Projet de l’Aéroport Marseille-Plage, 1927

Plages du Prado, 13008 Marseille
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Projet de l’Aéroport Marseille-Plage, 1927
Arrondissement : 8ème

Marseille a vraiment failli se retrouver avec un aéroport posé sur (et un peu dans) la mer, au Prado. Entre le Roucas Blanc et Pointe Rouge un port d’hydravions de 95 hectares (avec installations, grues de levage, dock flottant et pylônes pour vols de nuit) devait être construit en quatre ans puis dans une 2° phase un aéroport de 110 hectares aboutissait au Parc Borély en comblant la mer.

Le projet et son emprise sur la mer

Dans les années 1920, la ville rêvait de son grand port aérien, capable de rivaliser avec ceux des autres cités méditerranéennes. L’idée : implanter un “aéroport Marseille-plage” directement sur le littoral sud, entre le Roucas-Blanc et la Pointe Rouge, là où s’étendaient encore des terrains militaires et quelques zones à moitié gagnées sur la mer. Le projet est présenté publiquement en 1927, lors du premier Salon international de l’aviation et de la navigation au parc Chanot, et fait l’objet d’un rapport officiel remis à l’État le 17 octobre 1928. La presse locale s’enflamme, vantant un “port d’air et de mer” à la hauteur du prestige maritime de la ville.

La première phase prévoyait la création d’un port d’hydravions de 95 hectares, comprenant hangars, grues, dock flottant et balises lumineuses pour les vols de nuit, le tout directement en façade maritime du Prado.

La seconde phase, encore plus ambitieuse, imaginait un aéroport terrestre de 110 hectares, avançant sur la mer jusqu’au parc Borély grâce à des remblais massifs. On aurait ainsi remodelé le littoral pour tracer de véritables pistes d’atterrissage, à quelques minutes du centre-ville.

En somme, Marseille aurait eu son aéroport en pleine ville, à la place des plages du Prado que l’on connaît aujourd’hui.

Mais le projet s’effondre rapidement. L’État, via la direction de l’aéronautique et la S.N.Aé., refuse pour trois raisons majeures :

  1. Le coût colossal des travaux maritimes et des infrastructures, jugé hors de portée pour la ville et la chambre de commerce.

  2. La concurrence directe de Marignane, déjà dotée depuis 1922 d’un aéroport sur l’étang de Berre, idéal pour les hydravions depuis l’exploit d’Henri Fabre. L’État préfère concentrer les moyens sur ce site plutôt que de financer un double équipement.

  3. Le manque de financement local, malgré l’enthousiasme des élus et de la presse.

Ainsi, le projet du Prado est abandonné entre 1928 et 1929. Cette décision scelle le destin de l’aéronautique marseillaise : Marseille n’aura pas son aéroport urbain, mais un aéroport métropolitain, celui de Marignane, futur aéroport Marseille-Provence.

Cette annulation a eu des effets positifs : la zone du Prado–Borély, restée libre, a pu accueillir plus tard d’autres grands aménagements urbains — expositions, installations sportives, puis le stade Vélodrome à proximité. Dès la fin des années 1920, certains aviateurs regrettent néanmoins cette occasion manquée : ils espéraient un terrain en cœur de ville et se retrouvent “exilés” à Marignane, loin du port et du centre.



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