Le Château de Forbin, nouvel écrin du post graffiti new-yorkais

26 Traverse Cavaillon, 13011 Marseille
9682
Le Château de Forbin, nouvel écrin du post graffiti new-yorkais
Catégorie : Culture & Art / Galeries d'Art
Arrondissement : 11ème
Site Internet : chateaudeforbin.com
Ce superbe domaine aux portes du Parc National des Calanques accueillera dès le 15ème siècle le pavillon de chasse de la puissante famille de Forbin. Elle y construira au 19ème cette grande bastide, se caractérisant par une tourelle d’angle, un immense parc et des pépites historiques de tout premier ordre dont un morceau du rempart du Castrum de St Marcel ! En 2019, l’immense propriété était mise en vente. On aurait pu alors imaginer que les nouveaux propriétaires allaient continuer à préserver dans le secret cet écrin exceptionnel qui suscite bien des fantasmes dans le quartier, car peu ont eu la chance d’y pénétrer. Bien au contraire, dès le 25 juin 2020, ce château prenait vie et s’ouvrait au public accueillant une étonnante résidence d’artistes et l’exposition d’une des plus belles collections au monde de post-graffiti new-yorkais des années 80-90. Un mélange des genres inattendu imaginé par les collectionneurs, experts et passionnés, de la Galerie marseillaise Ghost, Stéphane Miquel et Caroline Pozzo di Borgo. Au final, un résultat exceptionnel…mais une aventure malheureusement de courte durée pour le grand public, qui s’achèvera début 2022. En effet aujourd’hui le lieu et sa galerie n’est plus accessible que lors d’organisation d’évènements et de séjours en famille.

Du château Air-Bel à la demeure de la Comtesse Lily Pastre, Marseille a perpétué à différentes époques de son Histoire une tradition d’accueil par des châtelains et des mécènes, d’artistes et d’intellectuels du monde entier…Le château de Forbin avait décidé de poursuivre cette voie grâce au projet très atypique de Stéphane Miquel et Caroline Pozzo di Borgo, deux collectionneurs d’art contemporain, loin des clichés…cools, simples et natures !

A l’image de ce lieu, qui en impose à son arrivée, mais qui se révèle très vite sans chichis, ni signes ostentatoires…une demeure paisible où on se sent bien en quelques instants. Et c’était bien là l’esprit et la nouvelle vocation du château…accueillir…tout d’abord des artistes, majoritairement américains, qui passeront plusieurs mois ici en résidence à créer des œuvres sur toiles.

L’adn du lieu ? l’origine même du street-art, le post graffiti new-yorkais des années 80-90…l’expertise et la passion du couple qui présente déjà sa collection dans un autre lieu atypique marseillais, la Ghost Galerie, un ancien commissariat de police, près de la fontaine Estrangin.

Ce sont plus de 130 œuvres de leur collection privée et des créations réalisées sur place par les artistes qui étaient présentées au public depuis juin 2020  lors de visites, par petits groupes, sur réservation…l’occasion de découvrir des toiles exceptionnelles encore jamais montrées au grand public, signées dondi white, aone rammellzee, futura 2000, lady pink, Lee quinones, blade, quik, kook koor… pour la partie East village de l’accrochage permanent : Richard Hambleton, Rick Prol, John Fekner, Don Leicht…le château accueillait aussi de la photographie et toute forme d’art corrélé à cette époque new-yorkaise…autant le dire, nous étions ici face à une des plus belles collections mondiale du genre. Mais pourquoi marier le post graffiti à un château ? Pour Caroline Pozzo di Borgo, passionnée d’Histoire et d’Art, ce fut un coup de cœur mais aussi un souhait de sortir du cliché du squat ou du vieil entrepôt et peut-être aussi redonner ses lettres de noblesse à une forme de création longtemps décriée mais dont la place est de plus en plus majeure sur le marché de l’art.

Lors de la visite du château, l’empreinte des Forbin est encore bien présente…et le blason or au chevron d’azur accompagné de 3 têtes de Léopard de sable se décline en composition végétale à l’entrée du parc tout comme en fronton massif ornant la grande porte d’entrée, ou en plafonnier dans la bibliothèque.

On peut voir sur la façade Est de la demeure de superbes fenêtres Renaissance récupérées avant la destruction de l’hôtel particulier des Forbin lors du percement de la Rue Impériale en 1864 (rebaptisée ensuite Rue de la République) qui se situait rue de Siam, rue nommée ainsi car Claude de Forbin, chevalier puis comte de Gardanne, sur place pendant trois ans fut nommé par Narai le Grand, Roi du Siam (actuel Laos), Grand Amiral de sa flotte et Chef de ses armées pour services rendus en 1689. (découvrir l’histoire complète). L’intérieur du château, qui accueillait avant la vente, en 2019, une grande famille, est moderne et fonctionnel, sans apparat….cependant une pièce majeure, la bibliothèque, dénote, marquée par le passage d’anciens propriétaires et notamment celui de Palamède de Forbin d’Oppède et de son épouse Roselyne de Villeneuve de Forbin d’Oppède. Historienne et écrivaine française décédée en 1884 dans son château, elle était une figure marquante du milieu aristocratique du Second Empire, fille de Joseph de Villeneuve-Bargemon (1782-1869), haut fonctionnaire et homme politique, et de Constance de Brosses.

