Dans les années 1990, Henri Verneuil change totalement de registre et se lance dans la réalisation de films intimistes. En 1991, il écrit et met en scène son Mayrig (Maman en arménien). Le film est une adaptation de son propre roman, écrit en 1985 pour rendre hommage à sa mère décédée quelques années plus tôt mais aussi à ses autres mamans (ses tantes Anna et Gayane). Le livre est traduit dans 37 langues. L’histoire se déroule sur une vingtaine d’années suivant les souvenirs du petit Azad, âgé de 6 ans, ponctués de commentaires en voix-off ou de flash back sur la période du génocide, narré par Richard Berry. Azad nous raconte ses difficultés d’intégration dans une France hostile envers les immigrés, dont les voisins qui ne veulent pas les laisser utiliser le four commun ; le propriétaire qui accuse ses locataires d’avoir apporté les punaises depuis leur pays ; les camarades de classe de haute société qui se moquent d’Azad sur ses conditions de vie précaires et sur son insolite religion dont ils ignorent qu’elle est pourtant chrétienne… mais les Zakarian, bien déterminés à s’intégrer et à recommencer dignement leur vie, ne se découragent pas, au contraire. La réussite du petit Azad dans son nouveau pays est leur seul but. Hagop, le père, Araxi, la mère, et les deux tantes Anna et Gayane s’y dévouent corps et âme, avec une obstination infatigable…Mayrig s’inspire de la véritable histoire d’Henri Verneuil…en décembre 1924, réfugié ne parlant pas français, il débarque à quatre ans sur le quai de la Joliette à Marseille avec sa famille rescapée du génocide arménien perpétré par le gouvernement Jeunes-Turcs de l’Empire ottoman. Après des études à l’École des Arts et Métiers d’Aix-en-Provence d’où il sort diplômé en 1943, il devient journaliste au magazine Horizons en 1944. Au moment où il doit signer un document, il lui est demandé de prendre un pseudonyme. Sans idée particulière, il lève le nez pour regarder les murs autour de lui, avise une affiche mentionnant la ville de Verneuil, et choisit ce nom-là. Henri Verneuil raconte l’anecdote dans un entretien qu’il donne à Télérama, dans les années 1980, à la suite de la publication de son roman Mayrig.
Il met en chantier une suite l’année suivante de la sortie du film Mayring avec 588, rue Paradis. Richard Berry qui fut narrateur dans le premier volet, rejoint la distribution. Le film clôt la carrière du cinéaste. Mayring et Jean-Claude Petit ont été nommé aux César 1992 pour la Meilleure musique écrite pour un film. Visionnez le film en intégralité dans l’onglet vidéo ou en cliquant ici.
