Château d’If, 1529 et le Comte de Monte Cristo

Château d'If, Marseille
11275
Château d’If, 1529 et le Comte de Monte Cristo
Arrondissement : 7ème
Site Internet : chateau-if.fr
Le château d’If rendu mondialement célèbre par le Monte Cristo d’Alexandre Dumas est une fortification édifiée sur les ordres du roi François Ier, entre 1527 et 1529 sur l’îlot d’If de l’archipel du Frioul, proche des îles de Ratonneau et Pomègues au centre de la rade de Marseille. Le nom d’« If » ne vient pas de la présence d’Ifs (Taxus wallichiana) mais de la déformation du mot « hypos » qui signifiait la « petite île ». En  2023 le Château d’If était en compétition pour devenir le monument préféré des français dans le cadre de l’émission du même nom diffusé sur France Télévisions. L’îlot dont il était difficile de s’échapper est aussi parfois difficile d’accès, la houle pouvant anéantir vos chances de débarquer sur une terre hors du temps mais si proche de la ville. D’ailleurs un restaurant « Marseille en face » vous y attend pour une pause gourmande ou un événement.

1641

C’est une construction carrée de trois étages mesurant 28 mètres sur chaque côté, flanquée de trois tours, percées de larges embrasures. Le reste de l’île, dont la dimension est seulement 3 hectares, est fortement défendu ; de hauts remparts avec des plates-formes d’artillerie surmontent les falaises. Il a essentiellement servi de prison pendant ses 400 ans d’utilisation officielle. Rendu célèbre par le roman d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, il est l’un des sites les plus visités de la ville de Marseille. Il a été classé monument historique le 7 juillet 1926. Le château est implanté sur l’îlot de l’archipel du Frioul, qui est constitué de quatre îles. L’ensemble atteint 200 hectares, situé environ à 4 km au large de Marseille. L’îlot d’If se trouve à l’est des deux îles principales, l’île de Pomègues et celle de Ratonneau. Il est le plus proche de la ville. La quatrième est l’îlot de Tiboulen du Frioul (côte ouest). Ces îles, du fait de leur position stratégique en rade de Marseille, en ont constitué depuis longtemps les défenses avancées sur la mer. Sur chaque éminence était édifié un fort militaire, et batteries, tranchées, postes d’observations parsèment l’ensemble de l’archipel du Frioul qui fait aujourd’hui partie du parc national des calanques.

Dès Henri IV, un fort très important couronnait l’île Ratonneau, actuellement totalement enfoui sous les reconstructions successives. Puis ce fut l’île d’If qui fut fortifiée au XVIe siècle.

Un espace naturel disparu

Sur le plan géologique, l’archipel est semblable aux calanques de Marseille et aux collines de la Nerthe (l’Estaque), il présente de petites falaises de calcaire blanc (urgonien) stratifié tombant dans la mer. Mais au Frioul, ce paysage a été profondément remanié par l’homme. Au point que sur l’îlot, le château et ses remparts occupent l’intégralité de la surface. La faune est limitée, essentiellement représentée par l’avifaune, surtout des oiseaux de mer, (goéland leucophée en majorité) et d’autres, la plupart rares et protégés comme le phyllodactile d’Europe. L’archipel est très sec, car il y pleut moins qu’à Marseille. Le faible relief des îles et leur étendue déchiquetée expliquent cette pluviométrie déficitaire.

Sur l’îlot d’If, il n’y a que quelques arbres (pins d’Alep, figuier sauvage) et une végétation arbustive (lentisques et plantes halophiles).

Avant le château

rhinoceros-chateau-d-if-marseilleC’est sur l’îlot d’If, que fit escale selon les historiens de Provence le 23 janvier 1516, la nef portugaise qui convoyait de Lisbonne à Rome le célèbre rhinocéros indien que Manuel Ier de Portugal offrait au pape Léon X. Cet animal avait été offert au roi du Portugal par Muzaffar Shah II sultan du Cambay (Gujarat moderne). Cet animal était en effet le premier rhinocéros visible en Europe depuis l’an 248. François Ier qui était en pèlerinage à Saint-Maximin-La-Sainte-Baume fit le déplacement avec sa cour pour venir le voir. De nombreux Marseillais se rendirent sur l’île pour admirer l’animal. Après quelques semaines sur l’île, la bête reprit son voyage mais le navire fit naufrage dans le golfe de Gênes.

