Se définissant comme un « musée de société », il est consacré à la conservation, l’étude, la présentation et la médiation d’un patrimoine anthropologique relatif à l’aire européenne et méditerranéenne, à partir de collections d’origine internationale et de recherches tournées vers une approche transdisciplinaire, concernant les sociétés dans leur totalité et dans l’épaisseur du temps. Au delà des collections, le MuCEM a pour vocation de fonctionner comme un forum, un lieu de débats, où les présentations de référence et les expositions temporaires s’articulent autour de grandes questions de société.
Le musée est construit sur le site du fort Saint-Jean et du môle J4 du port de la Joliette. Surplombant la darse entre ces deux sites, une passerelle de 130 m de long relie le fort au musée.
Une autre passerelle relie le fort Saint-Jean à l’esplanade de la Tourette. Le bâtiment est accolé à la Villa Méditerranée abritant la réplique de Grotte Cosquer. Le musée proprement dit, « un bâtiment de pierre, d’eau et de vent », est réalisé par l’architecte Rudy Ricciotti (associé à Roland Carta), dans le nouveau bâtiment – un cube de 15 000 mètres carrés. Il présente les collections sur deux niveaux et accueillant en outre un auditorium de quatre cents places, une librairie Acte Sud et un restaurant avec terrasse panoramique dirigé par le chef du Petit Nice, Gérald Passédat jusqu’en 2024-2025, ce dernier n’ayant pas souhaité répondre au nouvel appel d’offre. Dans le fort Saint-Jean réaménagé, la tour du roi René est consacrée à l’histoire du site, le bâtiment du DRASSM accueille l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine (I2MP), les casernements hébergent des ateliers et expositions permanentes et le bâtiment Georges-Henri-Rivière est réservé à des expositions temporaires.
Les réserves du musée, ainsi que les espaces consacrés à la recherche, sont situées sur un autre site, le Centre de conservation et de ressources (CCR), aménagé par Corinne Vezzoni à la Belle de Mai. Le MuCEM hérite des collections du musée national des arts et traditions populaires (MNATP) à Paris, fermé en 2005 par le ministère de la Culture et de la Communication. Ouvert en 1937, le MNATP avait lui même remplacé la salle « France » du musée d’ethnographie du Trocadéro ouverte en 1884. Lors du week-end d’inauguration (en juin 2013), il reçoit 63 910 visiteurs, ce qui est considéré par la direction comme une « affluence exceptionnelle » puisqu’on avait estimé auparavant qu’il recevrait 300 000 visiteurs par an. La création du MuCEM aura coûté 167 millions d’euros, financé à 65 % par l’État et à 35 % par les collectivités locales, le département et la région.
Dans son rapport publié en février 2015, la Cour des comptes dénonçait cependant un équilibre économique « fragilisé » et les larges dépassements budgétaires de sa construction (88 millions d’euros étaient prévus à l’origine). Elle souligne également qu’une « grande partie des coûts d’entretien et de maintenance (…) demeure incertaine ». Depuis 2015, le Mucem est présidé par Jean-François Chougnet. Il a succédé à Bruno Suzzarelli qui a organisé le chantier de préfiguration à partir de 2009, dans le cadre des grands travaux soutenus par Patrick Devedjian. Le directeur scientifique du Mucem depuis 2011 est Zeev Gourarier, conservateur général du patrimoine. Depuis son inauguration, le Mucem a accueilli 8,5 millions de visiteurs, dont 2,2 millions dans ses espaces d’exposition entre 2013 et 2016. Le musée est donc présenté comme un outil d’attractivité du territoire de la métropole d’Aix-Marseille-Provence10. En 2015, le Mucem a reçu le prix du musée du Conseil de l’Europe.
