29-31 rue Saint-Ferréol, Le Réveil du Lion, Cinéma Le Fémina 1910 et Le Rialto, 1933

31 Rue Saint-Ferréol, 13001 Marseille
735
29-31 rue Saint-Ferréol, Le Réveil du Lion, Cinéma Le Fémina 1910 et Le Rialto, 1933
Arrondissement : 1er

Après plusieurs changements de propriétaires, l’immeuble du 29-31 de la rue Saint Ferréol abritera divers commerces dont, fin XIXe , le grand magasin de nouveautés Montus fils « Le Réveil du Lion » en 1878 (migrant ici du n°33  rue Pisançon) et, à partir de 1910, le Fémina-Théâtre,  la plus grande salle de la région de l’époque avec 1000 places et une architecture avec balcons et orchestre qui inspirera de nombreuses autres salles à Marseille et même à Paris. Elle deviendra par la suite le Rialto (1933-1975), de nouveau remplacé par des magasins, un cinéma de 980 places en 1957 puis 1200 places en 1964…un morceau d’histoire de ce cinéma, daté de 1928, est à présent dans l’Eglise de la Mission de France ! Devenu par la suite un magasin La Redoute, l’emplacement hébergera jusqu’en 2017 une grande chaîne suédoise de vêtements. Son pilastre d’angle à chaînage et l’agencement de ses fenêtres sont à peu près tout ce qui subsiste de sa gloire passée.

Selon la Revue Marseille « Le nouveau Réveil du Lion connaît, entre 1879 et 1884, une fulgurante croissance, englobant les immeubles voisins des rues Saint-Ferréol et Pisançon. Sa façade monumentale parée d’ors, de guirlandes, d’étendards, de balcons rutilants et de grandes vitrines, laissait entrevoir un amoncellement de pièces de draps étagées, de cachemires, de mérinos, de cheviottes, de molletons, de cretonnes retombant en drapeaux et de coupons de toutes les couleurs empilés en pyramides. Du plus humble ruban aux soieries les plus précieuses, le prix de la multitude d’articles pouvait varier de 0,10 à 1 000 francs. Artistiquement décoré par Apy-Partol, c’était un «temple élevé en l’honneur de la femme» : fantaisies, toiles, lingerie, rubans, bonneterie, indiennes, mais aussi confection, manteaux, costumes, articles de mode, jupes, corsets, fourrures, parfumerie, plumes, coiffures pour soirées, gants, ombrelles, parapluies…A titre accessoire, les vêtements d’enfants, les cravates et les chemises pour homme avaient aussi droit de cité. Après un escalier environné de tapis muraux et de bouquets de fleurs artificielles, le premier étage, dans une ambiance «de bazar turc», offrait un grand choix de meubles, de literies, de tapis et de tissus d’ameublement. Malgré son extension progressive, le Réveil du Lion était resté fidèle au textile et n’alla pas jusqu’aux jouets, ni vers les articles de ménage comme ses voisins.

Après plus de cinquante ans d’existence, il était devenu un établissement de tradition, quand Edmond Montus se retira des affaires en 1909 pour aller goûter le repos à Carry-le-Rouet dans sa superbe propriété de 240 ha acquise par sa mère autour de l’ancien Château des Jarente. Resté inoccupé près de deux ans, le vaste espace du Réveil du Lion fut investi fin 1910 par l’un des plus luxueux cinémas du centre-ville, le Fémina, ancêtre du Rialto ».

Selon une brochure publicitaire de la firme Michel Merklin et Kuhn, un orgue Merklin fut installé en 1928 dans le cinéma Le Rialto ! Le buffet de cet orgue va alors servir pour réparer un orgue de 1865 signé Théodore Puget installé dans l’Eglise de la Mission de France, autrefois nommée “de Sainte Pie X”, rue du Tapis Vert. En 1905, l’église, fermée au culte, devient un entrepôt de la ville de Marseille. L’orgue de l’église, alors abandonné a subit d’importantes dégradations. En 1933, sous l’impulsion de Marcel Prevot, titulaire des orgues de l’église des Réformés, le buffet est transféré dans la chapelle du grand séminaire de Marseille, et la maison Merklin & Kluhn de Lyon reconstruit l’instrument en remontant derrière, le buffet de l’orgue du cinéma “le Rialto“. Les transformations nécessaires pour obtenir un instrument liturgique sont alors effectuées.

En 1988, la Direction du Patrimoine et du Domaine Communal envisage de transférer à nouveau l’instrument en l’église de la Mission de France réouverte au culte sous l’impulsion de Gaston Deferre, alors Maire de Marseille.

Le Fémina, Crédit : Collection Emmanuel Laugier

De septembre 1990 à février 1992, le démontage, le transfert, la restauration et le remontage sont menés à bien, sous l’impulsion de l’Abbé Beauvais, curé de la nouvelle paroisse. Le buffet de Puget retrouve sa tribune d’origine, alors que la partie instrumentale retrouve clarté et équilibre grâce à la restauration des facteurs d’orgues Stéphane Barast et Philippe Matteï. Selon un document à découvrir dans l’onglet “photos” on organisait au sein du cinéma le Rialto des conférences comme celle de l’union des ingénieurs et techniciens français en 1946.

