Propriété d’une société parisienne le Splendide pris la suite d’un autre grand établissement de luxe, le Grand Hôtel de Russie et d’Angleterre édifié à la fin du 19ème siècle. L’hôtel Splendide bénéficia de très important travaux d’aménagement en 1918-1919. Il dispose alors de 200 chambres avec salle de bain ou cabinet de toilette, d’un restaurant et d’un garage privé pour 40 voitures avec son propre atelier de réparation automobile. L’hôtel comportait des salles richement décorées avec un restaurant très réputé. Les clients bénéficiaient d’une salle de billard, d’un salon de lecture, d’une salle des fêtes, d’un fumoir, d’un jardin d’hiver, et d’un bar.
En août 1940, c’est au Splendide que le journaliste Varian Fry, venu des États-Unis, s’installera, mandaté en secret par l’association américaine du Comité de Sauvetage d’Urgence dont le but est de permettre la fuite de personnes en danger, principalement les intellectuels et artistes juifs ou antinazis.
Il arrive à Marseille avec 3 000 dollars, une petite valise et une liste de quelque deux cents écrivains et artistes en danger. Depuis Marseille, il a ainsi sauvé entre 2 000 et 4 000 Juifs et militants antinazis en les aidant à fuir l’Europe et le régime de Vichy. Il n’a bénéficié que d’une reconnaissance tardive de la part de la France peu avant sa mort.
Après l’occupation de Marseille en novembre 1943, l’hôtel est utilisé par les autorités allemandes comme lieu de réunion et pour loger des officiers d’État Major. Le 3 janvier 1943, un peu avant 20h, il fait l’objet d’un attentat commis pas un groupe des FTP-MOI.
Des engins explosifs jetés de l’extérieur par Hélène Taich font plusieurs blessés et deux morts, un maître d’hôtel français et la femme d’un attaché du consulat général d’Allemagne. Quelques minutes plus tard, un autre groupe mené par Lev Tchernine fait sauter dans la rue Lemaitre une maison de tolérance réservée aux troupes d’occupation. Dès le lendemain, l’état de siège est décrété par le général Mylo, commandant de la place de Marseille. Ces deux attentats serviront de prétexte aux forces d’occupation et à leurs alliés français pour justifier la rafle des 22, 23 et 24 janvier 1943 et la destruction des quartiers nord du Vieux-Port
Le Splendide redevient un hôtel après la guerre et ce jusqu’aux années 1970. Le bâtiment est aujourd’hui occupé par le Centre régional de documentation pédagogique de l’Académie d’Aix-Marseille
Le bâtiment
Il est constitué par deux corps de bâtiment de plan rectangulaire, couverts en terrasse, séparés par une cour occupée au sol par des volumes en rez-de-chaussée, couverts de verrières. Les deux corps de bâtiment sont reliés à tous les étages par une aile de galeries superposées. Les deux corps de bâtiment sont couverts en terrasse. Les deux élévations principales sont en pierre de taille badigeonnée. L’aile des galeries est constituée d’une structure de poteaux et poutrelles métalliques, hourdée de briques. Le corps de bâtiment principal, sur le boulevard d’Athènes, s’élève de 5 étages carrés au dessus d’un sous-sol et du rez-de-chaussée. La façade antérieure est rythmée par 13 travées de fenêtres (1er étage) ou portes-fenêtres ouvrant sur des balconnets ou des balcons régnant sur trois baies. L’étage-attique est en galerie, à colonnes toscanes jumelées supportant une corniche moulurée.
Le rez-de-chaussée est percé de larges baies vitrées. L’entrée principale est abritée par une marquise en fer forgé. La façade en retour, sur la rue des Dominicaines, est traitée avec le même soin.
Le bâtiment sur la rue François-Bazin s’élève de 3 étages carrés et un étage de comble, sur rez-de-chaussée. Au rez-de-chaussée, l’angle sud-est, donnant sur le boulevard d’Athènes et la rue des Dominicaines, est occupé par le hall, la réception et le restaurant. La partie nord, traversant entre le boulevard d’Athènes et la rue François-Bazin, abrite plusieurs salons. L’espace en L au sud-ouest est réservé à l’administration (direction, secrétariat, comptabilité), la cuisine, les lieux de stockage (vaisselle, fruiterie, chambre froide) et les réfectoires du personnel. L’accès aux étages se fait par un escalier principal tournant, à retours autour d’un jour, des escaliers secondaires et deux ascenseurs. Les étages du bâtiment oriental sont divisés en suites qui donnent toutes sur le boulevard ou sur la rue des Dominicaines. Dans le bâtiment occidental, qui n’a pas été visité, se trouvaient des chambres plus simples.
La plaque de cheminée en fonte de la salle de lecture est signée P. Martin. Les décors peints de la salle de lecture sont signés du peintre Claude Camark et datés de 1992. La décoration extérieure est très sobre. Elle se limite au rez-de-chaussée rythmé par des pilastres de faible relief ornés dans la partie haute de médaillons surmontés de guirlandes végétales. On retrouve ce médaillon en haut de la façade sud. L’entrée principale est cantonnée par deux colonnes toscanes. Elle est abritée par une marquise en fer forgé à décor de volutes et de grecques. Les garde-corps des balcons et de l’escalier principal sont également en ferronnerie ornementale. Les sols des salons sont en carreaux de céramique en ciment à motifs géométriques. Dans la salle de lecture, des panneaux sur les murs sont peints de motifs floraux stylisés modernes.