Musée Regard de Provence 2013, Ancienne Station Sanitaire 1948

Allée Regards de Provence, 13002 Marseille
1427
Musée Regard de Provence 2013, Ancienne Station Sanitaire 1948
Catégorie : Culture & Art / Musées
Arrondissement : 2ème
Construit dans l’ancienne station sanitaire érigée par les architectes Champollion, Fernand Pouillon et René Egger en 1948, se trouve depuis 2013 le Musée Regard de Provence. La station est intimement liée à Marseille et à son port, ayant été l’une des principales portes d’entrée et le point de départ des voyageurs et immigrants arrivant par les voies maritimes et aériennes.

Quand, sous la direction du docteur Montus, les architectes A. Champollion, R. Egger et F. Pouillon édifient le bâtiment prophylactique de la Station Sanitaire, ils sont sans doute en train de négocier le déplacement des bureaux construits avant-guerre en contre bas de Saint Laurent et dont la proximité n’est pas sans poser des problèmes pour la desserte de l’opération de la Tourette. La Station Sanitaire Maritime de Marseille est avant tout une machine, moins à guérir qu’à diagnostiquer les éventuels cas suspects risquant d’être à l’origine d’une épidémie. On est en 1945, dans un nouvel univers médical: celui des vaccins, des antibiotiques et du dichlorodiphényltrichloroéthane autrement dit DDT puissant insecticide aujourd’hui interdit d’usage en Europe. Il en ressort une conception de circuits fonctionnels très différenciés dont la résolution passionnera les architectes.

C’est bien une machine de contrôle sanitaire qui est en place ; douches et chambre à gaz devaient faire de sinistres échos en 1948, pourtant les promoteurs insistent sur le souci d’éviter aux usagers toute impression de brimade ou d’humiliation. C’est sans doute ici que les architectes ont le mieux réussi dans la transformation de la machinerie en un espace d’hospitalité, d’accueil, ménageant un certain confort, proche du style paquebot où l’ambiance l’emporte sur la seule technique. En 1951, l’OMS produit un Règlement Sanitaire International qui décrit les cinq maladies sous surveillance internationale : peste, choléra, variole, fièvres jaunes et typhus. Le contrôle sera essentiellement administratif avec la vérification des carnets de vaccinations. Par ailleurs, les contrôles de santé étaient plutôt prévus pour des passagers d’extrême orient venant plutôt d’Indochine, la fin de la guerre en 1954 marque aussi la fin de l’immigration vietnamienne.

Le lieu fut longuement abandonné

De fait la Station Sanitaire, qui se voulait un prototype aura très peu servi. A l’exception d’une alerte au début des années soixante-dix, rien ne troublera le tableau épidémiologique marseillais. Elle n’a pas été utilisée par des groupes et se révèlera manquer de souplesse pour un fonctionnement individuel. Son rôle restera limité à la désinsectisation de personnes vivant des conditions insalubres ; la chambre à gaz recevra surtout les matelas de collectivités locales. En attendant une situation d’épidémie qui aurait justifié son fonctionnement, elle sera entretenue jusqu’en 1970, date à laquelle le réseau des canalisations ne sera plus réparé.

Tout cela fait que la Station Sanitaire ne sera pas ou très peu utilisée : d’où l’état exceptionnel des étuves et autres éléments de serrurerie qui ne portent pas le moindre point de rouille.


2013, le Musée Regard de Provence

esplanade-J4-MarseilleEntièrement réhabilité et repensé en 2013 , le lieu offre désormais 2 300 m2 de surface, comprenant quatre espaces d’exposition (collection de la Fondation et expositions temporaires dédiées à l’art moderne et contemporain et à l’histoire du lieu), un restaurant avec terrasse, une librairie, une boutique L’Occitane et un espace de réception. Depuis sa création en 1998, la Fondation Regards de Provence avait le souhait d’implanter sa structure dans un lieu pérenne dans la ville de Marseille. Après plusieurs années à exposer au Château Borély et au Palais des Arts, la Fondation Regards de Provence pose définitivement ses œuvres à la station sanitaire maritime de l’architecte Fernand Pouillon. « En 2009, l’état propriétaire de la station ne savait pas quoi en faire, elle a même failli être rasée. Nous l’avons visitée en mai 2010 et décidé de la réhabiliter », explique Adeline Granerau, membre de la Fondation.

Une décision motivée à la fois par le lieu et par l’envie de la Fondation de mettre en avant ses racines marseillaises et par la même occasion sa collection. « C’est un nouvel écrin et un nouveau bâtiment culturel pour le territoire. La fondation est marseillaise, elle existe depuis 1998 et la station est un lieu de l’histoire marseillaise. Dans sa réhabilitation nous avons conservé une partie de la station et dédié une salle complète à Marseille ». Les différents espaces sont ainsi mis à la disposition des œuvres, des peintures majoritairement, et font découvrir Marseille, La Provence et la Méditerranée aux visiteurs. « L’intention est de donner aux visiteurs l’opportunité de s’approprier facilement ce nouveau site culturel marseillais, de le sensibiliser à la culture et de satisfaire toutes les sensibilités. Avec la création de ce musée, on souhaite une ouverture à la culture pour tous et la valorisation d’un patrimoine architectural, artistique et historique ».

L’exposition permanente, Mémoire de la station sanitaire, prend place dans la salle des étuves, entièrement conservée lors de la réhabilitation. Une scénographie de Dominik Barbier et Anne Van den Steen mêlant jeux de lumières et vidéographie sonore multimédia raconte les différentes étapes, de l’arrivée du bateau à Marseille à l’entrée sur le territoire marseillais en passant par l’épidémie de peste. Cette exposition met en exergue le dispositif sanitaire et montre le rôle essentiel de Marseille, porte de l’Orient à l’époque, dans la lutte contre les épidémies. La Fondation a également tenu à ce que le bâtiment, labellisé Patrimoine du XXe siècle, conserve sa structure d’origine : plafonds voutés, baie vitrée donnant sur le port de la Joliette et puits de lumière. « Les architectes qui ont conçu la station ont veillé à offrir un espace accueillant et lumineux. Aujourd’hui, cette luminosité perm­et de voir les œuvres exposées autrement et ce mélange de modernité et de tradition est très intéressant », souligne Adeline Granerau. Situé face au Mucem, à la Villa Méditerranée et au Port de la Joliette, ce nouveau musée s’inscrit dans une synergie culturelle chère au quartier Euroméditerranée.

Le Musée Regards de Provence est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Fermeture des guichets à 17h30. Fermeture annuelle : 1 janvier – 1 mai – 15 août – 25 décembre. L’intérieur du musée bénéficie d’aménagements appropriés pour les visiteurs individuels ou en groupes à mobilité réduite, assurant ainsi un accueil de qualité. A découvrir également le bar restaurant Regards Café avec son toit terrasse et ses œuvres d’art.


SOURCES Musée Regard de Provence
PHOTOS Dominique Milherou tourisme-marseille.com / Musée Regard de Provence
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