C’est mû par cette volonté de rendre hommage, que Gaston Castel, Commandeur de la Légion d’Honneur, architecte en chef du département, urbaniste, Grand Prix de Rome, va proposer dès la fin des années 1920 à sa ville les plans d’un monument empreint de grandeur. Dans son projet, l’idée-force est celle d’un socle puissant, symbolisant la détermination, mais aussi le rôle moral qu’il attache au sacrifice des soldats pendant la guerre. Le site choisi est celui de la corniche, afin que le monument puisse être vu de loin. Conçu sur le principe d’un « portique en plein ciel », le monument se présente comme une arche massive, comportant au centre un croissant et une étoile, et dont l’intrados est décoré de palmes.
Elle est flanquée de part et d’autre de statues d’Antoine Sartorio (1885-1988) : des personnages en pied assurent la mémoire de l’armée de Terre, tandis que des ailes massives, plaquées sur le fruit des jambages, représentent les héros des combats aériens.
Sur un socle, au centre de l’arche, se dresse l’Effigie ou Victoire en bronze, les bras tendus vers le ciel, comme prête à s’élancer. Sur les flancs de l’arche sont inscrits les noms et les dates des grandes campagnes militaires du premier conflit mondial. Un escalier descendant vers la mer complète la monumentalité du site. Le tout est conçu en roche granitique, aujourd’hui polie par les conditions atmosphériques. le monument est inauguré le 24 avril 1927, par le président de la République Gaston Doumergue en même temps que l’escalier monumental de la gare Saint-Charles. En 2020 un chantier d’un montant d’1,05 million d’euros (440 000 € de la Ville, 425 000 € du Département, 180 000 € de la Métropole) a été réalisé sur le monument et ses abords avec la reprise de l’étanchéité du socle, la restauration des parements en granit et de la structure en bronze, la consolidation des murs de soutènement, la réfection des garde-corps périphériques et la mise en lumière repensée.
Antoine Sartorio est un sculpteur français né à Menton le 27 janvier 1885. Il est mort à Jouques dans les Bouches-du-Rhône le 18 février 1988 (à 103 ans). Ce Méditerranéen au physique vigoureux, élève à l’école des Beaux-Arts de Paris des maîtres sculpteurs, Jean-Antoine Injalbert et Emmanuel Hannaux participe à des expositions collectives au Salon des artistes français de Paris depuis 1891. Mais il n’a entamé une longue carrière professionnelle indépendante qu’avec l’élaboration de monuments aux Morts que les communes de la France entière ainsi que les cimetières et grands lieux de commémorations nationaux demandent durant l’entre-deux-guerres. Outre la sculpture monumentale sur socle, il a laissé des groupes de bustes, des bas-reliefs et des frises sur des imposants bâtiments ou des ouvrages d’art de l’État, il a aussi abordé des sujets religieux et réalisé de nombreux bronzes. Son originalité est d’avoir initié l’œuvre monumentale dans les Vosges bien avant la fin du conflit mondial, qu’il avait commencé comme simple soldat.
Il a réalisé, consécration de sa renommée de sculpteur de la Grande Guerre, le cénotaphe présenté à la veillée funèbre du 13 juillet 1919 sous l’Arc de triomphe à Paris.