Collections
« La galerie de la Méditerranée » était l’exposition permanente du musée à son ouverture dont la scénographie a été conçue par Adeline Rispal. Du 5 juin 2024 au jeudi 31 décembre 2026, le Mucem présentait sa nouvelle exposition permanente « Méditerranée ». Le Mucem est le seul musée de société dont le projet scientifique se consacre pleinement aux cultures de la Méditerranée. À l’occasion de ses 10 ans, il nous invite à découvrir la richesse de ses collections européennes et méditerranéennes à travers une nouvelle exposition permanente. De l’Antiquité gréco-latine à nos jours en passant par la période coloniale, celle-ci nous plonge dans l’histoire des « Méditerranées » plurielles et fantasmées. Cette exposition permanente se décline en plusieurs épisodes, appelés à renouveler sa présentation jusqu’à l’horizon 2030 : « Méditerranées » se verra régulièrement enrichie de nouveaux chefs d’œuvres de l’histoire de l’art, de nouveaux trésors des collections et de nouvelles pièces rares, récemment acquis ou prêtés, ouvrant de nouvelles voies et de nouveaux caps pour embrasser ces Méditerranées. En effet, les imaginaires de la Méditerranée sont multiples, et tous ne peuvent être montrés dans une seule exposition. « Méditerranées » interroge la manière dont se sont formés et diffusés ces imaginaires, et notamment le rôle des musées, en découvrant comment l’histoire des arts et l’ethnologie ont contribué à créer des « images » de la Méditerranée, toutes relatives et toutes construites.
Dans les musées de beaux-arts, ce sont les civilisations du passé, en particulier celles de l’Antiquité, qui sont mises en valeur les premières et qui construisent une Méditerranée rêvée nourrie de l’Odyssée d’Homère, de temples grecs et de récits sur Rome et Palmyre. Les musées d’ethnographie, qui apparaissent durant la période coloniale, s’intéressent pour leur part aux sociétés géographiquement ou culturellement « lointaines ». La sincérité de l’intérêt scientifique et humain pour l’Autre y côtoie les intérêts et les entreprises des puissances coloniales. La distinction entre musées de beaux-arts et musées d’ethnographie a créé des frontières entre les objets qu’ils conservent et les disciplines qui les étudient. Le Mucem souhaite aujourd’hui dépasser ces frontières et mettre en évidence les parallèles et les influences mutuelles qui existent entre ces deux types de musée. Suivant cette idée, « Méditerranées » mêle différents modèles muséographiques historiques, de l’accrochage dense des musées de beaux-arts de la fin du 18e et du 19e siècle, aux différentes formes de présentation utilisées au cours de l’histoire par les musées d’ethnographie.
L’exposition présente plus de 300 objets et documents dont la moitié sont issus des collections du Mucem. Tout au long du parcours, des œuvres d’art contemporain évoquent les enjeux d’aujourd’hui en Méditerranée. Elles ont été réalisées par les artistes Francis Alÿs, Ziad Antar, Hélène Bellenger, Nidhal Chamekh, Joseph Eid (AFP), Nina Fischer & Maroan el Sani, Mouna Karray, Fatima Mazmouz, Selma et Sofiane Ouissi, Maria Varela, ainsi que Théo Mercier, ce dernier ayant été invité à « infiltrer » le parcours de l’exposition avec l’aimable participation du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Les dépôts proviennent d’une vingtaine d’institutions : musée du Quai Branly – Jacques Chirac, musée d’Orsay, musée du Louvre, Bibliothèque nationale de France, Médiathèque du patrimoine, École des beaux-arts de Paris, musée du château de Versailles, conseil général de Seine-Saint-Denis, musée d’Archéologie nationale, musée des Beaux-Arts de Marseille, museon Arlaten, musée des Beaux-Arts de Bordeaux, musée des Beaux-Arts de Valenciennes, musée des Beaux-Arts d’Angers, musée des Beaux-Arts de Laval, musée Denys-Puech de Rodez, musée d’Art et d’Histoire de L’Isle-Adam, musée des moulages de l’université Lumière Lyon 2, Lugdunum Musée et théâtres romains, Ateliers d’art, moulages et chalcographie de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, musée Bénaki d’Athènes, musée de la Photographie de Thessalonique, musée de l’histoire du costume grec à Athènes, la galerie mor charpentier.
Des expositions temporaires sont présentées dans deux salles, d’environ 1 000 m2 chacune. Les espaces se transforment au gré des thématiques et des approches abordées. Ces expositions d’art où les œuvres sont présentées comme l’expression des sociétés qui les ont produites. Elles invitent à un regard croisé sur l’histoire de la Méditerranée ou encore traitent des mythologies contemporaines des sociétés européennes et méditerranéennes. Des expositions temporaires sont également à découvrir au J4 et dans l’ancienne caserne, devenu bâtiment Georges Henri Rivière, au fort Saint-Jean dont l’ancienne salle de garde est consacrée à l’histoire du fort.