Conçue dès 1859 par Ernest Biver pour lutter contre l’invasion des eaux qui noyait les chantiers et les galeries du puits Biver (Société des Charbonnages des Bouches-du-Rhône) , la Galerie de la Mer a fait l’objet de plusieurs projets successifs dont l’un (1881) proposait de rejeter les eaux d’écoulement dans l’Etang de Berre. Le principe d’une galerie doublement équipée pour l’écoulement des eaux et le roulage, adopté dès 1875 (projet Villot), fut mis en ouvre à partir de 1889 par M. Damage (successeur d’Ernest Biver décédé cette même année). Le tracé en ligne droite devait relier le puits Ernest Biver, creusé pour la circonstance, au point zéro situé à la Madrague (à proximité du cap Pinède).
Deux puits d’aérage ont également été foncés sur son parcours : le puits St-Joseph et le puits de la Mure. Le creusement, commencé au cap Pinède en 1889, se poursuivit jusqu’en 1905 avec ouverture d’un second point d’attaque depuis le puit Biver à partir de 1894. Les difficultés de creusement et la longueur de l’ouvrage (15 km) firent considérer la galerie de la Mer comme « le plus fabuleux, gigantesque et fantastique chantier, jusqu’ici jamais réalisé dans la région« .
La galerie de la Mer fut équipée en 1906 et 1907 d’une voie ferrée acheminant lignite et stériles par train de berlines jusqu’au criblage de la Madrague. On peut noter que le dépôt des stériles pendant plusieurs décennies a fait reculer le bord de mer de plusieurs dizaines de mètres. La fermeture du puits Biver et son remplacement par le puits Gérard, mis en activité en 1949-1950, nécessita l’établissement d’une nouvelle jonction accessible par la recette souterraine du puits Gérard. Après 2003 et l’arrêt définitif de l’extraction dans les Bouches-du-Rhône, il a été décidé de maintenir la galerie en activité pour éviter, notamment, que des inondations ne se produisent dans des zones aujourd’hui très urbanisées. Elle permet l’évacuation des eaux d’exhaure jusqu’à la mer, à l’extérieur du port de Marseille, via une canalisation. Ceci évite la contamination, par l’eau ferrugineuse de la mine, de l’eau infiltrée et drainée tout le long des 14 km de galerie.
Le BRGM (Service géologique national) assure, pour l’Etat, l’entretien et de la surveillance de cette galerie.
La société EDF optimal solutions obtient en 2019 l’autorisation de réaliser un système de refroidissement destiné aux centres de données de la société Interxion, utilisant les eaux provenant des mines dont la température est quasiment constante (15,5 °C). Le débit de pompage maximal est fixé à 1 800 m3/h. Interxion, leader européen des data-centers, a implanté deux data-centers sur le port dans Marseille dans l’enceinte de l’ancienne base sous-marine allemande Martha. Avec le soutien de Dalkia Smart Building, Interxion a mis en place une solution innovante permettant de refroidir ses data-centers et d’optimiser leur consommation énergétique : le River Cooling. Il s’agit d’un dispositif utilisant de l’eau naturellement froide et inutilisée (provenant d’écoulement d’une ancienne mine) pour refroidir les salles qui hébergent les serveurs. La captation s’est déroulée sur 3 sites : sur le data-center MRS2, dans la station de pompage et la galerie à la mer. C’est cette eau inutilisée qui est récupérée pour le fonctionnement du River Cooling et qui est acheminée jusqu’aux data-centers (environ 1,6km) grâce à la station de pompage. En savoir plus en vidéo.