L’Arbre de la Liberté du Mémorial de la Marseillaise

25 rue Thubaneau, 13001 Marseille
999
L’Arbre de la Liberté du Mémorial de la Marseillaise
Arrondissement : 1er
« L’arbre de la liberté », un symbole depuis la période de la Révolution française, a été planté à l’initiative du Club des Amis de la Constitution dans la Cours du Mémorial de la Marseillaise, sur le site de l’ancien jeu de Paume devenu en 1792 l’Assemblée des Amis de la constitution. Il symbolise aussi en tant qu’arbre de la vie, la continuité, la croissance, la force et la puissance. Il est devenu au cours du xixe siècle un des symboles de la République française avec la Marianne ou la semeuse. Il figure depuis 1999 sur les pièces françaises d’un euro et de deux euros. Plantés, en général dans l’endroit le plus fréquenté, le plus apparent d’une localité, comme signes de joie et symboles d’affranchissement, ces végétaux devaient grandir avec les institutions nouvelles. Le premier arbre de la liberté marseillais, un pin, fut planté à l’époque sur l’actuel Cours Belsunce, (ex Grand Cours) le 29 juin 1792 en présence de l’évêque et du Maire et d’une foule nombreuse. Il était surmonté et couronné du bonnet de la liberté orné d’une cocarde nationale et d’un pouf. A côté du bonnet sont liés un petit drapeau aux trois couleurs et une pique. Le succès fut tel que, quelques jours plus tard, d’autres arbres d’essences différentes apparaissent à Marseille aux portes des spectacles, à celles des cafés, sur des places et bientôt dans toutes les rues.

La plantation d’un arbre de la liberté en 1790, par Jean-Baptiste Lesueur

L’usage de planter des arbres comme signe de la joie populaire est immémorial. On le trouve chez les Gaulois comme chez les Romains. Ces arbres eurent pour précurseurs l’arbre de mai, que l’on plantait dans beaucoup d’endroits pour célébrer la venue du printemps1. Les clercs de la basoche, à Paris, plantaient, chaque année jusqu’aux derniers temps de l’Ancien Régime, dans la cour du palais un arbre sans racines, ce qui donnait l’occasion de réjouissances restées célèbres. Le premier qui, en France, planta un arbre de la liberté, plusieurs années même avant la Révolution, fut le comte Camille d’Albon en 1782 dans les jardins de sa maison de Franconville, en hommage à Guillaume Tell.

À l’époque de la Révolution, par imitation de ce qui s’était fait aux États-Unis à la suite de la guerre de l’indépendance avec les poteaux de la Liberté, l’usage s’introduisit en France de planter avec cérémonie un jeune peuplier dans les communes françaises.

Mémorial de la Marseillaise

L’exemple en fut donné, en 1790, par le curé de Saint-Gaudent, dans la Vienne, qui fit transplanter un chêne de la forêt voisine au milieu de la place de son village. Les plantations d’arbres de la liberté se multiplient au printemps et à l’été 1792 : la France, en guerre contre l’Autriche, est saisie d’un élan patriotique, et la défense de la patrie se confond avec celle des conquêtes de la Révolution. L’arbre devient donc un symbole fort de l’idéal révolutionnaire. Le peuplier est alors préféré au chêne et, dès le commencement de 1792, Lille, Auxerre et d’autres villes plantèrent des arbres de la liberté. Quelques mois après, plus de soixante mille de ces arbres s’élevèrent dans toutes les communes de France, d’après l’abbé Grégoire4. D’après le marquis de Villette, Paris en possédait plus de deux cents. Louis XVI lui-même présida à l’élévation d’un de ces arbres dans le jardin des Tuileries, mais il fut abattu en pluviôse an II « en haine du tyran ».

Au moment du jugement du roi qui devait aboutir à sa condamnation, Barère de Vieuzac va jusqu’à paraphraser Thomas Jefferson en déclarant : « L’arbre de la liberté ne saurait croître s’il n’était arrosé du sang des rois ».

