Selon un article de la Provence signé Delphine Tanguy sur le sujet : « Notre destin s’est écrit ici », reconnait Gérard Guissani, conseiller communautaire et municipal PCF délégué à l’environnement. En 1968, près de 1800 des 2300 ha de la commune appartenaient encore à une seule famille, celle du comte de Montvallon, seulement fréquentées par les bergers et les chasseurs, ces collines plongeant au-delà du fort de Figuerolles changent alors de mains. De Montvallon vend à Amerove, une SCI soutenue par la banque Rotschild, cette gigantesque réserve foncière. Le maire d’alors, Etienne Mathieu, et son jeune adjoint, un certain… Georges Rosso (qui brigue désormais un 7e mandat de maire !), s’étranglent : Amerove, c’est l’Amérique dans les collines. Un Far-West pour promoteurs au parfum de romarin. Un comble dans ce fief communiste…Aujourd’hui, au-dessus des plans, impeccablement conservés dans les archives de la mairie, on contemple un rêve urbain d’une autre époque. Ports artificiels, marinas, complexes hôteliers aux milliers de lits, camping, logements, routes, centres commerciaux et même église (!), tout y est. « A terme, ils attendaient 65 000 habitants. Le Rove aurait été la 3e ville du département ! rappelle Georges Rosso. A la fin des années 60, ici, il y avait 500 habitants et 3000 chèvres ! »
Selon l’article, « Le village se braque, oppose son Plan d’occupation des sols, mais les promoteurs attaquent le chantier: « Ils voulaient nous mettre devant le fait accompli », râlent les Rovenains. La route Pompidou -ainsi surnommée car le président français aurait donné son aval au projet- est lancée sans autorisation. « Il leur en fallait du culot ! La route leur a coûté un milliard de centimes« , note l’inamovible maire du Rove. Le Plan d’occupation des sols ne suffisant pas à bloquer les grandes manœuvres, la commune lance un SOS au tout jeune Conservatoire du littoral. Il faut vite geler plus de 80% du territoire communal : « Aux gens, nous avons dit que rien ne valait plus que ce paysage, pas même notre développement économique », rappelle Georges Rosso qui a aussi impulsé, en 1981, la création du Parc marin de la Côte bleue. En 1976, le Conservatoire du littoral, lancé dans une politique d’acquisitions des espaces naturels du secteur, se rend enfin propriétaire des 1792 ha du Rove. « Cela s’est passé à l’amiable avec la SCI Amerove, qui a du comprendre qu’un retour en arrière n’était plus envisageable », relate, au Conservatoire, Bénédicte de la Guerivière, déléguée régionale adjointe. L’affaire est conclue pour 2,6 M.