Rue du Baignoir et les Grands Bains et Étuves

Rue du Baignoir, 13001 Marseille
300
Rue du Baignoir et les Grands Bains et Étuves
Arrondissement : 1er
La rue du Baignoir est une étroite voie de 249 mètres de long du Quartier de Belsunce, allant de la rue Tapis-Vert à la rue des Petites Maries. Dans cette rue se trouvait au n°42 un établissement de soins fondé au 17ème siècle (le plus ancien connu de la ville) intitulé « Grands bains et étuves » d’où son appellation à partir de 1855. Mais d’autres curiosités y sont à picorer…

Entrée du n°42

L’artère se nommait auparavant « Rue du Grand Saint Jean » du fait de l’auberge qui s’y trouvait jusqu’en 1763, date à laquelle la voie est prolongée jusqu’à la rue des Petites-Maries. Augustin Fabre dans son ouvrage de référence « les rues de Marseille » signale qu’au XVIIIe siècle, il n’existait plus qu’un seul établissement de bains publics à Marseille, celui du n°40 de la rue du Baignoir. Il y relate les quelques spécificités de ces bains où la corporation des « baigneurs, étuvistes et perruquiers » était tenue d‘avoir « des marques visibles de son art pour la propreté et l’ornement du corps humain ». Ses boutiques devaient être « peintes en bleu, fermées de châssis à grands carreaux de verre, avec des enseignes portant des bassins blancs » pour bien identifier la profession.  Durant la seconde partie du XIXe, on constate un engouement pour la baignoire, ce qui va permettre le développement de l’activité des porteurs d’eau avec le bain à domicile. Le livreur transporte des seaux d’eau chaude sur une charrette et les monte à l’étage.

Cours intérieure du 35 rue du Baignoir (photo Famille Salle)

Il n’a pas le droit de rester dans l’appartement pendant le bain et se repose sur le palier. Puis il vide l’eau sale dans la cour. Mais si par malheur, il renverse une goutte, il perd son pourboire. Les fameux bains, alors les plus anciens de la ville étaient alimentés probablement par la source de la Frache toute proche. Au début du XIXe siècle, ces grands bains tenus par Vincent Coste étaient les plus réputés de la ville pour leurs propreté et leurs décence. Au 5 rue de la Fare, parallèle à celle du Baignoir, on trouve encore le hammam Sultan surmonté d’une grande cheminée de brique. C’est la famille Serkizyan qui a créé ce bain en 1936 afin de permettre à des réfugiés arméniens vivant sur le camp Victor Hugo près de la gare Saint Charles de pouvoir disposer de cabines de douches. Au n°35 de la rue du Baignoir se trouvait depuis 1775 l’ancien hôtel de la famille Salle, devenue par donation vers 1935, la Direction des Œuvres diocésaines. Des photos issues d’un site web dédiée à la famille Salle, nous dévoile à l’intérieur la belle cours et sa fontaine de ce bâtiment toujours visible.

Le 5 février 1932 une lettre de l’Evêque de Marseille est adressée à la famille Salle en remerciement de la donation de la maison de la rue Baignoir en ces termes :

« Messieurs, l’apport de votre maison de la rue du Baignoir à une de nos sociétés anonymes est terminé. Il m’est doux de vous exprimer toute ma reconnaissance. Elle se traduira surtout par nos prières pour vous, vos familles et vos chers défunts. Vous avez exprimé le désir que cette maison serve à une œuvre diocésaine. Vous serez exaucés. La direction des œuvres en a pris possession et y restera. Même si un jour la directions des œuvres jugeait nécessaire de s’établir ailleurs, je vous promets qu’une autre œuvre pie lui succéderait et qu’ainsi cet immeuble sera toujours utilisé pour le bien du diocèse. Veuillez agréer, Messieurs, avec ma vive gratitude, mes sentiments bien dévoués en N. S. Maurice Dubourg, Évêque de Marseille ».

En 2022 la bâtisse accueille une résidence Adoma « au service de toutes celles et ceux – salariés ou sans emploi, personnes seules ou familles qui traversent des difficultés économiques et d’insertion, en proposant des logements meublés adaptés aux situations de chacun« .

A noter de nos jours le très bel hôtel particulier du n°30 avec ses visages en façade…ce pourrait être, si la numération est restée identique, l’ancien siège des verreries, faïences, porcelaines & cristaux E.Gombert (ancienne Maison L.Honnorat. Une entreprise spécialisée dans les articles pour pharmacies (bouteilles, dames jeannes et éclairages), médaille d’argent lors des expositions de Marseille de 1891 et 1906.

Au n°12 en 1945 on trouve encore la mercerie de madame F.Gaudin spécialiste du bouton galalithe (1897, la toute première matière plastique de synthèse). Au n°18 se trouvaient dans les années 30 « Frigorifique Industriel du Midi« , une raffinerie modèle de Saindoux tenue par les établissements E.Aulanier & C.Lody et fils. Au n°20 au début du 20ème siècle M.Séguirand, vend des raisins à boisson, spécialité de dattes et des fruits secs et des légumes.

On trouve également dans la rue du Baignoirs des graffs et décorations de rue à l’angle avec la rue Nationale…et tout le long des bazars, vendeurs de tapis, coiffeurs, hammams et salons de thé…


SOURCES wikipedia rue du Baignoir & Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte & famillefine.free.fr
PHOTOS Archives & Google Maps & famillefine.free.fr & eauxdemarseille.fr
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et sont mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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