Le pape reçut bien le rhinocéros, mais celui-ci avait été empaillé, après la découverte de son cadavre suite au naufrage.

Un château de défense côtière

chateau-d-if-marseille-3Le château d’If est la première forteresse royale de Marseille. La seconde est le Fort Notre-Dame construit après 1536 toujours sur l’ordre de François Ier. Cela devint le site constitutif de la Basilique Notre-Dame-de-la-Garde. La construction d’une forteresse est un acte politique. Il s’inscrit dans le cas du château d’If dans un projet plus vaste de contrôle des côtes provençales : Marseille est au XVIe siècle « la plus belle fenêtre du royaume de France en Méditerranée du nord ». Le principal atout du bâtiment est sa situation au centre de la rade Nord de Marseille sur les routes de navigation les plus fréquentées. Le chantier du château d’If a débuté à la mi-avril 1529, retardé à cause du mauvais temps. La date de fin de chantier n’est pas connue. La première garnison et son gouverneur sont en place dès 1531. Une partie des matériaux de construction proviennent du siège de Marseille par les Espagnols en septembre 1524. Le lien entre le siège de 1524 et la construction du château d’If n’est pas établi. Le fort a lui-même le plan d’un carré avec des côtés d’une longueur de 28 mètres, flanqué de 3 tours cylindriques. Il se compose de trois niveaux. Chaque tour comporte de grandes ouvertures. La tour Saint Christophe (1) dans le nord-ouest est la plus haute tour et permet de surveiller la mer, à 22 m de hauteur. La tour a été construite de 1524 à 1527, et la tour résidentielle associée (Keep) date de 1529.

Les Tour Saint Jaume(2) et Maugovert (3) sont à l’opposé au nord-est et au sud-est du fort. Les tours sont reliées entre elles par une terrasse spacieuse. Le salon et la cuisine sont au rez-de-chaussée, et des casemates se trouvent au premier étage. Les trois tours rassemblaient une puissance de feu considérable, ce qui faisait du Château d’If une puissante citadelle. En 1702 Vauban fit ajouter une maison de garde, à droite avant la sortie de la forteresse, la caserne Vauban. Le château et le mur d’escarpe entourant l’îlot ont été classés monument historique le 7 juillet 1926.

Un château-prison

Les premiers prisonniers du château d’If sont enfermés en novembre 1540. Ce sont deux pêcheurs marseillais. En dehors des cellules du rez-de-chaussée, dans lesquelles la promiscuité associée à une hygiène déplorable laisse aux prisonniers une espérance de vie de 9 mois, il est possible, moyennant finance, de louer une cellule au premier étage, appelée aussi « chambre passable » ou « pistole » (du nom de la monnaie servant au paiement) ; plus spacieuses, ces cellules ont généralement des fenêtres et des cheminées. Les prisonniers fortunés y étaient enfermés. À partir du XVIIIe siècle, le château d’If sert de prison pour 3500 protestants Les galériens huguenots arrêtés sur l’ordre du roi après la révocation de l’édit de Nantes (1685), et en transit avant d’être enchaînés sur les galères de Marseille jusqu’à leur mort. Cent vingt personnes furent emprisonnées après les émeutes de 1848. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, le château reçut provisoirement 304 détenus en attente de leur déportation vers le bagne de Maison-Carrée (Algérie) ou celui de Cayenne (Guyane).

D’autres prisonniers politiques y furent également enfermés lors de la chute du Second Empire (1870), comme Gaston Crémieux, fusillé l’année suivante. Les derniers prisonniers sont des civils Alsaciens et Lorrains libérés en septembre 1914.