Panneau explication du Mémorial de la Marseillaise

La plantation des arbres de la liberté se faisait avec une grande solennité, toujours accompagnée de cérémonies et de réjouissances populaires auxquelles prenaient part, dans un même enthousiasme patriotique, toutes les autorités, magistrats, administrateurs, et même le clergé, prêtres, évêques constitutionnels et jusqu’aux généraux. Ornés de fleurs, de rubans tricolores, de drapeaux, de cartouches avec des devises patriotiques, ces arbres servaient de stations comme les autels de la patrie aux processions et aux fêtes civiques avec plusieurs autres personnes. Les arbres de la liberté étaient considérés comme monuments publics. Entretenus par les habitants avec un soin religieux, la plus légère mutilation eût été considérée comme une profanation. Des inscriptions en vers et en prose, des couplets, des strophes patriotiques attestaient la vénération des populations locales pour ces emblèmes révolutionnaires. Des lois spéciales protégèrent leur consécration.

Un décret de la Convention ordonna que l’arbre de la liberté et l’autel de la patrie, renversés le 27 ventôse an II, dans le département du Tarn, seraient rétablis aux frais de ceux qui les avaient détruits.

Un grand nombre d’arbres de la liberté déracinés en pleine croissance, étant venus à se dessécher, la Convention ordonna, par un décret du 3 pluviôse an II, que « dans toutes les communes de la République où l’arbre de la liberté aurait péri, il en serait planté un autre d’ici au 1er germinal ». Elle confiait cette plantation et son entretien à la garde et aux bons soins des citoyens, afin que dans chaque commune « l’arbre fleurisse sous l’égide de la liberté française ». La même loi ordonna qu’il en serait planté un dans le Jardin National par les orphelins des défenseurs de la patrie. D’autres décrets prescrivirent des peines contre ceux qui détruiraient ou mutileraient les arbres de la liberté. De nouveaux arbres furent alors plantés, mais, malgré toute la surveillance dont ils furent l’objet, beaucoup furent détruits par les contre-révolutionnaires, qui les sciaient ou arrosaient leurs racines de vitriol pendant la nuit.

Ces attentats étaient vivement ressentis par le peuple, qui avait le culte de ces plantations ; les lois d’ailleurs les punirent souvent avec la dernière sévérité, et des condamnations à mort furent même prononcées contre leurs auteurs.

Salle du Jeu de Paume, Mémorial de la Marseillaise

Ainsi, à Bédoin dans le Vaucluse, 63 personnes furent exécutées, cinq cents maisons rasées pour non-dénonciation des personnes coupables d’avoir arraché un tel arbre, les terres agricoles stérilisées au sel. Trois paysans de La Versanne qui en coupèrent un furent guillotinés à Lyon, un meunier de Mas-Grenier fut également guillotiné à Toulouse pour les mêmes faits. En revanche, le révolutionnaire Marie Joseph Chalier envisagea d’utiliser de faire un grand fossé autour de l’arbre de la liberté, pour le fumer du sang des victimes de la guillotine du pont Moraud à Lyon. Ces sortes de délits furent très fréquents sous la réaction thermidorienne. Par exemple, le 8 juin 1794, le jour de la fête patronale d’Hirsingue, quelques-uns de ses habitants abattirent leur arbre. En conséquence, sur ordre de Nicolas Hentz et de Jean-Marie-Claude-Alexandre Goujon, représentants en mission auprès de l’armée du Rhin, fut décrétée l’arrestation et la détention à Besançon de tous les prêtres constitutionnels des départements rhénans (Haut-Rhin, Bas-Rhin et Mont-Terrible) par le général Dièche (ils seront relâchés après le 9 thermidor), ainsi que la destruction de l’église14. Le 31 mars 1794, à Clermont, Michel Fauré est guillotiné pour avoir déraciné un arbre et crié « Vive le roi ! ».

Le Directoire veilla au remplacement de ceux qui étaient renversés, mais Bonaparte cessa bientôt de les entretenir et fit même abattre une partie de ceux qui s’élevaient dans différents endroits de Paris. Sous le Consulat, toutes ces lois tombèrent en désuétude, et les arbres de la liberté qui survécurent au gouvernement républicain perdirent leur caractère politique. Mais la tradition populaire conserva le souvenir de leur origine.

