Batterie basse de Niolon, 1811, Club de plongée UCPA

18 Chemin de la Batterie, 13740 Le Rove
55
A la fin du 17ème siècle, la défense du port de Marseille et de sa rade ne pouvait plus assurée par la seule artillerie des forts Saint-Nicolas, Saint-Jean, du château d’If et de Ratonneau. Il fut décidé de construire des batteries défensives tout le long de la cote près du rivage, de Niolon à la Pointe Rouge dont cette batterie basse de Niolon. Cet ouvrage a été confié à l’ U.C.P.A. pour abriter son centre d’entrainement à la plongée sous-marine. Les bunkers récupérés et modifiés, ont été parfaitement adaptés à leurs nouveaux usages de logements. Le village sportif de Niolon est une référence en matière de plongée sous-marine et fait partie des cinq bases de plongée de la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins (FFESSM) en France.

Douze batteries furent réalisées, dans l’ordre en partant de l’ouest : Niolon, Corbiére, Morpianne (Mourepianne), Pinède, Arenc, Infirmerie ou Lazaret, Tête de Maure, Cap Doume, Cap  Gros, Orléans, Montredon, la Groisette. Une treizième, La Major, sera construite au début du siècle suivant. Enfin, 4 batteries seront installées sur îles (Ratonneau, Pomégues, If et Dôme). Chacune de ces batteries  avait une forme particulière s’adaptant au terrain. Par exemple celle de Montredon avait la forme d’un pentagone irrégulier, celle de Carry était en forme de « U » avec une branche écrasée à 4 meurtrières et d’autres étaient semi-circulaires. L’armement était tout aussi disparate suivant les endroits.

A Carro, elle était dotée de deux pièces de 18 en fer, une pièce de 16, un mortier de 12 et deux pièces de  bataille de 4. Carry possédait deux pièces de 36, une pièce de 16, un mortier de 12 et une pièce de 4.

Toutes avaient un corps de garde, éloigné d’une cinquantaine de mètres environ, pour abriter le personnel, ainsi qu’une poudrière. Ces  batteries ne possédaient qu’un épaulement, en terre ou empierré, pour protéger les pièces d’artillerie. En fait c’était des batteries de campagne améliorées. Elles n’avaient aucune capacité de défense contre l’infanterie ou un ennemi les prenant à revers. En 1808, on modifie la batterie basse de Niolon en la mettant un peu plus en retrait de la mer. Elle se présentait alors sous une forme demi-circulaire à ciel ouvert avec en arrière, sur ces deux flancs, deux abris couverts en forme de « L » renversée. La batterie basse actuelle de Niolon a été construite en 1811 sur l’emplacement de l’ancienne batterie, à une altitude de 24 mètres au-dessus de la mer, à la suite d’une décision du 18 août 1810. Napoléon, en réorganisant la défense des côtes, décida de les doter d’un réduit unique, regroupant logements, magasins et moyen de défense contre un coup de main. Il y avait trois types de tours : n°1 (60 hommes), n°2 (30 hommes), n °3 (18 hommes). Auxquelles s’ajoutaient deux tours simples, n° 4 et 5, recouvertes d’un toit, donc sans terrasses pour l’artillerie. A Niolon ce fut une tour-modèle 1811, type n°2, abritant 30 hommes et pouvant être armée sur sa plate-forme supérieure d’une pièce de campagne et deux canonnades. Son coût s’est élevé à 12 000 F.

Cette tour, toujours existante mais modifiée est de forme carrée, à deux niveaux surplombés par une terrasse et ceinte par un petit fossé.

On franchissait ce dernier par un pont-levis à chaînes qui donnait accès à la porte située au deuxième niveau. Le pont-levis, en se rabattant, protégeait la porte. Le premier niveau ou rez-de-chaussée, servait comme magasin aux vivres et aux munitions et le second niveau pour le logement de la troupe et le poste de garde. Chaque niveau était partagé en quatre pièces identiques. Enfin la terrasse servait comme plate-forme d’artillerie. Le premier niveau ne possède pas de meurtrières mais seulement des évents d’aération. Le second comporte neuf meurtrières verticales par côté, sauf le côté de la porte d’entrée qui n’en a que six. La terrasse est ceinte d’un parapet élevé avec sur chaque coté, en son centre, une bretèche équipée de trois meurtrières et trois autres de chaque angle, le parapet et le second étage sont équipés de meurtrière d’angle.

