
À Marseille, un premier marégraphe est établi entre 1849 et 1851 par l’ingénieur hydrographe Rémi Chazallon dans le port de La Joliette. En 1884, la Commission du nivellement général de la France fait construire le long de la Corniche cet observatoire permanent connu sous l’appellation « Marégraphe de Marseille ». L’objectif était de fixer le « niveau zéro », l’altitude origine pour la France continentale.
Les mesures marégraphiques ont débuté à Marseille en février 1885. Après douze ans d’observation des variations du niveau de la mer, l’altitude zéro a été déterminée.
La pièce qui « fixe » ce niveau de référence est un rivet de bronze dont la calotte sphérique est constituée d’un alliage extrêmement résistant de platine et d’iridium qui a été enchâssé dans une plaque de granit elle-même scellée dans le rocher à une cote de 1,66 mètre au-dessus du niveau zéro (niveau moyen de la mer, à Marseille, dans l’Anse Calvo, entre 1844 et 1896). Ce rivet est appelé le « repère fondamental du nivellement général de la France ».
Les marégraphes du XIXe siècle sont des marégraphes mécaniques à flotteur. Un marégraphe, c’est d’abord un puits de tranquillisation où l’eau de mer pénètre mais où l’effet de la houle et des vagues est très largement atténué. Dans ce puits se trouve un flotteur qui suit les mouvements verticaux de la mer causés par les marées et les changements météorologiques.
Un câble métallique transmet les mouvements du flotteur à l’appareil enregistreur. Un ensemble d’engrenages les communique à un organe scripteur qui trace une courbe des variations du niveau de la mer en fonction du temps.
Un mouvement d’horlogerie commande le déplacement du cylindre porteur du papier. Le diagramme ainsi réalisé est appelé un marégramme.
Le marégraphe fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 28 octobre 2002. Il continue de suivre avec précision les oscillations de la mer et un technicien de l’IGN continue chaque semaine à entretenir le mécanisme et à noter les mesures du marégraphe.
Le marégraphe historique est secondé depuis 1998 par un appareil numérique équipé d’un télémètre. A Marseille, ce télémètre est un appareil à ondes radar. Il émet un court train d’impulsions et détecte le signal réfléchi. Le temps écoulé entre l’émission et la réception du signal est traduit en hauteur d’eau.
Les données sont stockées dans une centrale d’acquisition, puis transmises en continu, par le réseau téléphonique, au Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM), responsable de leur traitement et leur diffusion.

Croquis du Marégraphe
Quelques exploitations possibles des observations marégraphiques
– Applications liées au nivellement
– Unification des réseaux de nivellement
– Étude des références verticales et leurs relations (géoïde, ellipsoïde, zéro hydrographique, niveau moyen de la mer…)
Intérêts opérationnels immédiats
– Hydrographie (prédiction de marée, cartes marines, sécurité de la navigation, amélioration des modèles de marée…)
– Applications environnementales (plans de prévention des risques naturels prévisibles, systèmes d’alertes aux ondes de tempêtes et aux tsunamis, validation des modèles climatiques…)
– « Calibration » des mesures des altimètres radars embarqués sur satellite, évaluation et validation des résultats d’altimétrie spatiale
– Études scientifiques à plus long terme
– Compréhension des processus qui engendrent les variations du niveau moyen de la mer (tectonique, subsidence, hydrodynamique…)
– Étude de l’influence de la marée sur les écosystèmes littoraux
– Étude de l’évolution séculaire du niveau moyen des mers
De nombreuses personnes d’horizons différents, constatant que le marégraphe de Marseille présente un intérêt spécifique et remarquable, ont décidé de créer une association pour le faire mieux connaître. L’association ayant pour nom Les amis du marégraphe de Marseille a vu le jour le 7 janvier 2021.
Les amis du marégraphe de Marseille
L’association a pour objet de réunir des personnes souhaitant agir pour le rayonnement de cet observatoire. Elle utilise tous les moyens à sa disposition pour faire mieux connaître son intérêt spécifique et remarquable, son histoire et son utilité scientifique actuelle.
C’est une association à but non lucratif, ouverte à toutes et à tous, y compris aux adhérent(e)s mineur(e)s. Huit personnalités et de nombreux partenaires facilitent son action. L’Ordre des géomètre-experts (OGE) est son principal financeur.
Ses activités visent notamment à :
● Continuer à ouvrir le marégraphe au public.
● Proposer des partenariats pédagogiques incluant, pour les adultes, des conférences, et pour les enfants des visites dédiées et des interventions en milieu scolaire.
● Favoriser la réalisation d’œuvres numériques, culturelles, scientifiques ou artistiques, dédiées au marégraphe.
● Établir et conforter des liens avec d’autres acteurs du patrimoine et de la science.
● Participer à la nécessaire communication sur l’adaptation aux changements climatiques.
Zoom sur la visite du marégraphe
Entre 2013 et 2019, l’IGN a accueilli environ 10 000 visiteurs au marégraphe. Pour diverses raisons, le marégraphe est actuellement fermé au grand public. En 2022, il ne sera probablement ouvert que pour les Journées européennes du patrimoine. A partir de 2023, le plus grand nombre des visites grand public sera organisée par « Les amis du marégraphe de Marseille », sur réservation préalable auprès de cette association (vous pouvez dès à présent manifester votre intérêt en écrivant à amis.maregraphe@gmail.com). Les visites continueront d’être gratuites et guidées.
Des passionnés se feront un plaisir de vous faire partager leur amour du marégraphe de Marseille.
