Mais ce labyrinthe du shopping bon marché où « On y vient pour voyager, on y vient pour palabrer » reste encore un petit monde à part et dépaysant à explorer. Malgré sa réhabilitation on devine encore son ancienne structure centenaire. A la fin du 19ème siècle s’affairaient encore ici les ouvriers de Léon Sauze & Joseph Segond, des spécialistes en grains et farines.
Cette rue du Bon Pasteur, débordante de marchandises, était alors l’ancienne route d’Aix-en Provence. Elle doit son nom à une église fondée par Monseigneur de Belsunce en 1738 avant de disparaitre en 1831.
Aujourd’hui ici les fidèles catholiques se font rares et on se presse plutôt au n°16 au cœur de la Mosquée At-Taqwa fondée en 1975 avant d’aller flâner dans les allées du Marché du Soleil ouvert quelques années après au début des années 80. Cette création est alors une solution du maire Robert Vigouroux aux commerçants qui exerçaient à l’époque dans la rue, à même le sol ! Avant le sinistre de 2016 on comptait ici près de 130 box, on en dénombrerait encore 90 sur les 5000 m² du gigantesque hangar. Pour reprendre l’hymne des Massilia, «Il y a de l’or en barre, du bronze et de l’argent », on aperçoit de jeunes fiancés à la recherche de leurs parures de mariage, des adolescentes friandes de vêtements de marques à petits prix, mais qui ont pu parfois être des copies, des familles en quête d’artisanat oriental, des affamés attirés par le fumé d’un kébab ou venus juste un instant « prendre le kawa sous la vieille sono », « se rencontrer », « respirer » et « échanger ».
En 2023, le marché du soleil était encore en sursis et on pouvait lire dans La Provence que « depuis, des travaux d’envergure ont été engagés et la direction du marché a été reçue en mairie : « Nous prenons acte des nombreuses initiatives consenties« , explique Jean-Pierre Cochet, adjoint au maire délégué à la sécurité civile. « Néanmoins, nous avons besoin d’un document d’autorisation de travaux qui atteste de la nature de tout ce qui a été entrepris. Or à ce jour, rien de cela ne nous a été fourni« . Si ce document n’intervient pas rapidement, « nous n’aurons d’autre choix que faire appliquer l’arrêté de fermeture« .
