
Une fois par an, au mois de mars, la place Jean-Jaurès accueille une spécificité très marseillaise avec le « Carnaval indépendant de la Plaine » (« Noailles / Réformés » pour être complet), un événement non officiel, alternatif et autogéré, mais très encadré par les forces de police. Le cortège coloré, créatif et familial en début d’après-midi, change progressivement d’ambiance pour se terminer vers 15h par le procès et la mise au feu du caramantran, le bouc émissaire, selon la tradition provençale. En une dizaine d’années, sa fréquentation a fortement augmenté, passant de quelques centaines à ses débuts, à une dizaine de milliers à la suite de la livraison de la place rénovée et au nouveau rayonnement de la place. Ils étaient 9 000 en 2024…13 000 en 2025 ! Mais ce carnaval très politique divise depuis sa création, « indépendant » pour ses partisans, « sauvage » pour ses détracteurs.
Bien que le carnaval existe depuis 2000, et gagne en ampleur, le projet de rénovation de la place par la SOLEAM n’a pas prévu de surface dédiée au brûlage du caramantran ce qui aurait implicitement officialisé l’événement. Le revêtement de la place est donc systématiquement détérioré par la chaleur, puis remplacé par la ville, jusqu’au prochain carnaval ! Des dégradations et des incidents (en fin de soirée) qui entraînent chaque année une guerre politique et d’images, entre partisans de l’événement et son questionnement sur les grandes causes sociales du moment (gentrification, habitat indigne, anti airbnb…) et ses détracteurs, souvent de la droite marseillaise, et certains riverains compte tenu de l’état du secteur après les festivités (déchets au sol, tags et mobilier urbain brûlé, confrontations avec la police). Chaque année la préfecture interdit (en vain) la manifestation à partir de 19 heures. Les organisateurs risquent jusqu’à six mois de prison et 7 500 euros d’amende s’ils ne respectent pas cet arrêté. Sont également interdits le port et transport d’armes, l’utilisation, le port ou le transport d’artifices, et la vente de boissons en verre. Ces arrêtés font suite “aux graves troubles à l’ordre public qui ont eu lieu lors des éditions précédentes” indiquait le communiqué de presse de la préfecture en 2025.
Le carnaval s’organise chaque année autour d’une thématique donnée, comme en 2024 avec « la flemme olympique » et son rejet de l’organisation des JO en France et en 2025, l’événement se voulait anti airbnb et autres locations saisonnières de courte durée…
