Usine Saman-Micasar, l’origine des Cagoles ?

3 Boulevard Louis Villecroze, 13004 Marseille
672
Usine Saman-Micasar, l’origine des Cagoles ?
Arrondissement : 14ème
Au 3 Boulevard Louis Villecroze se trouve encore deux grandes cheminées en brique et un pan de l’histoire de Marseille, vestige à une époque des Pastis Berger puis ensuite de l’usine de dattes et de fruits secs Saman-Micasar rachetée par la Coopérative France-Prune en 2002…l’usine fermera en 2007 et avec elle un peu de l’expression «si tu ne travailles pas bien à l’école, tu iras travailler aux dattes» et aussi peut-être l’origine de la fameuse expression « la cagole ».

Fondée en 1948 par par Michel, Casanova et Arbona, « Micasar » est à ses débuts une entreprise de traitement et de conditionnement de dattes. Elle se situe à l’origine au 44 Cours Julien avant son transfert au 134 Boulevard Michelet l’année suivante. Les ouvrières portaient une cagoule par mesure d’hygiène. C’était à cette capuche hygiénique, qu’elles devaient le surnom de «cagoles», issu du terme provençal «cagoulo » ( cagoule, capuchon) ! Une autre version prétend qu’on les appelaient cagoulo ou cagoulot par mimétisme avec le nom donné à leur long tablier de trieuses de dattes.

Leurs très petits salaires incitaient certaines de ces cagoles à arrondir leurs fins de mois en faisant commerce de leurs charmes…donnant naissance à l’expression bien connue aujourd’hui ou encore à une marque de bière créée en 2003 à Marseille par Yves Darnaud.

photo privée de 1955

En 1964, année de forte croissance, une ancienne savonnerie est achetée au Boulevard Roger Salengro, tout en conservant l’usine du Boulevard Michelet. En 1972 on travaillait « aux dattes » 8 heures par semaine (y compris le samedi matin) pour le SMIC soit 4,55 francs de l’heure. Le salaire y était très faible et les conditions de travail très dures. C’est pourquoi des générations de petites Marseillaises ont entendu leurs parents les sermonner : «si tu ne travailles pas bien à l’école. tu iras travailler aux dattes». Une troisième fabrique est prise en location en 1973, chemin du Rouet, où était déjà installée une usine consacrée aux dattes (anciennement Marseille-Dattes). En 1977, Micasar s’installe au 3 Boulevard Villecroze, où se trouvaient les locaux de la Société Berger (pastis et liqueurs) en abandonnant les locaux de Michelet et du Rouet et plus tard de Salengro. En 1987, Jean Arbona se détache de l’entreprise et en 1989, ses deux fils, Jean-Jacques et Daniel, s’associent avec Christian Saman, alors leader sur le marché des fruits secs en France. La société Micasar, quant à elle, était à cette époque-là, leader en dattes à l’export. Par le groupement de ces deux entreprises, la nouvelle société SAMICA (Saman-Micasar) voit le jour. Jean-Jacques Arbona en est le directeur général et directeur à l’export et Daniel Arbona, le directeur de production du groupe. En 1992, Christian Saman rachète les parts des frères Arbona de la Samica et en 1993 ces derniers investissent en Tunisie pour créer Le Comptoir des Dattes. Lâché par l’américain Dole, son actionnaire principal depuis 1993, qui a décidé de se recentrer sur les fruits frais, le numéro deux du fruit sec en France cherchait un repreneur. La société Saman est ensuite rachetée par la Coopérative France-Prune (Maître Prunille) en 2002.

Fin de lutte à Saman en avril 2007. Les salariés de la société de fruits secs annoncent qu’ils mettaient fin à la grève observée depuis près d’un mois pour protester contre la fermeture de leur usine. « Malgré leur détermination, les salariés permanents et saisonniers n’ont pu éviter la délocalisation » de l’activité « dattes » dans le Lot-et-Garonne, selon un communiqué de la CFDT.

Dates clefs :

  • 1948 : création de l’entreprise
  • 1949 : installation de l’usine au 134 Boulevard Michelet
  • 1964 : une 2ème usine est établie au Boulevard Roger Salengro
  • 1977 : installation de l’usine au 3 Boulevard Villecroze et fermeture des autres ateliers
  • 1989 : création de la SAMICA (Saman-Micasar)
  • 1992 : les frères Arbona vendent leurs parts à Christian Saman
  • 2002 : la société SAMAN est rachetée par la coopérative France-Prune (Maître Prunille)
  • 2007 : fermeture de l’usine

Aujourd’hui diverses sociétés occupent l’ancien site de l’usine.


SOURCES Slate & Elodie Maniaval « Histoire sociale du territoire à travers les Mémoires orales des industries Marseillaises » & 20 Minutes
PHOTOS Google Street View & Archives Micasar et non créditée
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