Cette maison située à l’angle de la Canebière, du cours Saint-Louis et de la rue des Récolettes, a été édifiée en 1673-1675 dans le cadre des travaux entrepris pour la réalisation d’une nouvelle avenue appelée simplement à l’époque le Cours, correspondant aux actuels cours Belsunce et Saint-Louis. Ces travaux avaient été rendus possibles par la destruction des remparts médiévaux et la construction d’une nouvelle enceinte sous la direction de Nicolas Arnoul. Ce très bel hôtel particulier avec de majestueux pilastres à chapiteaux corinthiens entre chaque travée de fenêtres faisait partie d’un ensemble plus vaste qui comptait, sur la façade donnant sur le Cours Saint-Louis, treize travées dont seulement cinq subsistent actuellement. L’ordonnance qui avait été imposée aux trois propriétaires de l’époque, Mme de Cauvet (quatre travées), M. Bourgarel (cinq travées) et M. Bonefay (quatre travées), a été dessinée par l’architecte Mathieu Portal responsable de l’agrandissement de la ville après la retraite de Gaspard Puget. Huit travées ont donc été supprimées au fil du temps. Cet ensemble a d’abord été amputé en 1860, lors de l’élargissement de la Canebière, d’une unité au nord pour la partie qui avait appartenu à Mme de Cauvet. En effet l’actuelle Canebière était au xixe siècle divisée en trois parties.
La Canebière proprement dite qui allait du Vieux-Port jusqu’aux Cours Saint-Louis et Belsunce, la rue de Noailles qui la prolongeait jusqu’aux boulevards Dugommier et Garibaldi et enfin les allées de Meilhan qui aboutissaient à l’église des Réformés.
L’arsenal des galères ayant été démoli en 1787 ce qui donnait à la Canebière une perspective directe sur le Vieux-Port et la rue de Noailles étant particulièrement étroite, huit mètres de largeur seulement, le conseil municipal décide par délibération du 3 août 1857, d’élargir cette rue afin de réaliser une grande avenue allant des Réformés au Vieux-Port. Ce projet est approuvé par décret impérial du 16 juin 1859. Pour réaliser ces travaux d’élargissement, il a été nécessaire de couper la façade nord de l’immeuble en supprimant toute la première travée donnant sur le cours Saint-Louis. La façade donnant sur la Canebière a ensuite été refaite à l’identique mais en ciment, technique relativement nouvelle pour l’époque ; ces travaux ont été réalisés par l’entreprise Désiré Michel. Sept autres travées ont ensuite été supprimées dans la partie sud pour faire place à un immeuble en béton armé. En 1867 est implanté au rez-de-chaussée un magasin d’articles de voyage appelé le « Grand Bazar Figaro ». Cette enseigne étant restée plus de soixante-dix ans, l’immeuble a pris le nom de « Maison du Figaro ». En 1941 le propriétaire M. Hermann qui est d’origine juive est déporté et son bien réquisitionné par le gouvernement de Vichy. L’immeuble est alors occupé par le Parti populaire français ce qui lui valut un attentat perpétré par la Résistance qui y déposa une bombe le 27 février 1944. À la Libération, l’immeuble est propriété de l’Assistance publique qui le loue à un marchand d’articles de confection pour femmes, certainement « Muriel« .
La ville de Marseille achète ensuite l’immeuble par délibération du 13 mai 1993 et y installe les services de la communication avec notamment la « Revue Marseille ».
De 1976 à fin 2015…l’Espace Culture
L’espace a fermé ses portes le 31 décembre 2015 faute de subventions…voici un rappel des nombreuses activités et des missions de l’Espaceculture_Marseille qui déployait depuis 39 ans ses activités en direction des professionnels et du grand public, soit 500 m² dévolus à la vie culturelle locale. Un projet jusqu’alors soutenu par la Ville de Marseille et la Région PACA avec lesquelles il a signé une convention, du Conseil Général 13 et de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, qui interviennent sur des opérations spécifiques. Espace d’accueil et d’information comprenant un service billetterie, l’édition de l’agenda culturel mensuel gratuit Insitu.
> accueillait, organisait ou coproduisait des rencontres, conférences, lectures, expositions dans ses locaux, propose un cycle d’information Droit & culture à destination de professionnels et des jeunes artistes,
> initiait des opérations telles que Lever de rideau et Jazz & Pétanque visant au croisement des publics [théâtre et football, pétanque et musique…] et participe à des événements culturels majeurs,
> travaillait, en s’appuyant à la fois sur ses contacts dans le monde de l’entreprise et dans le milieu culturel à la dynamisation du mécénat culturel,
> proposait aux acteurs culturels et aux associations de les guider dans leurs démarches [juridiques, logistiques…] auprès des institutions, ainsi qu’un soutien technique par une mise à disposition d’équipements scéniques et une aide à la gestion technique d’événements culturels.
Parallèlement, d’un point de vue international, Espaceculture :
organisait et produisait les Rencontres d’Averroès – penser la Méditerranée des deux rives – à Marseille,
> était partenaire, aux côtés de la Région PACA, de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole et de Marseille Provence 2013, de leur développement sur la rive sud de la Méditerranée, actuellement à Rabat [Maroc] avec Sous le signe d’Ibn Rochd, et début 2011 à Cordoue [Espagne].
> siégeait au Conseil de Direction de l’Association Internationale pour la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée dont il est un membre actif et produit la participation des jeunes artistes marseillais et de la région PACA à cet événement. À ce titre, Espaceculture_Marseille était membre du réseau français de la Fondation Euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le Dialogue entre les Cultures.
Les activités ont cessées au 31 décembre 2015 fautes de subventions suffisantes. Manifesta, la grande biennale d’art contemporain s’installait pour la première fois en France à Marseille, du 7 juin au 1er novembre 2020 et y posera ici ses bureaux et son accueil le temps de l’événement. On évoquait en 2021 l’ouverture d’un grand magasin de la marque marseillaise 1083, des jeans made in France. Au final et c’est un peu une surprise, le maire de Marseille annonçait début 2024, l’installation dans ce site historique d’un bureau de la police municipale !