’œil dans la salle était féerique et le public manifesta durant le déroulement du programme son entière satisfaction. Quant au programme en lui-même, il tint ce qu’il promettait. Avec les Actualités mondiales, on vit « Son meilleur ami » film très intéressant joué par un chien : et puis une bande en couleurs « Hollywood Party » et puis une trépidante et sentimentale opérette américaine « Rosalie » interprétée par Eleanor Powel et Nelson Eddy. Et puis ce fut a réception au bar-Hollywood, et la sortie. Nous ne pouvons que féliciter bien sincèrement la direction de Hollywood qui vient de doter notre ville-et de l’embellir-d’un splendide établissement, d’une salle attrayante et luxueuse en même temps que d’un cinéma à la formule heureuse et à la portée de toutes les bourses. Ajoutons enfin que le spectacle est permanent de 14 heures à minuit, sans interruption que d’un petit entr’acte avant 21 heures et que le programme passe entièrement de 21 heures à minuit ».

vue de la salle en 1956

Selon le site salles-cinema.com « Le Hollywood, dont le slogan est alors « le plus somptueux permanent de Marseille » diffuse sporadiquement des films en première vision, les secondes visions figurent en fait l’essentiel de sa programmation. Les bombardements alliés sur le port de cité phocéenne provoquent des dommages sur plusieurs immeubles, dont les salles de cinéma. Le 27 mai 1944, le Rex qui appartient également à M. Gardanne, est entièrement détruit. Le Hollywood prend le relais des premières exclusivités qui doivent sortir au Rex…Au sortir de la guerre, la situation de l’exploitation cinématographique est critique à Marseille comme dans la plupart des villes de France. Si à la Libération des milliers de soldats américains fréquentent les salles de cinéma, leur départ entraîne une baisse significative des entrées. Les recettes restent correctes durant les séances de l’après-midi, mais les marseillais ne fréquentent pas les cinémas en soirée. Le 22 mai 1946, le Hollywood entièrement rénové par Eugène Chirié (1902-1984) rouvre son rideau…A partir de 1950, le Hollywood devient une salle de première vision pour des films policiers, d’aventures ou des westerns. Le Hollywood s’associe bientôt avec le cinéma Le Studio, une des trois salles de La Canebière. Le 5 juin 1956, le Hollywood ferme ses portes pour plusieurs semaines en vue d’une transformation complète par les architectes Georges Peynet, Joseph Lajarrige et Potou. Ces derniers, qui viennent d’achever les transformations du Rialto, veulent faire du Hollywood un des plus beaux théâtres cinématographique de Marseille.

Le 21 novembre 1973, la salle ferme ses portes en vue de la transformation de la salle unique en un complexe de quatre salles. Le nombre total de fauteuils passe de 950 dans l’ancienne salle à 640 répartis dans les quatre nouvelles salles ». Mais L’Hollywood et ses quatre salles fermera le 1 avril 1986. Un article de la Provence évoque cette fermeture « Six cents fauteuils vont disparaître du parc cinématographique marseillais. Comme ses homologues, le cinéma Hollywood souffre de la désaffection des Marseillais pour le centre-ville (déjà…). Le Provençal rappelle qu’en 1985, la fréquentation à Marseille a baissé de 17 %.

Une chute libre qui s’est produite dans un contexte d’ouverture de nouvelles salles en périphérie. Où l’on peut se garer, où le stationnement n’est pas payant… Le problème n’est pas neuf et il est toujours d’actualité. Pour la directrice du Hollywood, à l’époque, il n’y a pas assez de « films locomotives ». Et le joli succès de Trois hommes et un couffin ne changera rien à la situation des salles obscures du centre-ville. Pour elles, ce sera la dernière séance… »


SOURCES La Revue Marseille & La Provence
PHOTOS Archives commerciales & Serge Assier & salle-cinema.com
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