Mémorial de la Marseillaise

Les soldats de la République plantèrent des arbres de la liberté dans tous les pays qu’ils traversaient. Dans un recueil de lettres inédites de Marceau, publiées par Hippolyte Maze, le jeune général républicain écrit à Jourdan, à la date du 6 brumaire an III : « que l’arbre de la liberté a été planté hier à Coblence devant le palais de l’Électeur ». De même en Suisse pendant l’occupation française, de nombreux arbres furent plantés en signe d’allégeance à la France, puis arrachés au départ de ses armées. L’exemple de la mère patrie fut suivi jusque dans les colonies, qui les dressèrent jusque… sur les marchés d’esclaves. Napoléon Bonaparte alla jusqu’à en planter à Milan, bien que la réaction de la population fut plus mitigée, allant jusqu’à l’arrachage de cet arbre justifiant une répression violente. D’autres arbres furent plantés dans les colonies (à Pondichéry) et dans des pays étrangers : un palmier de la liberté à Shanghai par Sun Yat-sen en 1912.

Mémorial de la Marseillaise

À la rentrée des Bourbons, il existait encore un grand nombre d’arbres de la liberté dans toute la France, qui avaient été appelés arbres Napoléon sous l’Empire. Le gouvernement de Louis XVIII donna des ordres rigoureux pour déraciner ces derniers emblèmes de la Révolution. En grande partie abattus ou déracinés sous la Restauration les arbres de la liberté devinrent donc très rares dans les villes, mais on en voyait encore dans les communes rurales. Après les Trois Glorieuses, quelques communes plantèrent encore de nouveaux arbres de la liberté, mais l’enthousiasme fut vite comprimé, et il y eut peu de ces plantations. Il n’en fut pas de même après la révolution de février 1848, où cet usage fut renouvelé. Les encouragements des autorités provisoires ne manquèrent pas aux plantations d’arbres de la liberté ; le clergé se prêta complaisamment à les bénir. Un ancien ministre de Louis-Philippe offrit même un jeune arbre de son parc parisien pour le planter devant sa porte avec cette inscription : « Jeune, tu grandiras ».

Mémorial de la Marseillaise

Mémorial de la Marseillaise

Certaines villes, telles que Bayeux, conservent toujours, à l’heure actuelle, un arbre de la liberté en pleine vigueur. Une réaction violente fit abattre presque tous les arbres de la liberté de Paris au commencement de 1850, par l’ordre du préfet de police Carlier, et faillit faire couler le sang dans les rues de la capitale. Cependant, de l’avis d’un journal légitimiste, « les arbres de la liberté gênaient très peu les passants, et nous ne voyons pas en quoi les hommes d’ordre pouvaient se trouver contrariés par ces symboles. Un arbre offre une belle image de la liberté sans violence, et ne saurait menacer en rien les idées d’inégalités sociales, puisque dans les développements d’une plante tous les rameaux sont inégaux précisément parce qu’ils sont libres ». Destruction des arbres de la liberté par Henri Valentin, 1850. Le retour de la République, en 1870, fut l’occasion de planter de nouveaux arbres. Cependant, le contexte (guerre franco-prussienne de 1870, puis Commune de Paris, et enfin république conservatrice) ne s’y prêtait guère. Les plantations sont plus fréquentes en 1889 (centenaire de la prise de la Bastille), puis en 1892 (centenaire de la Première République française).

D’autres arbres sont plantés en 1919-1920, pour célébrer la victoire du droit et la libération de l’Alsace et de la Moselle, et d’autres en 1944-1945, à l’occasion de la Libération. Les autres anniversaires (1939, 1948, 1989) sont d’autres occasions. Il arrive aussi qu’on replante un nouvel arbre quand l’ancien meurt. Comme par le passé, ils reçoivent parfois un accueil mitigé.


SOURCES wikipedia Arbre de la Liberté & Plaque devant l’arbre
PHOTOS  Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Peinture de Jean-Baptiste Lesueur (1749-1826)
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