Le projet éducatif de l’Œuvre reste celui de son fondateur : accueillir tout au long de l’année les enfants et les adolescents afin de leur permettre, à l’occasion et par le moyen des loisirs, de construire toutes les dimensions de leur personne y compris la dimension spirituelle. Ses successeurs ont créé plusieurs filiales, dont l’une fonctionne toujours : Les Iris, dans le quartier Saint-Giniez. L’Œuvre située rue Saint-Savournin est depuis plus de deux cents ans, au service des jeunes, avec le souci constant de s’adapter à chaque génération. L’Œuvre de la Jeunesse qui accueille aujourd’hui près de 400 membres, dispose d’équipements inédits en plein centre ville de Marseille dont une grande piscine, mais également un terrain de football, de basket, un city stade…mais aussi un théâtre mis à disposition ponctuellement pour les scolaires du quartier.
L’Œuvre n’est pas un musée, mais elle a acquis ou obtenu au cours de son histoire différentes œuvres d’art, essentiellement pour la chapelle, qui constituent un patrimoine. Le 20 novembre 1820, l’Oeuvre acquit «une maison avec jardin», au numéro 20 de la rue Saint Savournin et entreprit aussitôt la construction de cette chapelle (dont le coût s’est élevé à près de la moitié du prix d’achat de la propriété). La chapelle fut édifiée contre la façade nord de la maison. Les deux ailes du bâtiment actuel, qui s’avancent à l’Est et à l’Ouest, ont été ajoutées en 1839 et 1840. Le chœur, faisant saillie à l’Est du bâtiment , était éclairé par des fenêtres hautes; les fenêtres du côté sud du chœur ont été occultées lors de la construction de l’aile Est en 1840. Ce patrimoine visible et tangible se trouve augmenté du patrimoine que constitue la mémoire commune de faits ou de récits d’évènements qui jalonnent son histoire. L’un comme l’autre ont vocation à s’enrichir au travers de la vie qui est celle de l’Œuvre. Une équipe qui émane de l’Association des Anciens contribue à ce travail de mémoire. Il est à découvrir ici.
Jean-Joseph Allemand
est né le 27 décembre 1772 à Marseille, dans une famille de commerçants de 7 enfants. Les parents de Jean-Joseph étaient des personnes rudes, peu sensibles au caractère doux de leur dernier. Ils n’envisageaient pas de façon optimiste sa volonté de devenir prêtre. À 13 ans Jean-Joseph entre dans un groupe de jeunes animé par les pères du Bon Pasteur. Il s’y sent bien. Sa vocation s’affirme et il envisage de donner sa vie au service des jeunes. 18 ans, en 1790 – on est en pleine révolution – après avoir beaucoup réfléchi, prié et pris conseil, Jean-Joseph annonce à ses parents qu’il veut devenir prêtre. Son père, inquiet pour la sécurité de Jean-Joseph et du reste de sa famille, est contre cette décision et fait tout pour détourner son fils de cette voie. Il l’enferme dans sa chambre… Mais Jean-Joseph tient bon.
Durant deux années il ne peut qu’attendre car il n’y plus de séminaire ni d’évêque à Marseille. L’ambiance familiale est toujours aussi tendue. Jean-Joseph obtient d’aller habiter chez sa marraine qui est bien disposée à son égard. À 20 ans il commence sa formation, aidé par trois prêtres du Bon Pasteur rentrés sur Marseille. L’un d’eux, le père Reimonet, l’accueille chez lui et s’occupe de lui en cachette.
Une grande confiance et une forte amitié les unis. Pour vivre Jean-Joseph donne des leçons. Mais la révolution se durcit, on exige des prêtres qu’ils jurent de ne plus obéir au Pape. Ceux qui refusent sont mis en prison et envoyés en exil sur le bateau le Sainte-Elisabeth. L’abbé Reimonet est de ceux-là. Pendant ce temps-là la famille de Jean-Joseph connaît de grands malheurs ; trois frères meurent, dont un qui était du côté des révolutionnaires et fut accusé de trahison, le magasin des parents fait faillite… Le père Reimonet revient clandestinement à Marseille et accueille Jean-Joseph chez lui. Ils aident les gens, célèbrent les sacrements sans que les autorités ne puissent mettre la main sur eux.
En 1797 un évêque peut enfin entrer à Marseille et il ordonne Jean-Joseph le 19 juillet 1798 dans l’anonymat le plus complet. Jean-Joseph à 26 ans. Il commence son ministère dans le secret et la pauvreté la plus absolue. Il est très apprécié. Avec des temps plus calmes Jean-Joseph décide, malgré l’avis contraire de beaucoup qui l’en croient incapable, d’organiser des activités pour les jeunes. Il commence avec quatre jeunes dans une chambre de bonne : c’est la première Œuvre de jeunesse. Les effectifs s’accroissent et malgré de nouvelles difficultés (fermeture de l’Œuvre de 1809 à 1814 durant laquelle les activités continuent clandestinement, organisées par des grands responsables) l’Œuvre s’agrandit sous le regard confiant et serein de son fondateur. En 1820 l’Œuvre s’installe dans une grande ferme (l’actuelle maison de la rue Saint-Savournin).
Des grands, fidèles depuis le début, s’installent à proximité pour aider au fonctionnement de l’Œuvre. Ils continuent de travailler et consacrent leur loisir au service des jeunes. À la fin de sa vie Jean-Joseph n’a rien prévu pour sa succession. Il fait confiance à Dieu, le répète sans cesse et laisse les messieurs à leurs responsabilités. Il meurt le 10 avril 1836.