On est ici sur un territoire confidentiel, un ancien squat d’ouvriers, d’immigrés, fait de bric et de broc, illégalement occupé pendant des décennies. Un lieu sauvé de la destruction grâce à un émouvant reportage de TF1 signé d’un cameraman du cru incitant étonnamment la mairie à adouber et officialiser ce bout de Marseille au grand dam des promoteurs. Ici c’est le domaine d’une grande famille recomposée, avec sa solidarité, ses fêtes, ses mythiques paellas, mais aussi ses disputes, ses clans, ses désaccords, ses réconciliations, ses belles histoires et ses récits tragiques. Le fief de Jérémy, est devenu à son rythme, sans ligne droite préétablie, avec l’association Jeune Création, la Cabane Georgina.
Un lieu qui porte le surnom d’une grande dame, inspirée et inspirante qui l’aura accompagné, par hasard, dans une grande partie de sa vie et dont le portrait surveille encore l’entrée de la cabane, un arc brandi tel une Diane Chasseresse !
Un étage en plus et une maison devenue pour tous, à la fois, conciergerie, centre social, galerie, résidence d’artistes, bibliothèque, salle de concert, lieu de performances, tel ce radeau enflammé brûlant au large des souvenirs choisis par les habitants du quartier. La Cabane Georgina comprend son environnement, l’accompagne sans le bouleverser, sans le gentrifier…parfois sur le fil…en restant à l’unisson tout en offrant de nouveaux horizons. Une centaine d’œuvres très hétéroclites s’y affiche sans le decorum habituel des galeries.
Ici un artiste côtoie un autre, pas de place à l’égo, un créateur côté fait face à une photo prise par Emile Zola, une peinture naïve de girafe d’un SDF parisien, ou un dessin d’enfant de la maison d’en face…tout se mélange avec harmonie dans un lieu d’art…de vivre, un laboratoire d’expériences artistiques et humaines, où l’on peut découvrir une œuvre et son créateur en maillot revenant de la baignade !
