La rotonde d’entrée du bâtiment couronnée d’une coupole d’ardoise donnait sur la Canebière, au niveau de Noailles. C’était un édifice aux larges baies vitrées, structuré de charpentes métalliques signées Eiffel et muni d’ascenseurs à cage ouverte, dans le style « Modern Art » très à la mode à l’époque. Le 28 octobre 1938, l’incendie des Nouvelles Galeries situé face à l’Hôtel de Noailles où se déroulait le congrès radical en présence du Président de la Chambre des députés, Edouard Herriot, met en évidence l’incurie des services urbains des hôpitaux aux pompiers. Les sapeurs pompiers municipaux sont rapidement dépassés par l’ampleur de l’incendie. Leur chef, le commandant Fredenucci, n’est pas présent car il a été blessé quelques jours plus tôt lors d’un autre incendie.
C’est donc son adjoint, le capitaine Durbec qui dirige les secours mais il est blessé au début de l’intervention. Privés de chef, les « soldats du feu » marseillais sont désorganisés et souffrent de la vétusté de leur matériel.
De plus, un employé d’une société des eaux suppose une fuite sur une canalisation à cause de la diminution de débit dans celle-ci due à l’action des nombreuses lances des pompiers et décide donc de couper l’alimentation de la conduite, privant d’eau les équipes de pompiers. Face à l’ampleur de l’incendie, le Contre-amiral Muselier, commandant la Marine nationale à Marseille , dont les locaux se situent à proximité des Nouvelles Galeries, demande des renforts à l’amiral Mottet, major général de l’arsenal de Toulon.
Au total ? 73 victimes qui vaudront à la ville une nouvelle mise sous tutelle en 1939, laquelle ne sera levée qu’à la Libération. Une plaque funéraire en hommage à ces morts est visible au cimetière Saint-Pierre. La reconstruction du bâtiment participera au renouveau marseillais, les ruines de 1944 estompant celles de 1938.
Aussi le bâtiment nommé le Building Canebière sera relativement bien reçu. Il est classé Label Patrimoine du XXe siècle. Compte tenu du drame des Nouvelles Galeries, on peut comprendre que plusieurs noms d’architectes figurent sur les cartouches des documents de 1947 du nouveau bâtiment. J.- L. Sourdeau, cosignataire, est président de l’Ordre des architectes, et F. Bart est un confrère estimé. Peut-être que Fernand Pouillon, âgé de 30 ans, diplômé en 1942, jeune architecte communiste sous la mairie de Christofol, et associé à René Egger, est-il considéré comme inexpérimenté, et ce malgré la bienveillance d’A. Perret.
Aujourd’hui…
C’est en partie un poste d’intervention des marins pompiers de Marseille qui occupent les locaux rénovés. Le bataillon de marins-pompiers (BMP) de Marseille a été créé par décret-loi du 29 juillet 1939, à la suite de l’incendie. Si l’état major du BMP se situe depuis 1940 dans la Caserne de Strasbourg, une unité, la plus petite de la ville, trône avec ses véhicules rouges depuis 2003 comme un symbole sur les lieux même de l’incendie qui aura été à l’origine de la création de ce bataillon militaire, une unité de la Marine nationale française.
70 marins-pompiers sont affectés à la Canebière et 18 hommes restent toujours à la garde. Avec une moyenne de 31 interventions par jour, la caserne compte le plus grand nombre de sorties du bataillon.