Dans la fiction

Les héros du roman Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas : Edmond Dantès (dont un cachot a été reconstitué lors du tournage du film Monte Cristo) et l’abbé Faria, ce dernier ayant réellement existé mais n’a jamais été emprisonné au château d’If. Le Comte de Monte-Cristo est écrit par Dumas avec la collaboration d’Auguste Maquet et dont la publication commence durant l’été 1844. Il est partiellement inspiré du récit d’un fait divers, « Le Diamant et la Vengeance », publié en 1838 dans les Mémoires tirés des archives de la police, mémoires apocryphes rédigés en large partie par l’écrivain Étienne-Léon de Lamothe-Langon à partir des notes de Jacques Peuchet, archiviste de la Préfecture de police. Le roman raconte comment, au début du règne de Louis XVIII, le 24 février 1815, alors que Napoléon se prépare à quitter l’île d’Elbe, Edmond Dantès, jeune marin de dix-neuf ans, second du navire Le Pharaon, débarque à Marseille pour s’y fiancer le lendemain avec la belle Catalane Mercédès. Trahi par des « amis » jaloux, il est dénoncé comme conspirateur bonapartiste et enfermé dans une geôle du château d’If, au large de Marseille. Après quatorze années, d’abord réduit à la solitude et au désespoir puis régénéré et instruit en secret par un compagnon de captivité, l’abbé Faria, il réussit à s’évader et prend possession d’un trésor caché dans l’île de Montecristo dont l’abbé, avant de mourir, lui avait signalé l’existence. Rendu riche et puissant, Dantès se fait passer pour divers personnages, dont le comte de Monte-Cristo. Il entreprend de garantir le bonheur et la liberté aux rares qui lui sont restés fidèles et de se venger méthodiquement de ceux qui l’ont accusé à tort et fait emprisonner. Cet ouvrage est, avec Les Trois Mousquetaires, l’une des œuvres les plus connues de l’écrivain tant en France qu’à l’étranger. Il a d’abord été publié en feuilleton dans le Journal des débats du 28 août au 19 octobre 1844 (1re partie), du 31 octobre au 26 novembre 1844 (2e partie), puis finalement du 20 juin 1845 au 15 janvier 1846 (3e partie).

En 1870, une baleine de treize mètres est capturée aux abords de l’île. Elle est ensuite transportée au muséum du palais Longchamp où son squelette a été exposé jusqu’à la fin du xxe siècle. Jusqu’en 1950, le gardien de phare Marius Maurel et sa famille vivaient encore sur cette île. La prison devint finalement un simple lieu de tourisme. Des navettes font la croisière depuis le Vieux-Port.  L’épisode 5 des Révélations du groupe F s’est déroulé au château d’If, du 4 au 7 septembre 2013 lors de l’année Marseille Capitale Culturelle Européenne MP2013. Entre début mars 2019 et jusqu’en octobre 2022 le Centre des monuments nationaux a entreprit un chantier de restauration des remparts du château d’If. Situé sur tout le pourtour de l’ile, les remparts sont construits à partir de 1598 et sont surélevés quelques années plus tard. Les embruns permanents et intempéries mettent à mal cette fortification vieille par endroit de plus de 4 siècles…La restauration avait pour but de consolider les parements instables sur l’ensemble des maçonneries des remparts. Cette intervention comprend également la vérification de la solidité du rocher support. En même temps que ce chantier de restauration, des mesures provisoires et permanentes pour la protection des espèces protégés installés dans les remparts seront réalisées. Le coût total de l’opération est 2 400 000 euros, il est financé à hauteur de 300 000€ par la région Sud.

D’avril à vovembre, une 2nd compagnie dessert le château d’If : Calanques-if. Les départs se font depuis le Vieux port en face de la brasserie la samaritaine. Un départ toute les heures plus d’informations sur leur site internet www.calanques-if.fr


SOURCES Wikipédia Château d’If & Wikipedia Comte de Monte Cristo & Antoinette Gorioux Chargée d’action culturelle, éducative et communication Château d’If
PHOTOS Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Archives
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et sont mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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