On retrouve ce cinéma en 1972 dans le film “Le tueur“…le récit d’une cavale meurtrière, avec Jean Gabin et Fabio Testi dans les rôles principaux. Le film de Denys de la Patellière montre Marseille telle qu’elle était dans les années 70. C’est notamment le cas pour la rue Saint-Ferréol, avec ses cinémas comme l’Ariel et le Rialto, avant qu’elle ne devienne la rue piétonne que l’on sait.

Rue St Ferréol en 1972 dans le film “Le Tueur”. Bout de l’enseigne orange “Le Rialto” en haut à droite

Dans ce le film, la scène de la rue St Ferréol commence à la 21 ème minute et 32 ème seconde, on y aperçoit quelques secondes le néon orange de l’enseigne du Rialto. Découvrez un extrait dans l’onglet vidéo avec quelques vues de la rue St Ferréol et des Goudes. Le Sypnosis : Le commissaire divisionnaire Le Guen, qui a réussi à arrêter le tueur Georges Gassot, se heurte aux méthodes plus modernes de François Tellier, nouveau directeur de la PJ. Gassot s’enfuit de l’hôpital psychiatrique à destination de Marseille où il rencontre une jeune prostituée allemande, Gerda. Mais Le Guen, par l’intermédiaire d’un journaliste, fait croire au milieu que Gassot est à Marseille pour se mettre à la tête de leurs affaires ; les meurtres à Marseille du souteneur de Gerda et celui du passeur de Gassot laissent croire à cette version. Gassot remonte à Paris, suivi par Le Guen. Le Guen, de nouveau aux trousses de Gassot, le rate encore. Gassot se met à tuer tous ceux qui lui barrent la route, ou qui ont l’air de l’avoir trahi, et reste en contact seulement avec son frère François et Gerda. Tentant de participer à un coup, il est devancé par Le Guen qui retourne les commanditaires contre lui. Tellier tente de coincer Gassot en utilisant sa marque de cigarettes, des Boyard papier maïs, peu courantes, et sa fréquentation de Gerda. Mais au moment où Le Guen s’apprête à arrêter Gassot dans sa planque, les commanditaires y font irruption, et Gassot s’enfuit en les tuant. L’échec de Le Guen est d’autant plus mal accepté par Tellier, que ses méthodes, selon lui, ont saboté son plan, et qu’en dressant les truands contre Gassot, Le Guen tente de leur faire appliquer la peine de mort que le tribunal a rejeté. Tellier lui dit qu’il est trop tard pour le mettre à la retraite, mais exige qu’il mette la main sur Gassot. Le frère de Gassot, qui vit d’une arnaque aux films pornos, est piégé par le vrai film porno que les flics « découvrent » opportunément chez lui. Le Guen obtient de Tellier les barrages que celui-ci avait proposés au départ. Le Guen ne pense en réalité pas que ceux-ci me coinceront, mais veut faire monter la pression sur Gassot. Pour s’assurer de la capture du tueur, Le Guen fait placer dans la cellule de son frère un « mouton », qui doit obtenir des renseignements au plus vite.

Traqué, Gassot demande à Gerda de voir son frère, pour qu’il lui procure une planque malgré sa captivité. François, acculé, lui envoie le « mouton », qui le rencontre, puis rentre aussitôt à la PJ pour la tenir au courant. Le Guen monte un traquenard que Tellier, malgré sa réticence sur ses méthodes, accepte. Le traquenard est préparé dans un restaurant de campagne, mais Gerda s’aperçoit de l’encerclement policier et prévient Gassot, qui s’enfuit, en blessant grièvement l’adjoint de Le Guen. Encerclé par la police, il finit par se tirer une balle dans la bouche sous les yeux de Gerda, Le Guen et Tellier.


SOURCES Toutma 1895.revues.org & cinemasdefrance.free.fr & arcade-paca.com & La Provence & Revue Marseille
PHOTOS Extrait du film “Le Tueur” & Google Maps & delcampe.fr & Collection Emmanuel Laugier
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  • Boccamaiello Thierry commente : Signaler cet avis Détails
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    6 novembre 2022 at 09:34

    Bonjour merci pour cet article qui nous rafraichit la mémoire. Je voudrais vous signaler deux détails à modifier. D'abord l'église a été consacrée au pape St Pie X saint patron de la frternité dont monseigneur Levebvre était le supérieur, à la réouverture au culte traditionnel en 1984. Depuis, elle a gardé sont ancien nom auquel on a ajouté St Pe X. Ensuite la restauration s'est terminée le soir du 24 décembre 1991 quelques heures avant la veillée, monsieur Philippe Matteï y a même assisité par sécurité. Merci encore pour cet article. Thierry Boccamaïello, organiste titulaire de l'église Mission de France-St Pie X

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