« La Quique », évoque le sobriquet affectueux que les femmes de Marseille, notamment les commerçantes, utilisaient familièrement pour s’adresser à une cliente ou à un enfant. C’est à Gaby Deslys, première vedette marseillaise du music-hall international, que Joséphine Nicoli, née Roux, bouquetière du kiosque n°13 dès 1885, doit le nom de « La Quique ». La star l’engage pour vendre des fleurs au Grand Casino, où elle donne en 1918 la revue avec Harry Pilcer, et elle lui dit : « Tu ne t’appelleras plus Joséphine mais La Quique ! ». De ce moment-là, les artistes de passage à Marseille prennent l’habitude de se rendre à son kiosque avant d’entrer en scène…« La Quique », c’est comme un porte-bonheur !
Parmi eux, Mistinguett, Chevalier, Raquel Meller, Scotto, Alibert, Pagnol, Raimu, Delmont, Andrée Turcy, Gorlett, Réda Caire, Albert Préjean, Claude Dauphin, José Janson, André Luguet, Madeleine Sologne, Charles Trénet, Tino Rossi, Luis Mariano, Edith Piaf, François Périer…qui chantent ou jouent la comédie à l’Alcazar, aux Variétés, à l’Odéon. « La Quique » est toujours à la « première » et au premier rang ! Joséphine a eu deux filles, dont Henriette (d’Onorio), qui tient le célèbre kiosque dès l’age de 13 ans, continuant après sa mère à servir préfecture, police, grandes administrations et à fréquenter des artistes-amis pour qui elle est restée « ma Quique jolie » et « ma belle Quique ». Elle cède l’établissement en 1978, riche d’innombrables souvenirs, dont celui rapporté par Jean-Baptiste Luppi, son voisin du kiosque de loterie nationale « Le Fétiche ». Lui montrant un jour ses mains percées de trous d’épingle, Joséphine fit ce commentaire : « Et dire que Mayol parlait des mains de femmes et des mains de fleuristes dans sa chanson ! ».
Ce n’est qu’en 2020 à l’occasion des 100 ans de sa mort qu’une ornementation spécifique y a été mise en place pour rappeler l’histoire de ce kiosque et de sa star de l’époque. En 2022, le kiosque était à vendre…la fin d’une époque ? Finalement non, en juin 2023, le kiosque réouvrait ses portes !
L’architecte des Pavillons, Pascal Coste
Né à Marseille le 26 novembre 1787 d’un père figurant parmi les principaux menuisiers de la ville, il fit à Paris la connaissance du géographe Jomard qui le mit en relation avec le vice-roi d’Égypte, Mehmet Ali. En 1817, il était engagé comme architecte par le potentat oriental. En 1825, il rentra en France avec une impressionnante série de dessins sur l’architecture du Caire. Mais il retourna rapidement en Égypte à la demande de Mehmet Ali qui lui confia les fonctions d’ingénieur en chef de la Basse-Égypte. En 1846, le président de la Chambre de Commerce, M. Luce, lui commanda un projet de Bourse sur la Canebière. Certes, le projet, initié par Coste, subit de nombreuses modifications avant d’être réalisé, mais il n’en demeure pas moins le créateur.
Coste est aussi à l’origine de deux autres projets architecturaux à Marseille : la construction de la faculté aux allées de Meilhan, et un musée avec château d’eau à Longchamp. Il entreprit aussi la construction de l’abattoir d’Arenc, achevé seulement en 1851. Pascal Coste mourut à l’âge de quatre-vingt-douze ans, le 8 février 1879. Sur la fin de sa vie, il avait élevé au rang d’officier de la Légion d’Honneur.