L’avenue Ibrahim Ali, l’hommage, 26 ans après le drame
Avenue Ibrahim Ali, 13015 Marseille
le 21 février 1995 à Marseille, Ibrahim Ali, alors âgé de 17 ans est assassiné par un colleur d’affiches du Front national, Robert Lagier. En février 2021, le conseil municipal décide de rebaptiser l’avenue des Aygalades avenue Ibrahim-Ali. Une plaque sera dévoilée le 21 février 2021, 26 ans après son décès et des années de polémiques et d’une longue quête de reconnaissance pour les proches de cette victime du racisme.
À Marseille, le 21 février 1995, lors de la campagne électorale des présidentielles et municipales, Robert Lagier, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio, des militants du Front national, décident d’aller coller des affiches à l’effigie de Jean-Marie Le Pen. Ils sont armés de pistolets 22. Lr et 7,65 mm. Au carrefour des Aygalades, dans le 15e arrondissement de Marseille, Mario d’Ambrosio décide d’assurer la surveillance des affiches qui viennent d’être collées. Les deux autres partent coller plus loin où ils se retrouvent face à un groupe de jeunes d’origine africaine du groupe de rap B.Vice1 courant sur toute la largeur de la rue. Ils disent avoir été agressés et être repartis en courant rejoindre le carrefour où est resté d’Ambrosio. Les adolescents disent qu’ils couraient pour ne pas rater leur bus. Lagier tire une première fois et l’un des jeunes fait mine de s’effondrer. Le groupe de jeunes s’enfuit en rebroussant chemin. Deux autres coups claquent, une des balles atteint dans le dos Ibrahim Ali, un Français d’origine comorienne âgé de 17 ans. D’Ambrosio, à son tour, fait feu vers les jeunes. Les marins-pompiers, prévenus par un patron de bar, arrivent peu après et découvrent une plaie au thorax, dans le dos. Ali décède une demi-heure après sa prise en charge.
Deux jours après les faits, Bruno Mégret affirme que le meurtrier a été « violemment agressé » : « si nos colleurs n’avaient pas été armés, ils seraient probablement morts » ; il en conclut que c’était « la faute de l’immigration massive et incontrôlée ». Jean-Marie Le Pen commente auprès de ses militants en ces termes : « Au moins, ce malheureux incident a attiré l’attention générale sur la présence à Marseille de 50 000 Comoriens. Que font-ils là ? ».
I
Lagier maintiendra sa version de l’agression, et répétera que les voitures des trois militants FN ont été abîmées par le groupe et qu’ils se sont défendus. Les policiers qui ont été les premiers sur place, quelques minutes après le drame, sont venus expliquer à la cour qu’ils n’ont pas trouvé de pierres sur place, bien que Lagier dise avoir distinctement entendu des impacts sur sa voiture ce soir-là. Robert Lagier, l’auteur du coup de feu mortel, est reconnu coupable d’homicide volontaire, ainsi que de tentatives d’homicides volontaires et de violences avec armes. Il est condamné à 15 ans de réclusion criminelle, alors que l’avocat général, Étienne Cecaldi, avait requis contre lui 20 ans. Mario d’Ambrosio, auteur de plusieurs coups de feu, écope de 10 ans d’emprisonnement pour tentatives d’homicides volontaires ; la cour d’assises dépasse la réquisition de l’avocat général qui avait demandé 7 ans de prison. Pierre Giglio, le responsable du groupe de colleurs d’affiches, est condamné à deux ans de prison dont un avec sursis pour port d’arme. Bruno Mégret était présent à la barre pour soutenir les trois militants. Libéré en 2002, D’Ambrosio est employé par la mairie de Vitrolles à sa sortie de prison. Robert Lagier décède d’un cancer en prison.
Le chanteur Alex Beaupain fait allusion à cette affaire dans sa chanson Quitter la ville (sur l’album Garçon d’honneur, 2005); le groupe de rock toulousain Bruit qui court dans la chanson La Mélancolie (sur l’album X, 2014); Le Rat Luciano du groupe de rap marseillais Fonky Family dans la chanson Mystère et suspense (sur l’album Art de Rue, 2001); Anti Racist Soldiers de Spook and the Guay en 1998 dans l’album Mi Tierra. En mai 2013, des associations et des élus marseillais proposent d’instaurer une « journée Ibrahim Ali » chaque 21 février. Cette initiative dédiée à « la lutte contre le racisme » est présentée par divers élus du centre et de gauche au conseil municipal; elle n’a pas le soutien escompté et elle est même dénoncée par le responsable local du Front national, Stéphane Ravier qui évoque une « profanation ». En 2015, vingt ans après les faits, hors une plaque indicative au carrefour où Ibrahim Ali fut abattu, nulle commémoration ne semble avoir été prise au niveau municipal pour honorer la mémoire et la famille de la victime. Seuls, les proches et les membres de la Sound Musical School proposent chaque année une commémoration chemin des Aygalades (15e arrondissement de Marseille), ainsi que des interventions culturelles et socio-éducatives. En février 2021, le conseil municipal décide de rebaptiser l’avenue des Aygalades avenue Ibrahim-Ali. Une plaque sera dévoilée le 21 février 2021, 26 ans après son décès. Une demande à laquelle Jean-Claude Gaudin, maire LR, n’avait jamais accédé.
“Aujourd’hui, la ville de Marseille rend justice en honorant un de ses enfants. Ce 21 février 2021 marque la fin d’un silence. Marseille renoue avec son histoire en écrivant en lettres capitales le nom d’Ibrahim Ali sur l’avenue qui traverse une partie des quartiers Nord, des quartiers depuis trop longtemps ignorés“, a déclaré le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, devant des centaines de personnes.
PHOTOS Lewisiscrazy & Une de la Marseillaise
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