On retrouve le couple en mosaïques sur les murs de la bibliothèque, une création apparemment de Roselyne de Villeneuve de Forbin d’Oppède. Autre curiosité un superbe escalier en colimaçon, certainement signé Eiffel. Mais l’une des pièces majeure de la demeure est clouée au mur avec cette plaque explicative : Fragment de pierre sculptée du Ve au VIe siècle trouvé au pied des murailles du vieux château de St Marcel…on est, si la pièce est authentique, nez à nez avec un des rares vestiges du Castrum St Marcel voisin et de la période du Moyen âge à Marseille !

En novembre 2021 le château innovait en proposant des ateliers créatifs pour les enfants âgés de 8 à 14 ans autour du graffiti pendant les vacances scolaires. Début 2022 ce sera la fin de la galerie ouverte à tous. En effet aujourd’hui le lieu et sa galerie n’est plus accessible que lors de l’organisation d’évènements et de séjours en famille.


L’agence Mavumer en charge de la vente du château en 2019 avait ainsi décrit dans son annonce les différentes parties de la propriété :

– Rez de chaussée : salon, salle à manger, séjour, cuisine où trône un piano Molteni professionnel inox, bibliothèque, chambre avec salle de bains.
– Premier : 6 chambres dont 2 suites parentales, 5 salles de bains, dressings.
– Deuxième : 2 chambres , 2 salles de bains.

Au niveau zéro, appartement de 140 m² indépendant mais communicant, garage 6 voitures , atelier, salle de sport, cave à vin et 2 chambres froides. Le parc de 7 hectares entièrement clôturée comprend un jardin à la française, une piscine chauffée de 250 m3 en forme de lagon et pool house de 100m², un bassin à carpe, une cascade, un poulailler, un pigeonnier, un chenil, une volière, un potager, un bâtiment agricole, une maison de gardien T4 avec jardin exotique…la demeure compte même un étonnant espace accrobranche avec 3 tyroliennes et des passerelles à la cimes des arbres !

Les différents petits cabanons de la propriété serviront ainsi d’ateliers pour les artistes de passage. On trouve dans le parc également quelques statues d’inspiration gréco-romaine dont un groupe en bronze représentant le centaure Chiron attaquant un lion (voir dans l’onglet photos).


L’histoire de la famille Forbin

Les Forbin, enrichis dans le commerce à Marseille, ont illustré l’histoire de la Provence et du Comtat.

Plusieurs membres de cette famille se sont distingués au service du royaume de France et de l’Église catholique romaine. La famille Forbin est issue d’un pelletier de Langres. Le nom de Forbin fait son apparition sur la scène provençale, au cours de la dernière décennie du XIV° siècle. Installé à Aix puis à Marseille, le maître peaussier Guillaume Forbin (alias Fourbin), originaire de la ville de Langres, et habitant d’Aix, s’établit définitivement dans la cité phocéenne vers 1392-1394. Enrichis dans le commerce maritime méditerranéen, les Forbin comptaient une cinquantaine d’années plus tard, au nombre des plus puissantes familles marchandes marseillaises.

Pour certains généalogistes, du XVIII° et XIX° siècles, le nom serait d’origine Écossaise, seigneurie de Forbes, près d’Aberdeen, mais depuis, J. de Duranti de La Calade a découvert en 1926 que les Forbin sont venus de Langres à Marseille à la fin du XIV° siècle.

La devise de la famille : « Tu m’as fait Comte, je te fais Roi », « Regem ego comitem me comes regem », la devise est une référence au rattachement de la Provence au Royaume de France, pour laquelle Palamède de Forbin a eu un rôle important et fut récompensé en étant nommé gouverneur et lieutenant-général de Provence; une fonction qui lui donnait autant de pouvoir qu’un roi, d’après une plaisanterie de Louis XI.

Armes : D’or au chevron d’azur accompagné de 3 têtes de Léopard de sable, arrachées, armées et lampassées de gueules posées. (Il existe une variante assez commune aux têtes de léopard d’azur)


SOURCES Wikipédia & Lydia Arnaud Chene & Caroline Pozzo di Borgo
PHOTOS 
Fr.Latreille & Google Earth & Agence Mavumer © & Portrait par Antoine Graincourt & Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Galerie Ghost
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et sont mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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