Son nom l’Eolienne fut inspiré du fait de son exposition aux quatre vents. La riche propriétaire laissa à l’architecte Gaston Castel et au peintre François Carrera une entière liberté artistique, son unique contrainte fut que la villa soit entièrement de plein pied et que les pièces de réception puisse accueillir son importante collection de meubles asiatiques. La villa apparaît dans le film Les Cinq sous de Lavarède avec Fernandel (Maurice Cammage – 1938, voir onglet vidéo). Lors d’une escale du héros dans son voyage à travers le monde, la villa est censée représenter l’Inde. En 1933, la villa fut transformée en restaurant de luxe dont la durée ne fut qu’éphémère.
En 1939, la Villa servie de casernement à la compagnie de transport automobile 639, commandée par le capitaine Gastine. La Villa fut ensuite détruite lors des terribles bombardements du 27 mai 1944 qui ont fait 1187 morts et 1125 blessés. En décembre 1944, la décision est prise de raser la villa ne pouvant être sauvée.
En 1959 est construite la résidence l’Éolienne, toujours visible aujourd’hui.
L’architecte de la Villa, Gaston Castel
Fils d’un entrepreneur de maçonnerie, Gaston Castel est né le 1er août 1886. En 1907 il est le premier élève reçu au concours d’entrée de la nouvelle école régionale d’architecture de Marseille. De 1909 à 1913 il est élève de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris ; il est lauréat du second grand prix de Rome en architecture en 1913. Il est mobilisé en 1914 en tant que sergent au 258e régiment d’infanterie. Il est nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille. Le 26 septembre 1914 il est grièvement blessé au visage et laissé pour mort. Il est fait prisonnier et emprisonné à Ingolstadt en Bavière puis il est transféré à Montreux en Suisse. À la fin de la guerre, remis de sa blessure au visage, il revient à Paris et collabore avec l’architecte Guillaume Tronchet. Durant cette collaboration, Ferdinand Buisson le remarque et le fait nommer architecte départemental des Bouches-du-Rhône. En 1918 il se rend avec son épouse à Marseille pour occuper son nouveau poste. Le 3 décembre 1919 il va au Brésil à Rio de Janeiro et à Santos où il réalisera un monument élevé à la gloire de José Bonifacio pour célébrer l’indépendance du Brésil. Revenu en France, il est nommé architecte en chef des Bouches-du-Rhône, poste qu’il occupera jusqu’en 1941 mais qu’il devra abandonner à la demande du gouvernement de Vichy. Il réalise durant cette période de l’entre-deux-guerres diverses constructions publiques parmi lesquelles on peut citer :
> La reconstruction partielle à la suite d’un incendie, de l’opéra municipal de Marseille dans le style Art-Déco. L’inauguration sera faite le 3 décembre 1924 par le maire Siméon Flaissières.
> Le Monument aux morts de l’Armée d’Orient et des terres lointaines, élevé par souscription publique et situé sur la corniche Kennedy. La première pierre fut posée le 7 mai 1922 par le Président de la République Alexandre Millerand et l’inauguration fut effectuée le 24 avril 1927 par le Président de la République Gaston Doumergue.
> Le monument commémoratif de l’assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie et du ministre français des affaires étrangères Louis Barthou, situé à l’angle de la rue de Rome et de la Préfecture.
> Différents édifices publics : la prison des Baumettes (1931), l’annexe du palais de justice (1933) devenu le tribunal de commerce.
S’intéressant aux problèmes d’urbanisme il étudie de nombreux projets pour des habitations à bon marché (actuellement HLM) tel que la cité des chartreux ou le groupe de la Blafarde.
Il réalise également en 1923 une maison pour son usage personnel et pour son cabinet qui se trouve au n° 2 de l’impasse Croix de Régnier et qui a été classée monument historique.
Pendant cette période de l’entre-deux-guerres il travaille souvent avec son ami le sculpteur Antoine Sartorio (1885-1988). Il fut membre de l’Académie de Marseille. Il a été nommé officier de la Légion d’honneur en 1926 et commandeur en 1932. À partir de 1952 il sera professeur à l’École d’architecture de Marseille.