La rue Saint Ferréol doit son nom à un martyr. Attention à la confusion car cinq personnages ont portés le nom de Ferréol, à commencé par le bon, Ferréol de Besançon mort en 212, puis le Tribun romain Ferréol de Vienne mort en 304, suivi de Ferréol de Limoges, évêque mort en 590/597, puis Ferréol de Grenoble, évêque mort vers 659 ou 670, et enfin Ferréol d’Uzès, évêque mort en 681 . Selon Pierre Echinard dans la revue Marseille « Cœur d’une «trilogie religieuse», entre rue de Rome et rue Paradis, la rue Saint-Ferréol, née en 1693, doit son nom à une chapelle située à l’angle de la rue Grignan et dont le vocable fut ensuite repris par la grande église paroissiale érigée à son extrémité sud entre 1716 et 1740. L’édifice bornait l’extension de la voie vers le sud, alors que ses deux sœurs, les rues de Rome et Paradis, prolongées par des chemins dans les faubourgs de la ville, manquaient d’unité, de même que la Canebière et ses prolongements.
Munie de trottoirs et pavée dès 1731, partiellement reconstruite et mieux alignée vers le milieu du XVIIIe siècle, la rue Saint-Ferréol trouva enfin une cohésion sous Louis XVI, du moins sa partie nord, qui restait encore, trente ans plus tard, la plus fréquentée. Au sud, la destruction en 1794 de l’église Saint-Ferréol par arrêté de Barras et Fréron, parce qu’elle avait abrité les assemblées de la 5 e section fédéraliste, dégagea une grande place terminale. Elle reçut pour décor, entre 1810 et 1818, une statue colossale de la Paix due à Chinard, puis, à partir de 1837, la fontaine de la Peste élevée d’abord rue Paradis par Charles Delacroix. Une série d’immeubles précédés d’un vaste espace partiellement arboré, plus tard remplacés par les imposants bâtiments de la Préfecture (1864-1868), dressait une barrière définitive à l’extension de la rue vers le sud. C’est ainsi que, limitée au cœur même du centre-ville, la rue Saint-Ferréol, par ses dimensions modestes (500 m de long pour 12 mètres de large), devint une voie cohérente et uniforme, capable de résumer toutes les opportunités et les vertus de la ville neuve, et d’être l’écrin des élégances marseillaises« .
A noter que des façades de l’Ancien Régime côtoient assez harmonieusement d’amples constructions des 19 et 20ème siècles, autrefois toutes occupées par des banques, ce qui prouve à l’époque la richesse de la rue…A découvrir le remarquable bâtiment du n°17, construit en 1919 par l’architecte Henri Ebrard pour y créer le siège de la Compagnie Algérienne, l’immeuble de 4 étages et son impressionnant dôme oscille entre le style art nouveau et le baroque avec ses balcons sculptés, ses ferronneries, et sa grande horloge.
Au n°75 de la rue, on découvre un spectaculaire bâtiment qui accueillera dès son ouverture en 1918 la Banca Commerciale Italiana, avant qu’un Virgin Megastore y ouvre ses portes pendant 25 ans jusqu’à sa fermeture en juin 2013 malgré des bénéfices. Racheté en 2014 par une foncière parisienne et rénové par l’agence marseillaise Roland Carta, c’est le suédois H&M qui loue cet immense espace de 5.588 mètres carrés et qui y a inauguré son concept store haut de gamme le 13 juillet 2016.
L’artère a également abrité un temps Le Nouveau Wauxhall, Café des Variétés. Il s’appelait à l’origine le café-concert le Wauxhall. Il déménagera en 1822, de la place Royale, actuelle Place du général-de-Gaulle pour l’angle de la rue Davso et St Ferréol…Après la Révolution, on entreprit à Marseille la construction de ce café dont l’utilisation dépassa le cadre de la simple restauration. Le lieu était à l’origine une salle de concert dans laquelle siégea en 1793 l’une des sections communales de Marseille.
Il deviendra le Pavillon Chinois en 1795, puis le Wauxhall en 1805. Après son déménagement il sera scindé en deux dont une partie deviendra en 1841 le Café des Variétés. Au n°31 de la rue Saint Ferréol, à l’emplacement autrefois d’un magasin La Redoute et aujourd’hui d’une grande chaîne suédoise de vêtements se trouvait un cinéma de 980 places en 1957 puis 1200 places en 1964, Le Rialto…un morceau d’histoire de ce cinéma, daté de 1928, est à présent dans l’Eglise de la Mission de France !
A la fin du XIXème siècle, une succursale marseillaise du groupe parisien la Belle Jardinière s’installe au 6,8 et 10 rue Saint-Ferréol, dans un immense espace aujourd’hui occupé par la marque Eurodif. Le concept de magasin proposant de la confection finie et en série, à un prix adapté à la nouvelle clientèle des classes moyennes, connaît un grand succès et le petit magasin parisien de 1824 est à l’origine d’une des premières chaînes fonctionnant en franchise avec 322 unités en 1860 ! Elle se surnomme à l’époque « La plus grande maison de vêtement du monde entier » rien que ça !