Tuilerie Martin Frères & Villa l’Emilienne

58 Boulevard Jean Labro, 13016 Marseille
2931
Tuilerie Martin Frères & Villa l’Emilienne
Arrondissement : 16ème
Grâce à la présence importante d’argile, on a toujours produit des tuiles dans le bassin de Séon, et cela depuis l’antiquité. Mais cette production s’est vraiment développée au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le boulevard Labro dans le 16ème a été ainsi nommé en 1945 à la mémoire d’un résistant mais il s’appelait auparavant Martin du nom du directeur de l’usine de tuiles Martin frères…un boulevard créé et loti pour loger les très nombreux ouvriers des tuileries venus du monde entier. La Villa l’Emilienne, logement des Martin, qui dominait l’usine est le seul vestige encore visible de cette époque. Des logements et une crèche vont prendre place sur le site en 2023.

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Tuilerie Martin Frères

En 1829 cette immense parcelle est une vigne appartenant à François Marcellin et Anne Sacoman son épouse. Elle jouxte une petite parcelle de graviers et une plage qui servira plus tard de débarcadère. La parcelle et sa maison semble avoir été vendues vers 1831 car en 1833 le bâti passe de 24 à 189 portes et fenêtres. Ce chiffre est énorme et ne peut être que celui d’une usine…la future tuilerie briqueterie Martin frères. L’augmentation des ouvriers fut brutale quand l’usine est passée au mode industriel comme le démontre ces quelques chiffres donnés par Yves Ratier en 1989 dans le Tome 4 de l’Histoire du commerce et de l’industrie de Marseille : « En 1842 les trois quartiers de Séon comptaient 60 fabriques de tuiles et briques artisanales et 700 ouvriers », soit une dizaine d’ouvriers par entreprise.

Dès l’achat des brevets et le développement industriel en 1844, l’usine Martin Frères passe à 100 ouvriers. « En 1872 les trois quartiers comptaient 94 fabriques et 1800 ouvriers » ; soit une estimation de 200 ouvriers de plus chez Martin Frères en 30 ans seulement.

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Vue générale sur les Tuileries de la zone du Bassin de Séon

Vers le Nord, les terrains ont été achetés pour construire des habitations et les vendre. La nouvelle église est construite avec les fonds de la Mairie, des industriels et de l’Evéque Mazenod. Sur ce boulevard, les Martin avait une parcelle de terrain qu’ils ont utilisé pour construire l’école des filles et la salle d’asile; les décors en terre cuite en façade montrent leurs savoir-faire artisanaux. Dans les années 1880 Alexis Grawitz reprend la tête de cette usine, il donne son nom au second boulevard, loti en parallèle au premier. Sur une parcelle, il crée la crèche pour les ouvrières devenu de nos jours un club de judo. Pour finir de comprendre cette nouvelle « ville », il faut mentionner la sirène de l’usine, qui rythme autour des trois-huit le quotidien des êtres. Les magasins ouvrent à 5 heures du matin, dès la première sirène et suivent les entrées et sorties des ouvriers et ouvrières. Cet urbanisme industriel donne la dimension de l’usine dans le paysage et de ses bâtiments en bord de mer.

Sur le site de l’ancienne tuilerie Martin Frères se trouve encore la maison de maître, la Villa l’Emilienne, qui dominait tout le site de l’usine.

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Villa l’Emilienne (photo Julie Viboud)

C’est ici où vivaient autrefois la famille Martin Frères, propriétaire de la tuilerie. Les lieux accueillent à présent une entreprise. La maison de trois étages et quatorze fenêtres en façade possède deux tours sur le côté. Ces fenêtres donnaient sur la tuilerie afin de surveiller à tout moment l’usine. Sur le côté droit de la maison, on trouve une dépendance décorée de « rocailles ». Derrière la dépendance, se trouve une ferme, aujourd’hui à l’abandon, qui permettait à la famille Martin de se nourrir par ses propres moyens et même de vendre ses produits aux commerces de Saint-André. On y élevait des volailles des vaches et des cochons, un potager et un verger étaient cultivés. En 1943, l’usine disparait des sources institutionnelles. Cependant l’armée allemande passe commande de « fusées céramiques » un nouveau brevet acheté par l’usine qui permet de fabriquer des briques creuses en forme de bouteilles emboîtables pour construire des voûtes. Cette activité permet à l’usine de ne pas fermer durant la guerre.

En 1945 le stock des fusées est récupéré par l’architecte Fernand Pouillon. Elles serviront à construire les baraques du camp du Grand Aréna à Marseille, commandées par l’armée américaine.


SOURCES Wikipédia & tempsdesirenes.wordpress.com
PHOTOS Archives & Mappy.fr & Julie Viboud
VIDÉO Julie Viboud
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