Établissements Pivolo, Glaces & Résistance

58 rue Consolat, 13001 Marseille
1101
Établissements Pivolo, Glaces & Résistance
Arrondissement : 1er

Au 58 rue Consolat, on peut encore deviner certains éléments architecturaux des anciens et très réputés établissements Pivolo, « Société provençale des crèmes et chocolats glacés »…mais ce qu’on sait moins c’est que cette vitrine a abrité secrètement pendant la deuxième guerre mondiale l’organisation de la distribution du journal « Franc-Tireur » dans la région marseillaise sous l’impulsion de ses propriétaires résistants de l’époque, les Bonini. Difficile de connaître la date de fermeture de l’enseigne dont on retrouve encore la trace dans les années 70.

Camion de livraison Pivolo

Sur le site du Musée de la résistance en ligne, Sylvie Orsoni analyse un document de 1944 nous en apprenant plus sur ces lieux. Cette déclaration d’Hector Brunini, membre de Franc-Tireur et du réseau Samson, revient sur l’organisation de la distribution du journal Franc-Tireur à partir des établissements Pivolo. Hector Brunini entend montrer la participation du commissaire spécial de la gare Saint-Charles à la Résistance. Pour cela, il décrit à travers un incident qui s’est produit le 4 juin 1943 comment la diffusion de la propagande du mouvement s’effectuait. Le journal et les tracts de Franc-Tireur, imprimés dans la région lyonnaise sont expédiés par le train jusqu’à la gare Saint-Charles où un membre du réseau, en l’occurrence le contremaître des établissements Pivolo, monsieur Campana, les réceptionne.

Monsieur Campana organise ensuite la répartition des numéros aux différents diffuseurs à partir de l’entreprise Pivolo de la rue Consolat.

Selon Sylvie Orsoni « le document montre les aléas de ce mode d’acheminement. Si le réseau bénéficiait de l’aide du commissaire spécial de la gare, monsieur Albanese, et de deux inspecteurs attachés au commissariat spécial de la gare, il ne pouvait pas toujours compter sur la complicité des employés de l’octroi qui recherchaient les trafiquants du marché noir. Le 4 juin 1943, deux octroyeurs interceptent le livreur chargé de réceptionner les valises pleines de tracts du mouvement Franc-Tireur, qualifiés par monsieur Brunini de « tracts gaullistes » sans plus de précision. Le document décrit comment le commissaire Albanese organise un simulacre d’enquête pour couper court aux investigations. Sylvie Orsoni revient ensuite sur le contexte historique. Le mouvement « Franc-Tireur » s’implante à Marseille à partir du premier trimestre 1942. Il se consacre essentiellement à la propagande : diffusion de tracts et du journal du mouvement.

Jean-Pierre Lévy, qui dirige le mouvement, est mis en relation avec John Ulysse Mentha, qui devient chef régional. John Ulysse Mentha rencontre au cours du premier trimestre 1942 Pierre Brunini, Constantin Mélidès et leur demande d’organiser la diffusion de la presse du mouvement. Hector Brunini date son engagement dans la Résistance d’avril 1942. Les frères Pierre et Hector Brunini utilisent leur entreprise comme couverture. L’entreprise n’est pas loin de la gare Saint-Charles et à proximité de la place des Danaïdes, où le bar du Chapitre peut servir également de dépôt. Les glaces et chocolats Pivolo sont vendus dans toute la région et sur la côte. Pierre et Hector Brunini utilisent leurs camionnettes de livraison pour distribuer Franc-tireur à leurs contacts.

Une partie du personnel partageait l’engagement des frères Brunini, en particulier le contremaître, monsieur Campana.

Le site de nos jours

L’incident du 4 juin 1943 montre la vulnérabilité du mode d’acheminement de la presse de Franc-Tireur. À cette date, le mouvement est déjà partiellement démantelé. Grâce à la découverte fortuite de l’adresse de l’opérateur radio Auguste Floiras, le 10 mars 1943, Dunker-Delage du SIPO-SD de Marseille démantèle peu à peu le mouvement Franc-Tireur sur Marseille. Les arrestations se multiplient en avril et mai. Les frères Brunini sont arrêtés le 28 août 1943. Le rapport « Flora », qui recense les arrestations opérées à partir de mars 1943, signale un des frères « Pivolo » membre des M.U.R., sans préciser lequel. Au terme de leur interrogatoire au 425 de la rue Paradis (siège de la Gestapo), Hector Brunini est relâché, son frère Pierre est interné à Compiègne jusqu’au 19 décembre 1943 puis déporté à Buchenwald. Il est rapatrié le 16 juillet 1945.

Hector Brunini poursuit son action dans le réseau Samson, rattaché au BCRA, et les M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance) à partir du 1er février 1944 jusqu’au 30 septembre 1944. Les M.U.R résultent de la fusion, décidée en décembre 1942, de trois mouvements de Résistance : Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur ».


SOURCES Reprise intégrale des textes de Sylvie Orsoni du Musée de la Résistance en ligne & Merci à M.J Perrissol pour l’idée de cette fiche
PHOTOS Musée de la Résistance en ligne & Archives Franc-Tireurs & Google Maps
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et son mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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