Sous le II Empire, cet ouvrage sera profondément modifié afin de l’adapter à l’évolution de l’artillerie et renforcer en même temps sa puissance de feu.

Sur une partie de son pourtour, face est de coté mer, un rempart sera élevé, préservant un espace intérieur à ciel ouvert accessible directement par une porte placée à l’est de l’ouvrage initial. La tour-modèle originelle sera modifiée, pour permettre son accès par une porte située au rez-de-chaussée, elle-même protégée par une bretèche la surplombant et s’inscrivant dans la porte originelle situé au premier étage du bâtiment, et non au niveau de la terrasse. Des ouvertures seront aménagées pour rendre ce rez-de-chaussée habitable. De plus, une porte sera ouverte sur le coté est, afin d’avoir un accès direct de la tour à la nouvelle cour intérieure. Les inscriptions placées au-dessus de cette nouvelle porte confirment la date de ces modifications. La terrasse ne servira plus pour l’artillerie, cette dernière étant placée dans la cour, en avant de l’ouvrage, vers la mer.

Au début des années 1870, cette batterie était désarmée, mais les relations politiques se dégradant avec l’Italie, elle sera réarmée vers le milieu des années 1880, avec deux canons de 240 mm et deux de 190 mm. Du fait des modifications apportées, son assiettes alors épousera une forme bizarroïde en « L » écrasée, avec l’angle sud est coupé, et un allongement de l’assiette vers l’ouest se terminant par une terrasse arrondie. Mais le site de Niolon bas présentait quelques faiblesses. Il était trop petit pour recevoir une artillerie plus, importante, et son ravitaillement par la voie maritime était difficile par temps de mistral. Par ailleurs, si un important débarquement ne pouvait se faire dans les calanques environnantes, Faute d’espace, il n’en était pas de même pour une petite troupe qui pourrait la prendre à revers. Dominés par les massifs montagneux l’environnement, il était donc trop fragile à une attaque terrestre. Il nécessaire de construire un ouvrage plus important et sur un site plus élevé. Ce sera Niolon haut.

A la fin du XXsiècle, les emplacements des canons seront avancés de nouveau vers la mer, enfin les Allemands, en 1943 et 1944, construiront un P.C.T. et trois emplacements de pièces d’artillerie sous abris en béton, en avant de cet ouvrage.

Description

L’ensemble de cet ouvrage, situé à 25,50 mètres au-dessus de la mer, présente un grand intérêt, car sur une aire réduite on peut retrouver cinq périodes de fortifications, imbriquées les unes dans les autres, mais encore lisibles pour une personne avertie. Bien entendu la batterie du XVIII siècle a complètement disparu en 1811 lors de la construction de la nouvelle batterie avec une tour modèle 1811. Par contre pour cette nouvelle batterie, tout est lisible. Le fossé l’entourant sur la face nord ( porte d’entrée) est là, réduit fortement en largeur, il épouse cette face de la tour et protège avec son mur de contrescarpe la porte du rez-de chaussée qui a été ouverte sous le Second Empire. L’intérieur a été adapté à ses nouvelles utilisations civiles, mais l’ensemble est cohérent. Les emplacements de l’artillerie en avant de la cour, modifications du Second Empire, sont bien là, et en s’avançant vers la mer on retrouve les blockhaus français et allemands des deux dernières périodes. Cet ouvrage a été confié à l’ U.C.P.A. pour abriter son centre d’entrainement à la plongée sous-marine. Les bunkers récupérés et modifiés, ont été parfaitement adaptés à leurs nouveaux usages de logements. L’ensemble, réunissant les ouvrages fortifiés et les bâtiments récents, peint de blanc présente dans ce site remarquable en bord de mer, une heureuse harmonie laissant penser à un village ilien grec.


SOURCES VAUBAN et ses successeurs en Provence occidentale Association VAUBAN & Le Rove.fr & UCPA
 PHOTOS Le Rove.fr & UCPA
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