18 rue Saint-Ferréol, Ancien Café-Restaurant Peytavin Bodoul

18 rue Saint-Ferréol, 13001 Marseille
791
18 rue Saint-Ferréol, Ancien Café-Restaurant Peytavin Bodoul
Arrondissement : 1er
Au 18 de la rue Saint-Ferréol se succèdent depuis des années des boutiques de vêtements…cet écrin a pourtant accueilli au temps de la splendeur de l’artère, une institution marseillaise, le restaurant Peytavin Bodoul, fondé en 1798 et spécialiste de la Bouillabaisse fraîche et du pâté de thon truffé que l’établissement expédiait même en boîte à l’étranger. Autre particularité de Bodoul…il était le seul café-restaurant non fumeur de Marseille au début du 20ème siècle ! 

Ancien Café-Restaurant Peytavin Bodoul, l’institution du 18 rue Saint-Ferréol, MarseilleSelon la Revue Marseille « Ouvert avant la Révolution au n°7, puis définitivement installé au n°18, il vécut des heures difficiles lors des multiples affrontements politiques qui traversèrent le siècle. Bonapartiste, il résista sous la Restauration et, devenu légitimiste, il porta momentanément le nom de café de la Chambre des Pairs sous la monarchie de Juillet et fit face à la concurrence des cafés «chics» de la rue Beauvau. Plus tard, sous le Second Empire, il survécut à la vague déferlante de ceux de la Canebière et s’afficha plus tard encore comme un farouche ennemi de la Troisième République. L’établissement, situé sur deux plans, rez-de-chaussée et salon au premier étage, n’avait pourtant rien en lui-même de très remarquable, sinon une clientèle triée sur le volet : «la fleur des pois de la société marseillaise» aux dires d’Horace Bertin. S’emparant au passage de toutes les modes, il triompha dans un premier temps par la délicatesse de ses sorbets, céda à la passion des échecs dans les années 1840 avec son club du 2 e étage. Sous Napoléon III, il abrita tout à la fois la cohorte des journalistes marseillais et la jeunesse élégante venue «à midi, heure du cigare de la Havane» pour y causer à haute voix et jouer aux dominos. Sous la Troisième République, il devint même un mythe vivant. Pontmartin n’écrivait-il pas de Bodoul en 1885 dans ses Mémoires : «C’est Tortoni à Paris, Casati à Lyon, Florian à Venise, Pedrocchi à Padoue. C’est plus qu’un café, c’est une institution».  On retrouve la trace de ce restaurant dans quelques guides touristiques du début du 20ème siècle dont le guide Joanne de 1906 qui parlait de Bodoul en ces termes : “Bodoul est la plus ancienne maison de Marseille dans son genre. C’est toujours le nom en réputation, en grande vogue, réputation d’ailleurs méritée, car c’est une maison de toute confiance.” Lors de la parution du guide on apprenait que l’établissement venait de procéder à la transformation complète de sa salle de restaurant réunissant “le luxe et le confortable le plus moderne”. Bodoul était alors fréquenté par la finance, la bourgeoisie et le haut négoce qui aimait se retrouver sur la rue Saint-Ferréol qui respire alors la richesse et l’opulence avec notamment ses grandes banques et ses immeubles de prestige.

Un autre guide de 1932, “Les beaux jours de la navigation de plaisance à Marseille”, nous apprend qu’au n°20 de la rue Saint-Ferréol s’est installée en 1895 la Société Nautique, au 1er étage de l’immeuble, contiguë au Café Bodoul…grâce à un passe-plats intérieur, Bodoul, servait directement ses rizotto milanese et assurait le services des consommations de la Société Nautique avant que celle-ci ne rejoigne son emplacement actuel sur son pavillon flottant du Vieux-Port.

Le guide “Conducteur de l’étranger à Marseille” révèle que Bodoul était en avance sur son temps en matière de lutte contre le tabagisme : “Il n’est pas inutile de remarquer qu’on fume dans tous les cafés de Marseille, à l’exception d’un seul, le café Bodoul, fort bien tenu et dans lequel peuvent aller sans crainte d’être asphyxiés ceux qui redoutent l’odeur du tabac…” Ce guide précise également que le 1er étage était consacré au dames et que “tous les objets de consommation y sont choisis et succulents, et le service fait avec une exquise politesse“. Dans l’ouvrage “Esquisses historiques : Marseille depuis 1789 jusqu’en 1815“, de Laurent Lautard, on apprend que Bodoul avait lui même succédé au 18 rue Saint-Ferréol à une autre grande adresse gastronomique marseillaise : “Il y’avait dans le local même où prospère le Café Bodoul un restaurant bien fréquenté. C’était dans ce temps-là le seul rendez-vous un peu décent des gastronomes proprement vêtus, car Marseille était alors fort arriérée en fait de confort“…le maître des lieux s’appelait alors Laplaine. Le guide revient sur les mésaventures de ce chef ruiné par des truands qui venaient y manger à l’œil, le menacer et saccager son établissement ! Laplaine finira par mourir dans la misère. Même les guides étrangers tels que  “The Gourmet’s Guide to Europe 1908” encensent le “Boudoul” tout en écorchant son nom, le qualifiant de meilleure adresse la ville et le surnommant de “The Carlton of Marseille“.

Quant à la fin de l’histoire du Café Bodoul, peu d’infos circulent mais comme bon nombre d’établissements de luxe marseillais la première guerre mondiale et le déclin de l’empire colonial français a peut-être pu précipiter la fin cette institution marseillaise.


SOURCES Esquisses historiques: Marseille depuis 1789 jusqu’en 1815″, de Laurent Lautard & Conducteur de l’étranger à Marseille & Les beaux jours de la navigation de plaisance à Marseille & Guide Joanne 1906 & The Gourmet’s Guide to Europe & Revue Marseille
PHOTOS Publicité de 1904 et extrait du Guide Joanne 1906
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