Les Amies du Foyer, protection des jeunes filles de 1919 à 2018

26 Rue Estelle, 13006 Marseille
2148
Les Amies du Foyer, protection des jeunes filles de 1919 à 2018
Arrondissement : 6ème
Cette résidence pour étudiantes établie en 1919 sur 2 200 m² rue Estelle émanait de l’Association Internationale Catholique pour la Protection de la Jeune Fille née à Fribourg le 19 août 1897. Son but à l’origine, préserver les jeunes filles des dangers qui les guettent dans les grandes villes, en particulier de la terrible «traite des blanches» ! Mais en 2018, c’est la mise en redressement judiciaire, Les Amies du Foyer ferment leurs portes le 23 avril avec 22 locataires priées de quitter le lieu, revendu à un investisseur en deux étapes, dès 2015…seule la plaque en marbre collée à la façade rappelle encore cette histoire.

les-amies-du-foyer-rue-estelle-marseille-9Anticipant ce mouvement, l’abbé Jean-Baptiste Fouque fondait le 6 avril 1888, à Marseille, « l’œuvre de la Sainte Famille » avec le concours de dames influentes, bénévoles et dévouées. Le but de l’œuvre était d’assurer aux jeunes filles, de passage à Marseille, venant y travailler ou cherchant un emploi, un abri « maternel », les moyens et la formation nécessaires pour trouver un travail, éventuellement des soins, au sein d’une armature morale solide éclairée « par les rayons consolants de la foi ». Sur l’initiative de son fondateur, l’association (type loi 1901) était déclarée le 31 juillet 1903 à la Préfecture des Bouches-du-Rhône sous le titre « Association des Amies du Foyer pour la protection de la Jeune Fille »; elle devait ultérieurement recevoir la reconnaissance d’utilité publique par décret du 27 novembre 1931. Dotée d’un secrétariat permanent, d’une infirmerie, d’une école ménagère et d’une école professionnelle, d’un bureau d’accueil à la gare et sur le port, l’association s’élançait à la conquête des âmes ; au sein de cet « apostolat très spécial », elle s’assura les concours les plus divers y compris les administrations, la police et les juges d’instruction en passant par les entreprises.

D’intensives campagnes de publicité permettaient à bien des voyageuses de savoir se diriger en arrivant à Marseille ; d’aucunes, pauvres épaves recueillies çà et là, y trouvèrent leur rédemption. L’affiliation à l’Œuvre née à Fribourg permit des contacts régionaux, nationaux et internationaux.

Les lieux successifs du Foyer

Bureau d’accueil à la gare maritime

L’association avait démarré dans un entresol 16, rue de la République ; son succès l’entraîna vers de plus vastes locaux à la rue des Cyprès (aujourd’hui rue Jean-Pierre Brun) puis au 23 rue Barbaroux en 1892 ; en 1896, nous la trouvons 31, rue Marengo, en 1901 à la rue Augustin Fabre. Toujours pressée par la même nécessité, l’espace, elle prend ses quartiers au Prado de 1903 à 1917, période à laquelle elle laisse place à l’hôpital Saint-Joseph. En 1919, elle jette l’ancre aux 24 et 26, rue Estelle et s’y trouve toujours. Ces deux immeubles sont acquis par ses soins le 28 décembre 1932 : le vendeur est la Société Générale Marseillaise Le 28 vient s’ajouter le 3 avril 1936 : le vendeur est un particulier.

Locataire des 27 et 29 rue Estelle pendant une partie de l’occupation, l’association achète le 27 en 1952, également à un particulier, ainsi que la villa « les Hortensias » à Luchon, colonie de vacances du Foyer. Ces deux derniers biens sont revendus en 1962 et 1958.

les-amies-du-foyer-rue-estelle-marseille-8Parmi les collaborateurs laïcs de l’abbé Fouque, on peut citer Mme Jean-Baptiste Rocca (Marie Beuf) qui demeura présidente de l’association durant de nombreuses années et la première directrice, Mme Demange. Après le décès de cette dernière, l’abbé Fouque qui souhaitait toujours s’appuyer sur le cœur maternel et dévoué des religieuses et n’avait pu obtenir les sœurs de la Présentation de Tours, proposa à la Congrégation des Dominicaines enseignantes, chassées de leurs couvents, de prendre en charge le Foyer. Arrivées le 11 février 1924, elles gouvernèrent la maison. Jusqu’au 21 juin 1968, date à laquelle le Cours Saint Thomas d’Aquin absorba toutes leurs facultés.

Les religieuses de Sion prirent le relais à partir du 1er juillet 1969 jusqu’au 3 octobre 1984. Depuis lors, l’association « Les Amies du Foyer » est exclusivement composée de laïcs au sein du Conseil d’Administration comme du Personnel.

les-amies-du-foyer-rue-estelle-marseille-2Aujourd’hui, le développement de l’instruction des jeunes filles, dont l’abbé Fouque percevait les avancées et les souhaitait ardemment, en opposition avec les idées de son temps, est tel que les pensionnaires permanentes, toutes étudiantes ou lycéennes, ont peu à peu absorbé les disponibilités d’hospitalité temporaire ; cette dernière activité demeure cependant un privilège que le Foyer tient à conserver. La connotation chrétienne subsiste, comme une force de proposition : l’Eucharistie est régulièrement célébrée au cours des grandes manifestations de l’année : la rentrée, l’anniversaire du décès de l’abbé Fouque, Noël, la réception de fin d’année.

De mars à décembre 1929, le Foyer a reçu 12.604 journées et nuits dont 45 pensionnaires et 841 passagères. En 1928, son secrétariat permanent répondait à quelque deux mille lettres, arrivait à satisfaire bon nombre de requêtes et de demandes d’emploi.

les-amies-du-foyer-rue-estelle-marseilleJusqu’en 2018, le foyer était occupé toute l’année par 78 jeunes filles et quelques groupes de passage au cours de l’été. Les repas, jadis assurés par le restaurant féminin fondé par l’abbé Fouque, se prenaient au cours Saint Thomas d’Aquin, mitoyen, autre œuvre du fondateur. Le foyer offrait à toute jeune fille étudiante de 15 à 25 ans, une chambre individuelle en demi-pension pour l’année scolaire. Recevant des étudiantes de la France entière. Il était possible aux pensionnaires demeurant au Foyer le week-end de se restaurer sur place ou de cuisiner sur place. Mais en décembre 2015, un investisseur privé a conclu l’acquisition de la résidence. L’immeuble a été cédé par l’association et devient locataire moyennant un loyer annuel de 85 500 €. La transaction s’élève à 1,1 M€. Mais en 2018, c’est la mise en redressement judiciaire, Les Amies du Foyer ferment leurs portes le 23 avril avec 22 locataires priées de quitter le lieu. Fin d’une époque…seule la plaque en marbre collée à la façade rappelle encore cette histoire.


SOURCES amiesdufoyer.com & businessimmo.com & La Marseillaise
PHOTOS amiesdufoyer.com
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